Une maison qui respire le bien-être à Hanoi

Située dans l'ancien quartier de Hanoi, la maison-jardin de la famille Pham semble écartée du tumulte de la vie urbaine grâce à sa belle architecture typique orientale associée au style français et son espace paisible créé par les innombrables plantes d'ornement et le gazouillement des oiseaux qui viennent y faire leur nid.

"Dès que je pénètre dans l'enceinte de cette maison-jardin, un élan de calme et de sérénité m'envahit", affirme Hà, une employée à Hanoi. "C'est l'impression générale que plusieurs visiteurs ressentent en venant dans notre maison ", reconnaît Pham Ngoc Giao, le fils aîné de Mme Pham Thi Tê, 97 ans, propriétaire de l'unique maison-jardin dans l'ancien quartier de la capitale.

Cette maison, de près de 70 ans, est située au 115 de la rue Hàng Bac (rue des Orfèvres), une rue de la capitale célèbre depuis des lustres pour la fabrication de bijoux artisanaux en pierre et en métal précieux. C'est l'une des dernières demeures connues sous le nom de maison-jardin de la capitale millénaire.

La famille Pham y vit depuis 5 générations. "En 1890, lorsque la rue Hàng Bac a été créée, ma famille a déménagé du village de Châu Khê, Hai Duong (Nord) pour s'installer à Hanoi, où elle a pratiqué le métier de fabrique des feuilles d'or. En 1945, ma famille a acheté un terrain de 556 m² donnant sur les rues Hàng Bac et Dinh Liêt, et construit une maison-jardin de 2 étages abritant 16 chambres", dévoile Pham Thi Ngoc Bich, fille aînée de Mme Tê.

Une double architecture originale

Cette bâtisse de deux étages a été construite suivant le style architectural français, avec un escalier en bois, de hauts piliers et de nombreuses fenêtres. L'empreinte de la culture vietnamienne se traduit par les quatre têtes de dragon stylisées qui apparaissent aux 4 extrémités du toit. Le toit est couvert de tuiles Huong Ky (une sorte de tuile de bonne qualité produite au début du 20e siècle au Vietnam, donnant à la maison l'élégance et la beauté typique des maisons bâties selon l'architecture traditionnelle du Vietnam). Le balcon est orné de motifs très travaillés. La grande cour est jonchée de plantes ornementales, de rocailles, lesquelles mettent en valeur le bassin qui y a été creusé. Le jardin est couvert de fleurs au parfum enivrant, de plantes vertes, parmi lesquelles des aréquiers, des bambous d'une douzaine de mètres de haut, aussi vieux que la maison. "Dans ce jardin, plusieurs plantes ont plus de 65 ans, soit plus que moi", plaisante M. Giao. "En effet, lorsque notre famille s'est installée ici, bon nombre de ces plantes existait déjà. Ensuite, j'ai contribué à embellir cet espace en incorporant de nouvelles essences",raconte Mme Tê.

Le jardin permet de se ressourcer

Pourquoi un jardin dans l'espace de l'ancien quartier ? Selon M. Giao, la caractéristique de Hanoi d'antan était ses rues nommées selon les métiers que l'on y exerçait. La plupart étaient apportés par des artisans des villages de métiers artisanaux que l'on trouvait dans la campagne, lesquels se transmettaient de père en fils. En venant s'installer à Hanoi, ces gens ne pouvaient s'empêcher de penser au village qui les avait vu naître. Le jardin permettait alors d'apaiser cette nostalgie. Dans chaque jardin, et qu'importe la superficie, ils pouvaient s'occuper des plantes comme ils le faisaient dans leur pays natal. Après une dure journée de labeur, cette activité leur permettait de se ressourcer et d'appréhender la vie de citadin avec davantage d'entrain.

"Notre jardin de 180m² peut être comparé à une partition musicale qui rafraîchit l'âme de tous ceux qui vivent dans cette maison", estime M. Giao. "Ma mère a bientôt 98 ans, mes sœurs et mes frères les plus âgés ont plus de 70 ans déjà et sont encore en parfaite santé. Ici, nous trouvons un équilibre permettant de profiter pleinement de chaque instant que la vie nous offre", note M. Giao.

L'ancien quartier abritait autrefois plusieurs maisons-jardins. Mais elles ont disparu une à une avec le temps, les besoins de l'urbanisation aidant. Comme celles du 41, 45 rue Hàng Dào, 40 rue Hàng Bông, 103 rue Hàng Bac, ou encore du 6, 12 rue Dào Duy Tu. Notre maison est la seule rescapée, et fait figure aujourd'hui de relique du passé. Étant donné le faible espace disponible dont on dispose (et disposait) dans l'ancien quartier, les jardins de ces maisons étaient plutôt restreints, allant de 40 à 120m².

" Tous les membres de notre famille désirent plus que tout au monde conserver cette bâtisse unique pour les générations suivantes ", martèle Mme Tê. Heureusement, en juin dernier, le Comité populaire de Hanoi a approuvé le projet de conservation et de réhabilitation de cette maison.

Cette maison-jardin figure dans le livre intitulé Les 36 guildes de l'ancien quartier de Hanoi (The 36 Guild street area Hanoi's Ancient Quarter), fruit du travail de chercheurs japonais et vietnamiens. Selon la fille aînée de Mme Tê, de nombreux touristes étrangers viennent visiter cet endroit atypique pour contempler l'architecture ancienne de la maison et jouir de l'atmosphère relaxante que l'on y trouve.

Comment faire pour s'y rendre?
Depuis le lac Hoàn Kiêm (Épée restituée) au centre-ville, suivez la rue Dinh Tiên Hoàng. Ensuite, tournez à droite : la rue Dinh Liêt est devant vous. Continuez tout droit jusqu'à la maison No6, située au fond d'une ruelle.
Vous y êtes !

Thu Trang/CVN

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