Une fusée SpaceX en route vers la station spatiale avec 4 astronautes

Trois astronautes américains et un japonais ont décollé dimanche 15 novembre de Floride vers la Station spatiale internationale (ISS) à bord d'une fusée SpaceX, le nouveau moyen de transport spatial de la NASA après neuf ans de dépendance envers la Russie.

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L'équipage peu avant le décollage, le 15 novembre.

La fusée Falcon 9 de SpaceX a décollé sans encombre à l'heure prévue du centre spatial Kennedy avec Michael Hopkins, Victor Glover, Shannon Walker et Soichi Noguchi à bord de la capsule fixée au sommet. Le décollage, en soirée, a illuminé toute la côte de Floride. Moins de trois minutes après l'envol, à 90 km d'altitude et alors que la fusée filait à 7.000 km/h, le premier étage s'est détaché sans incident, pour revenir sur Terre et être réutilisé, tandis que le second étage avec la capsule poursuivait sa course. La trajectoire de la capsule était correcte, a annoncé SpaceX.

Leur voyage durera 27 heures et demie, la capsule Dragon devant s'amarrer vers 04h00 GMT mardi 17 novembre à l'ISS, où se trouvent deux Russes et une Américaine. Ils y resteront six mois. Ce premier vol "opérationnel" fait suite à la mission de démonstration réussie de mai à août, lors de laquelle deux astronautes américains ont été emmenés dans l'ISS puis ramenés sur Terre sans encombre par SpaceX. Comme l'a tweeté l'astronaute européen Thomas Pesquet, le premier étage de la fusée sera réutilisé pour la mission qui l'emmènera lui et trois coéquipiers au printemps 2021 vers la station.

Le vice-président américain, Mike Pence, a assisté sur place au lancement. "Bienvenue dans la continuation d'une nouvelle ère de l'exploration spatiale habitée en Amérique", a-t-il dit peu avant. La capsule Dragon de SpaceX est le second appareil actuellement capable de rejoindre l'ISS, avec le très fiable Soyouz russe, qui a acheminé depuis 2011 tous les visiteurs de la station, après l'arrêt des navettes américaines.

Il a fallu neuf ans aux Américains pour certifier le successeur des navettes. Un second appareil, Starliner, fabriqué par Boeing, a pris du retard et pourrait être opérationnel dans un an. La NASA espère poursuivre la coopération avec la Russie. Elle a proposé des places pour les cosmonautes dans les futures missions, et veut que les Américains continuent à emprunter régulièrement les Soyouz. Mais les négociations traînent. "Nous voulons un échange de sièges", a dit Jim Bridenstine, le chef de la NASA, vendredi 13 novembre lors d'une conférence de presse. "Les discussions sont en cours", a-t-il simplement dit.

Incertitude budgétaire

La réalité est que les liens entre Washington et Moscou dans le domaine spatial, l'un des rares où ils restaient bons, se distendent. Rompant avec plus de 20 ans de coopération sur l'ISS, la Russie ne participera pas à la prochaine mini-station voulue par la NASA autour de la Lune, la Gateway. Le patron de Roskosmos, Dmitri Rogozine, a fait de SpaceX sa bête noire. Outre qu'elle est devenue le transporteur de choix de la NASA, la société est leader du marché des lancements de satellites privés, et elle a forcé la Russie à revoir son programme spatial vieillissant.

Dimensions et caractéristiques de la capsule Crew Dragon de SpaceX.
Photo : AFP/VNA/CVN

Cet été, Roskosmos a annoncé un projet de nouvelle fusée réutilisable, "pas semi-réutilisable comme chez SpaceX", a lâché Dmitri Rogozine. "Nos ingénieurs (...) ne veulent pas répéter ce que leurs collègues de SpaceX font, mais les surpasser". Mais le simple fait que Roskosmos se compare à une entreprise privée illustre la nouvelle ère dans laquelle le monde est entré depuis les années 2010: l'espace n'est plus le monopole des États.

La stratégie américaine intensifiée sous Donald Trump a été de privatiser l'accès aux environs de la Terre, c'est-à-dire de mettre le pied à l'étrier pour SpaceX et Boeing avec des milliards de dollars de contrats, afin qu'elles deviennent des prestataires pour la NASA et pour toute personne ou entreprise privée, vers l'ISS ou de futures mini-stations privées.

Mais l'alternance politique à Washington est un moment dangereux pour l'agence spatiale, qui n'a pas encore reçu du Congrès les dizaines de milliards d’USD nécessaires pour finaliser le programme Artémis de retour sur la Lune en 2024. M. Bridenstine lui-même a annoncé qu'il quitterait son poste, afin de laisser le président-élu Joe Biden fixer ses propres orientations spatiales. À ce jour, le démocrate n'a pas repris à son compte la date de 2024 pour remarcher sur la Lune.


AFP/VNA/CVN

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