L’accès des pays pauvres au vaccin, l’autre défi du COVID-19

Les pays pauvres auront-ils accès à un vaccin contre le COVID-19 ? La question se pose après l’annonce de Pfizer et BioNTech cette semaine sur un vaccin qu’ils développent, "efficace à 90%".

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Les pays pauvres auront-ils accès à un vaccin contre le COVID-19? La question se pose après l'annonce de Pfizer et BioNTech cette semaine sur un vaccin qu'ils développent, "efficace à 90%"
Photo : AFP/VNA/CVN

Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a souhaité vendredi 13 novembre que toute "avancée scientifique" bénéficie à tous les pays : "Il ne fait aucun doute qu’un vaccin sera un outil essentiel pour contrôler la pandémie".

Mais alors que les pays plus riches planifient leurs programmes de vaccination jusqu’à la fin de 2021, les experts mettent en garde contre les obstacles qui attendent les pays pauvres.

Les développeurs du vaccin, l’américain Pfizer et l’allemand BioNTech, espèrent déployer les premières doses d’ici quelques semaines, une fois reçues les autorisations d’utilisation d’urgence des agences sanitaires. Ces deux entreprises pharmaceutiques s’attendent à fournir jusqu’à 1,3 milliard de doses l’an prochain.

Au prix de 40 dollars par traitement, soit deux injections distinctes, les nations les plus riches se sont précipitées pour précommander des millions de doses, avant même qu’on sache si ce vaccin aboutira. Mais quid des pays pauvres?

"Si nous n’avons que le vaccin Pfizer et que tout le monde a besoin de deux doses, c’est clairement un dilemme éthique", dit Trudie Lang, directrice du Global Health Network à l’Université d’Oxford.

Il existe actuellement plus de trois douzaines d’autres vaccins COVID-19 en développement, dont 11 ont fait l’objet d’essais de phase 3, le dernier avant l’homologation.

Anticipant la demande démesurée de tout vaccin approuvé, l’OMS a créé l’initiative Covax en avril pour assurer une distribution équitable.

Covax réunit des gouvernements, des scientifiques, la société civile et le secteur privé. Pfizer n’en fait pas partie, mais a cependant "exprimé son intérêt pour un éventuel approvisionnement" de Covax, a indiqué un porte-parole du laboratoire.

Partage équitable

Pour Rachel Silverman, chargée de mission au Center for Global Development, il est peu probable qu’une partie conséquente du premier lot de vaccins aboutisse dans les pays les plus pauvres.

Le siège de Pfizer à New York en juillet 2020.
Photo : AFP/VNA/CVN

Sur la base des accords d’achats anticipés signés avec Pfizer, elle a calculé qu’1,1 milliard de doses avaient été achetées par les pays riches. "Il ne reste plus grand-chose pour tous les autres", dit-elle à l’AFP.

Certains pays qui ont précommandé, comme le Japon et la Grande-Bretagne, font partie de Covax, et il est donc probable qu’au moins certaines doses atteindront des pays moins développés grâce à leurs accords d’achat.

À l’inverse, les États-Unis, qui ont 600 millions de doses en commande, ne sont pas membres de Covax.

"Nous devons vraiment éviter que les pays riches engloutissent tous les vaccins et qu’il n’y ait pas assez de doses pour les pays les plus pauvres", plaide Benjamin Schreiber, coordinateur du vaccin COVID-19 au fonds des Nations Unies pour l’enfance UNICEF.

Outre l’éthique, les données épidémiologiques soulignent la nécessité d’une distribution équitable. Des chercheurs de l’université Northeastern (États-Unis) ont récemment publié une étude examinant le lien entre l’accès au vaccin et la mortalité du COVID-19.

Ils ont modélisé deux scénarios. Le premier porte sur ce qui se passerait si 50 pays riches monopolisaient les deux premiers milliards de doses d’un vaccin. Dans le second, le vaccin est distribué en fonction de la population d’un pays plutôt que de sa capacité à le payer.

Dans la première hypothèse, les décès du COVID-19 seraient réduits d’un tiers (33%) dans le monde. Avec un partage équitable, la baisse atteint 61%.

AFP/VNA/CVN

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