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Elon Musk au Centre spatial Kenndy, le 27 mai en Floride. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Trois Américains, Michael Hopkins, Victor Glover et Shannon Walker, et l'astronaute japonais Soichi Noguchi s'envoleront dimanche 15 novembre à 19h27 (00h27 GMT lundi 16 novembre) du centre spatial Kennedy en Floride. Ils s'amarreront mardi 17 novembre vers 04h00 GMT lundi 16 novembre à la station (ISS), où se trouvent deux Russes et une Américaine, et y resteront six mois.
Ce vol "opérationnel" fait suite à la mission de démonstration réussie de mai à août, lors de laquelle deux astronautes américains ont été emmenés dans l'ISS puis ramenés sur Terre sans encombre par SpaceX. Le vice-président américain, Mike Pence, assistera en personne au lancement.
La capsule Dragon de SpaceX est le second appareil actuellement capable de rejoindre l'ISS, avec le très fiable Soyouz russe, qui a acheminé depuis 2011 tous les visiteurs de la station, après l'arrêt des navettes américaines. Il a fallu neuf ans aux Américains pour certifier le successeur des navettes. Un second appareil, fabriqué par Boeing, pourrait être opérationnel dans un an.
La NASA espère poursuivre la coopération avec la Russie. Elle a proposé des places pour les cosmonautes dans les futures missions, et veut que les Américains continuent à emprunter régulièrement les Soyouz.
Mais les négociations traînent. "Nous voulons un échange de sièges", a dit Jim Bridenstine, le chef de la NASA, vendredi 13 novembre lors d'une conférence de presse. "Les discussions sont en cours", a-t-il simplement dit, une réponse qu'il donne depuis maintenant des mois.
Incertitude budgétaire
La réalité est que les liens entre Washington et Moscou dans le domaine spatial, l'un des rares où ils restaient bons, se distendent. Rompant avec plus de 20 ans de coopération sur l'ISS, la Russie ne participera pas à la prochaine mini-station voulue par la NASA autour de la Lune, la Gateway.
Elon Musk au Centre spatial Kenndy, le 27 mai en Floride |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le patron de Roskosmos, Dmitri Rogozine, avait ironisé en 2014 sur le besoin des États-Unis d'un "trampoline" pour rejoindre l'ISS. Elon Musk, patron de SpaceX, n'a jamais oublié le tacle et s'est exclamé en mai : "le trampoline fonctionne". SpaceX est devenu la bête noire de M. Rogozine. Outre qu'elle est devenue le transporteur de choix de la NASA, la société est leader du marché des lancements de satellites privés, et elle a forcé la Russie à revoir son programme spatial vieillissant.
Cet été, Roskosmos a annoncé un projet de nouvelle fusée réutilisable, "pas semi-réutilisable comme chez SpaceX", a lâché Dmitri Rogozine. "Nos ingénieurs (...) ne veulent pas répéter ce que leurs collègues de SpaceX font, mais les surpasser". Mais le simple fait que Roskosmos se compare à une entreprise privée illustre la nouvelle ère dans laquelle le monde est entré depuis les années 2010 : l'espace n'est plus le monopole des États.
La stratégie américaine intensifiée sous Donald Trump a été de privatiser l'accès aux environs de la Terre, c'est-à-dire de mettre le pied à l'étrier pour SpaceX et Boeing avec des milliards de dollars de contrats, afin qu'elles deviennent des prestataires pour la NASA et pour toute personne ou entreprise privée, vers l'ISS ou de futures mini-stations privées.
"Le but ultime est d'avoir plus de moyens pour faire les choses pour lesquelles il n'y a pas encore de marché privé, comme aller sur la Lune et sur Mars", a redit Jim Bridenstine vendredi 13 novembre. Mais l'alternance politique à Washington est un moment dangereux pour l'agence spatiale, qui n'a pas encore reçu du Congrès les dizaines de milliards de dollars nécessaires pour finaliser le programme Artémis de retour sur la Lune en 2024.
M. Bridenstine lui-même a annoncé qu'il quitterait son poste, afin de laisser le président-élu Joe Biden fixer ses propres orientations spatiales. À ce jour, le démocrate n'a pas repris à son compte la date de 2024 pour remarcher sur la Lune.