Relations Russie - Occident
Une experte française pense à "de nouvelles tentatives de règlement"

Depuis une semaine, de nombreuses négociations entre les États Unis, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) et la Russie se déroulent à Genève pour discuter de la question d’Ukraine et de la sécurité européenne, Mme Tatiana Kastoueva-Jean, Directrice du centre Russie/NEJ, dépendant de l’Institut Français des Relations Internationales a accordé une interview exclusive à l’Agence Vietnamienne d’Information. Ses partages.

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Mme Tatiana Kastoueva-Jean, Directrice du centre Russie/NEJ, dépendant de l’Institut Français des Relations Internationales.
Photo : Thu Hà/CVN

Les Russes et Américains ont tenu un nouveau cycle de pourparlers à Genève pour chercher les solutions à la crise liée à l’Ukraine. À cette occasion, ils ont abordé aussi les relations générales entre la Russie et l’Occident. Pourriez-vous résumer les résultats les plus impressionnants de ces négociations ?

En fait, cette semaine est assez exceptionnelle, car il y a plusieurs négociations qui se déroulent successivement sur les sujets d’importance cruciale pour la sécurité du continent européen. Au cœur, la discussion entre les États-Unis et la Russie. Ensuite, il y a la discussion entre les membres de l’OTAN et la Russie. Et, enfin, les discussions entre les membres de l’Organisation de Coopération et de Sécurité Européenne (OSCE). Mais tous cela tourne autour du même socle. Au cœur, il y a la question ukrainienne et la crise qui n’est pas réglée depuis 2014.

Mais les Russes ont élargi leurs exigences qui vont jusqu’à vouloir refonder tout le système de sécurité en Europe depuis la fin de la guerre froide. Les Russes estiment que l’OTAN, qui s’élargit et qui installe des équipements militaires dans les pays de l’ancien bloc socialiste, la Roumanie ou la Pologne, menace la sécurité de la Russie. Ils voudraient mettre fin à ce processus-là.

Ce qui est intéressant en soi, c’est que comme vous dites, la plus grande réalisation spectaculaire est qu’on en parle, qu’il y a des discussions engagées. Les Américains ont accepté de parler des préoccupations russes, alors que toutes les exigences russes formulées auparavant ont été balayées d’un revers de la main et n’ont pas été écoutées. Je pense par exemple, à la proposition de l’ancien président russe Dmitri Medvedev en 2008 d’ouvrir une discussion sur l’architecture de sécurité européenne qui n’a eu aucune attention des Occidentaux et a été classée sans suite. Là on se parle, et on se parle très franchement, très ouvertement en expliquant les choses sur lesquelles on peut avancer, les choses sur lesquelles on ne peut pas lâcher et ceux-ci des deux côtés, côté russe et côté américain, côté occidental.

C’est quand-même une semaine d’incertitudes, on ne sait pas encore quels sont les vrais résultats auquel cela va aboutir. Est-ce que ce sera le début d’un processus des négociations finalement engagé, auquel cas cela prendra du temps, car les questions discutées sont très larges et en même temps existentielles pour chacune des parties. Personne ne veut lâcher, comme on dit et si ce n’est pas réglé, je pense que d’autres spirales d’escalade sont possibles si les États-Unis, l’OTAN, d’un côté et la Russie ne trouvent pas la solution pour gérer les préoccupations de chacun.

La secrétaire d'État adjointe des États-Unis, Wendy Sherman (gauche), et son homologue russe Sergei Ryabkov (droite) lors de pourparlers sur l'Ukraine, le 10 janvier à Genève.
Photo : AFP/VNA/CVN

Selon vous, pourquoi l’Union européenne n’était pas invitée aux pourparlers, même si elle était un acteur prépondérant de la sécurité européenne, une partie prenant de la crise ukrainienne ?

C’est vrai que ça peut paraître comme une marginalisation de l’Union européenne, alors que, comme je disais, le cœur de la négociation est le conflit en Ukraine, sujet crucial pour la sécurité du continent européen. La Russie ne souhaite plus discuter avec l’Union européenne en tant qu’institution. Les Russes estiment que le poids des pays baltes ou de la Pologne est un peu trop fort au sein de l’UE, et que ces pays-là défendent les positions antirusses. Ils veulent discuter directement avec les Américains de la sécurité sur le continent européen.

En même temps, on ne peut pas dire que les Européens sont complètement écartés des négociations. Je disais au début, c’est une série de négociations, il y a aussi donc les négociations avec l’OTAN dont plusieurs pays de l’Union européenne font partie. Il y a aussi des discussions au sein d’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, l'OSCE, donc ce sera sur vendredi-là et donc les Européens sont bien associés.

Mais il y a quand même une sorte de la reconnaissance de l’échec de l’Europe de gérer les conflits qui se déroulent sur son territoire. La France et l’Allemagne sont membres du format de Normandie. Elles sont médiatrices dans le processus de Minsk. Néanmoins, ce processus est dans l’impasse. C’est un processus qui concerne la crise de conflit à l’Est de l’Ukraine. Et comme on est dans l’impasse, les Russes ont voulu parler directement aux États-Unis pour avancer le plus vite possible sur le règlement de ce conflit.

Après ces réunions, selon vous, les relations entre la Russie et les États-Unis, l’Otan évoluent dans quelle direction ?

Pour l’instant rien n’est gagné. Les négociations vont continuer demain. La semaine prochaine les États-Unis doivent formuler des propositions pour répondre aux deux projets de traité qui ont été présentés par les Russes le 17 décembre.

Donc il faut attendre quelques jours avant d’y voir plus claire. Mais comme je disais, chacun a des préoccupations vraiment très fortes et les demandes sont tellement contradictoires qu’il n’est pas certain qu’on puisse trouver une solution qui arrange tout le monde.

À partir de là, on peut imaginer évidemment de nouveaux développements dans ce conflit, des hauts et des bas, de nouvelles escalades et de nouvelles tentatives de règlement.

Merci de votre interview./.

Propos recueillis par Thu Hà - Tiên Nhât/CVN

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