Une bactérie dangereuse se propage et aurait fait trois morts en Allemagne

Les autorités sanitaires allemandes ont averti le 24 mai que la propagation rapide d'une bactérie causant des hémorragies dans le système digestif risquait d'entraîner la mort de plusieurs personnes alors que trois victimes pourraient déjà avoir succombé.

"Nous devons dire clairement que nous tablons sur des morts", a déclaré Reinhard Burger, le président de l'Institut Robert Koch (RKI), établissement fédéral chargé du contrôle sanitaire et de la lutte contre les maladies.

En raison du "nombre élevé" de cas d'infections ou de troubles graves, "la probabilité qu'il y ait des morts augmente", a-t-il souligné devant la presse à Berlin. Et le nombre de personnes touchées "augmente, la source de l'infection est toujours incertaine", a-t-il ajouté.

Trois personnes pourraient déjà avoir succombé à l'infection à l' E.coli enterohémorragique (Eceh), la bactérie à l'origine des troubles sévères, qui touche jusqu'ici avant tout le Nord de l'Allemagne, en particulier le grand port de Hambourg. Des cas ont aussi été recensés dans d'autres États régionaux, selon le président du RKI.

"Une femme de 83 ans est décédée le 21 mai, après avoir été admise le 15 mai à l'hôpital pour des colites hémorragiques. Des examens en laboratoire ont prouvé l'infection à l'Eceh", a précisé le ministère de la Santé du Land de Basse-Saxe (Nord-Ouest) dans un communiqué.

Une enquête est en cours pour déterminer avec certitude la cause de la mort, ajoute le ministère.

À Brême (Nord-Ouest), une jeune femme présentant des symptômes typiques d'une infection à l'Eceh est morte dans la nuit du 23 au 24 mai, mais des analyses doivent encore être menées pour déterminer les causes exactes du décès.

Dans l'État régional du Schleswig-Holstein (Nord), frontalier du Danemark, une octogénaire infectée par la bactérie est également morte, mais la femme se trouvait déjà à l'hôpital en raison d'une opération.

"Plus de 80" patients ont développé des troubles graves appelés syndrome hémolytique et urémique (SHU), a précisé M. Burger. "À titre de comparaison, nous avons en moyenne chaque année un millier d'infections à l'Eceh dont 50 ou 60 cas de SHU", a-t-il ajouté. Deux personnes sont mortes ces deux dernières années en Allemagne à cause de cette bactérie.

"Actuellement nous ne pouvons pas percevoir de tendance au déclin" du nombre de cas, a-t-il indiqué.

"Il y a déjà eu des pics dans les cas de SHU par le passé, mais jamais autant en si peu de temps", avait souligné le RKI le 24 mai dans un communiqué.

L'institut s'inquiète également du fait que les malades sont principalement des adultes, alors que cette pathologie touche en général essentiellement des enfants en bas âge.

Le RKI a envoyé une équipe à Hambourg, la deuxième ville allemande où a été recensé le plus grand nombre de cas, afin de tenter de déterminer les causes de cette infection.

Toutes les personnes infectées par l'Eceh ne développent pas de SHU. L'Escherichia coli est présente dans le tube digestif de l'homme et des animaux à sang chaud. Sa transmission à l'homme se fait par la consommation d'aliments contaminés, viande hachée crue ou mal cuite, lait cru mais aussi salades et légumes.

La ministre allemande de l'Agriculture et de la Protection des consommateurs, Ilse Aigner, a tenté de rassurer sur les risques de transmission de la bactérie. "Personne ne doit renoncer aux légumes", a-t-elle déclaré au journal régional Passauer Neue Presse, appelant ses concitoyens à respecter les règles d'hygiène de base, comme "éplucher les légumes et fruits crus ou au moins bien les laver".

La maladie se traduit par des diarrhées et du sang dans les selles, des maux de tête et de vives douleurs au ventre. Rien n'a permis d'identifier la source de l'actuelle infection pour le moment et "on ne peut pas exclure qu'elle soit encore active", a conclu le RKI.

AFP/VNA/CVN

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