>>Un vétéran américain au centre des actions humanitaires
>>En mémoire des victimes du massacre de My Lai à Quang Ngai
Roy Mike Boehm est surnommé "Monsieur Mai des femmes" par les locaux. |
Photo: TT/CVN |
oy Mike Boehm est arrivé au Vietnam en 1968 en tant que soldat pour combattre dans la zone de Cu Chi, à la périphérie de Saigon (aujourd’hui Hô Chi Minh-Ville). De retour aux États-Unis avec ses traumatismes et cauchemars de "l’enfer vert", il décide de lutter contre ses démons en retournant au Vietnam, en quête de rédemption.
Il se rend pour la première fois au hameau de My Lai, village de Son My, district de Son Tinh, province de Quang Ngai (Centre) en 1992, qui fut le théâtre du massacre de 504 civils innocents par l’armée américaine. Touché par la vie difficile des villageois, il a alors pris la décision de venir régulièrement travailler à leurs côtés afin de "construire la paix".
"Monsieur Mai des femmes"
Cela fait désormais 25 ans que M. Boehm fait la navette entre les deux pays afin de mener à bien son engagement. Avec d’autres frères d’armes, "Monsieur Mai des femmes" (surnom affectueux octroyé par les locaux) a fondé Madison Quakers, Inc. (MQI), ONG formant la structure juridique de son œuvre de bénévolat.
Cette année, les membres de l’association ont rendu visite à des femmes dans le besoin dans la commune de Tinh Binh. Ces 15 Vietnamiennes avaient auparavant reçu 215 millions de dôngs (près de 10.000 dollars) de la part de leurs bienfaiteurs américains dans le but d’acheter du bétail et de développer à terme une exploitation suffisamment rentable pour améliorer les conditions de vie de leur famille.
Roy Mike Boehm entouré d’enfants issus de minorités ethniques dans une école primaire de Quang Ngai parrainée par la MQI dans le cadre d’un projet d’accès à l’eau potable. |
Photo: VNN/CVN |
La famille de Nguyên Thi Kim Anh (commune de Tinh Binh) compte parmi celles qui, sans l’action de la MQI, se retrouveraient dans une situation de dangereuse précarité.
"Je suis très heureuse de posséder une vache. Je ferai tout mon possible pour faire prospérer mon troupeau. Je voudrais remercier tout particulièrement +Monsieur Mai+", a confié Kim Anh.
Soigner les blessures de guerre
Le 15 mars dernier, Roy Mike Boehm et les membres de la MQI ont accordé 100 bourses, d’une valeur unitaire d’un million de dông (soit près de 44 dollars), à des enfants pauvres des communes de Tinh Khê, Tinh Ky, Tinh Hoa et Tinh Thiên (toujours dans la province de Quang Ngai).
"Ce petit cadeau contribue à la cicatrisation des plaies de nos âmes et de ce pays martyre", a expliqué le vétéran.
Le don initial de la MQI était assez limité: environ 3.000 dollars. Pourtant, Roy Mike Boehm ne s’est pas laissé abattre et a multiplié les initiatives pour collecter des fonds. Il a par ailleurs mis en place un système de don par prélèvement automatique. Ainsi, depuis le début de l’aventure, la MQI a rassemblé plus de 1,7 milliard de dôngs (environ 75.000 dollars) pour le progrès des femmes vietnamiennes. Elle a également construit trois écoles primaires et deux puits dans un village de l’ethnie H’re, ainsi que près de 60 maisons du cœur.
Outre ce projet, de petites sommes ont été destinées au financement de programmes plus modestes tels que la fourniture de bicyclettes et de bourses à des étudiants défavorisés issus d’ethnies minoritaires ou encore l’achat de matériel médical.
Petit à petit, la MQI a permis la mise en place de structures de microcrédits viables sur le long terme à destination des femmes pauvres afin de créer un cercle vertueux de l’investissement et de la richesse, contribuant de fait à la réduction de la misère rurale. Comme nous avons pu le voir plus haut, les élevages bovins sont les principaux destinataires de ces crédits en raison de l’ancienneté du programme (mis en place en 2002 à Quang Ngai) et donc des expériences accumulées.
Selon Pham Thi Hông Hai, vice-présidente de l’Association des femmes de Quang Ngai, les actions de bienfaisance des vétérans américains ont tiré des griffes de la détresse de nombreuses familles en leur permettant d’obtenir des revenus plus importants et en encourageant les enfants à aller à l’école.
"Il est clair que les femmes vietnamiennes sont les piliers de la famille, elles travaillent très dur, doivent s’occuper des enfants et tenir les cordons de la bourse du foyer. Malgré ces qualités, elles ne parviennent pas toujours à joindre les deux bouts et je trouve que ce n’est que justice de les soutenir modestement dans leurs combats quotidiens", a conclu Roy Mike Boehm.
de l’Association des femmes de Quang Ngai
L’Association des femmes de Quang Ngai a reconnu Roy Mike Boehm comme membre honoraire pour son soutien aux femmes défavorisées de la province dans leur lutte contre la pauvreté.
Récemment, il s’est vu décerner la médaille "Pour le progrès des femmes vietnamiennes" de l’Union des femmes du Vietnam.
"Cette année, j’ai plus de 70 ans. Malgré mon âge avancé, j’espère être en mesure de pouvoir poursuivre ma mission", a déclaré le vétéran.
Il a également joué le rôle principal dans un film documentaire sur le massacre perpétré par l’armée américaine dans le hameau de My Lai à Son My, province de Quang Ngai, en 1968. Intitulé Le son du violon à My Lai, cette production du réalisateur vietnamien Trân Van Thuy a remporté le prix du meilleur court métrage au Festival du film Asie-Pacifique 1999 en Thaïlande.