>>Il fait de sa maison une véritable œuvre d’art
>>Des antiquités exposées sur le mur d’une maison
Le collectionneur Vu Tân et ses antiquités. |
Ouvert, simple et au sourire contagieux, Vu Tân était colonel de la police quand il a commencé ses collections il y a une trentaine d’années. "Les vieilleries sont bien plus que de simples objets, ce sont des œuvres d’art. Chacune possède une âme propre".
Dans sa maison située dans la rue Trung Kinh, arrondissement de Câu Giây, à Hanoï, on peut y trouver des milliers d’antiquités disposées un peu partout que ce soit dans la salle de séjour, dans la cuisine ou dans l’entrepôt et même au pied de l’escalier…
Vu Tân se passionne pour les objets datant de l’époque coloniale française à Hanoï, et essentiellement pour les céramiques de Bát Tràng, un village de métier traditionnel situé en banlieue de la capitale. Existant depuis le XIVe siècle, il demeure l’un des villages de métiers les plus réputés du Vietnam.
C’est pendant ses années d’études universitaires en ex-Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) qu’il a commencé à prendre un intérêt très vif aux objets anciens et collectionner des objets variés allant de petits insignes à des voitures rétro. "C’est à l’issue de la visite d’un marché aux puces dans la rue Lê Duân de Hanoï, au début des années 1990, que je me suis davantage penché sur les antiquités vietnamiennes, celles qui expriment des valeurs historiques nationales. Parmi elles, les céramiques de Bát Tràng m’ont particulièrement séduite. Ce marché se trouve à présent à Nghi Tàm, à proximité du lac de l’Ouest".
En ce qui concerne les antiquités de l’époque coloniale française, Vu Tân a collectionné quelques centaines d’articles dont des meubles comme armoires, tables, chaises…, mais aussi des tasses, théières, ventilateurs électriques, et lampes à huile notamment.
Plus de 500 d’articles exposés
Des objets anciens de Vu Tân exposés au Musée de Hanoï. |
Lorsqu’on écoute Vu Tân parler de sa passion, nombreuses sont ses anecdotes. Il y a près de 20 ans, l’apparition d’un mystérieux vase à Hanoï a fait l’objet de toutes les attentions au sein de la communauté des collectionneurs de la ville. Un seul coup d’œil des photographies sur Internet a suffi à Vu Tân pour savoir qu’il s’agissait d’un objet précieux d’antiquités. Malgré cela, il n’en fit rien et se contenta de rester silencieux.
Trois ans après, une connaissance lui faisait savoir que ledit vase avait été aperçu dans une province lointaine de la région. Vu Tân s’y est rendu sur le champ dans l’optique de se l’approprier. Il acheta l’objet, sans prendre la peine d’en négocier son prix. Le vendeur lui avait alors dit qu’il s’agissait en fait d’un ensemble de deux vases et que son pendant se trouvait chez une autre personne qui en demandait un prix exorbitant. Vu Tân confiant, laissa du temps au temps et savait avec certitude qu’un jour il possèderait les deux vases. En effet, le jour arriva où le propriétaire en question se déplaça jusque chez Vu Tân pour lui vendre lui-même la pièce manquante, et ce, dix ans plus tard !
Parmi sa collection de céramiques de Bát Tràng, Vu Tân possède également un immense vase faisant aussi partie d’un ensemble de deux dont le jumeau se trouve actuellement exposé au Musée national de l’histoire du Vietnam.
La collection du chercheur est telle qu’en écho à la célébration du Millénaire de Thang Long - Hanoï en 2000, plus de 500 de ses articles ont été exposés au Musée de Hanoï sur une superficie de 1.000 m². Lesquels sont toujours présents aujourd’hui et dont la visite est ouverte au public.
Ouvrir son propre musée : un rêve
"Si on ne protège pas dès maintenant les biens précieux de nos ancêtres, si on n’arrive pas à les garder ou à les préserver, alors ils finiront tous à l’étranger”. Une idée inconcevable pour Vu Tân qui "souhaite léguer ce savoir aux générations futures".
C’est pourquoi, le collectionneur nourrit le rêve d’ouvrir son propre musée pour conserver les antiquités, témoins intemporels de la culture vietnamienne.
Il souhaite créer un espace privilégié qui deviendra le rendez-vous incontournable de tous les chercheurs et collectionneurs du pays. Un espace de rencontres et d’échanges qu’il baptisera Tràng An.
Vu Tân est conscient du travail qui l’attend. Il devra notamment suivre des cours de formation sur la gestion d’un musée, mais le collectionneur est plus que déterminé et peut également compter sur sa famille qui le soutient de tout cœur dans cette initiative.
En un mot, le rêve absolu de Vu Tân demeure que ses articles traduisant les valeurs historiques et culturelles du pays soient prochainement exposés dans un lieu propre.
Texte et photos : Hoàng Phuong/CVN