Un tanker français détourné par des pirates au large de la Côte d'Ivoire

Un pétrolier français avec à son bord 17 membres d'équipage, des Africains et deux Asiatiques, a été détourné par des pirates ce week-end au large de la Côte d'Ivoire, un pays jusque récemment préservé de ce fléau en plein essor dans le Golfe de Guinée.

Le tanker français Gascogne détourné le 2 février par des pirates au large de la Côte d'Ivoire. Photo : AFP/VNA/CVN 

Le tanker français Gascogne, battant pavillon luxembourgeois, appartient au groupe français Sea Tankers et est affrété par une société sud-coréenne. Il naviguerait le 4 février au large du Nigeria, selon Abidjan. Le gouvernement français a indiqué ne pas avoir reçu de revendication. "Le bateau a été bel et bien détourné à 139 kilomètres d'Abidjan, dans les eaux ivoiriennes, par une bande armée", a déclaré le colonel Bertin Koffi Tano, directeur des affaires maritimes de Côte d'Ivoire, lors d'une conférence de presse.

Parti du port ivoirien le 31 janvier avec 3.000 tonnes de gasoil, le navire en avait déchargé une partie sur un autre bateau avant d'être détourné le 2 février "à 139 kilomètres du port d'Abidjan", selon le colonel Tano. Le navire "serait au large du Nigeria", à l'est, a-t-il poursuivi, détaillant les nationalités au sein de l'équipage : sept Togolais, quatre Béninois, deux Sénégalais, deux Ivoiriens, un Chinois et un Sud-Coréen.

Frédéric Cuvillier, le ministre français des Transports, de la Mer et de la Pêche, avait auparavant affirmé que l'équipage était constitué de "19" membres, "tous des Togolais". Cet incident "est très préoccupant", a-t-il jugé, soulignant que le ministère français de la Défense était "mobilisé". Le Bureau maritime international (BMI) avait donné l'alerte, annonçant que le navire-citerne n'avait plus donné signe de vie depuis le 3 février. "On soupçonne que le pétrolier porté disparu a été enlevé par des pirates", avait expliqué Noel Choong, responsable du département de piraterie du BMI, basé à Kuala Lumpur.

Côte d'Ivoire touchée après Nigeria et Bénin

La compagnie Sea Tankers, a exprimé sa crainte pour l'équipage et dit espérer que les pirates "vont décharger le bateau quelque part et foutre le camp". Pour les autorités ivoiriennes, qui de leur propre aveu n'ont "pas de navires destinés à la surveillance des eaux maritimes", c'est le troisième acte de piraterie en moins de cinq mois.

En janvier, un pétrolier nigérian battant pavillon panaméen avait été victime d'une attaque de pirates à son ancrage d'Abidjan. Début octobre 2012, un tanker grec avait subi une attaque semblable au même endroit. Jusque-là, la Côte d'Ivoire avait été préservée de la piraterie en mer qui se développe dans le Golfe de Guinée. Fréquente au Nigeria, premier producteur de pétrole d'Afrique, la piraterie a gagné les eaux du Bénin, où les attaques de navires avaient explosé en 2011.

"Il semble que les pirates se déplacent vers la Côte d'Ivoire car le Nigeria et le Bénin ont augmenté la fréquence de leurs patrouilles dans le Golfe de Guinée", a estimé le responsable du BMI, Noel Choong. Les "groupes armés" qui piratent les navires "sont parfaitement informés sur le potentiel de chaque pays et savent que de ce côté du Golfe de Guinée, il n'y a pas beaucoup de surveillance", a renchéri le colonel Mamadou Mariko, directeur technique à l'Organisation maritime de l'Afrique de l'Ouest et du Centre (OMAOC), basée à Abidjan. Pour la Côte d'Ivoire "il y a urgence", a-t-il alerté : Abidjan doit prendre "le problème à bras-le-corps".

AFP/VNA/CVN

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