Royaume-Uni
Un suspect "clé" arrêté dans l'enquête sur le naufrage de migrants dans la Manche

Un an après le naufrage qui a coûté la vie à 27 migrants qui traversaient la Manche sur un bateau pneumatique, les enquêteurs britanniques ont arrêté mardi 29 novembre un homme soupçonné d'être un passeur au rôle central dans l'organisation de la traversée.

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Un bateau de la SNSM transportant les corps des migrants morts en traversant la Manche, arrive au port de Calais, le 24 novembre 2021. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Harem Ahmed Abwbaker, 32 ans, a été arrêté dans le Sud-Ouest de l'Angleterre et "est suspecté d'être un membre du groupe criminel organisé qui a conspiré pour transporter les migrants au Royaume-Uni à bord d'un petit bateau", a indiqué l'agence britannique de lutte contre la criminalité (NCA) dans un communiqué.

Dans la nuit du 23 au 24 novembre 2021, 27 migrants âgés de 7 à 46 ans - 16 Kurdes d'Irak, un Kurde d'Iran, quatre Afghans, trois Éthiopiens, une Somalienne, un Égyptien - avaient péri dans le naufrage de leur bateau pneumatique au large de Calais, alors qu'ils tentaient de rejoindre l'Angleterre.

Deux passagers seulement, un Kurde irakien et un Soudanais, avaient pu être secourus.

Extradition

M. Abwbaker "restera en détention pour comparaître demain (mercredi 30 novembre) devant le tribunal de Westminster, où la procédure d'extradition commencera", a indiqué la NCA, qui souligne avoir "identifié et traqué" le suspect et travaillé avec les autorités françaises pour enquêter sur les circonstances qui ont conduit aux décès.

"Il s'agit d'une arrestation significative, qui s'inscrit dans le cadre d'enquêtes approfondies" sur le naufrage, a réagi le directeur adjoint de la NCA, Craig Turner. "L'individu détenu aujourd'hui est soupçonné d'avoir joué un rôle clé" dans l'affaire, a-t-il ajouté.

De son côté, la ministre britannique de l'Intérieur, Suella Braverman, a "remercié la NCA et d'autres agences au Royaume-Uni et en France pour leur travail inlassable pour rendre justice aux victimes et à leurs familles".

Dix membres présumés du réseau de passeurs à l'origine de la traversée ont été mis en examen cet été en France dans le cadre d'une enquête ouverte en décembre dernier.

Ils sont soupçonnés, selon une source proche du dossier en France, d'être à différents degrés impliqués en tant que chauffeurs, passeurs ou logeurs.

Photo diffusée par la NCA, le 29 novembre, de Harem Ahmed Abwbaker après son arrestation près de Cheltenham, dans le Sud-Ouest de l'Angleterre. Photo : AFP/VNA/CVN

L'affaire a récemment pris une autre dimension après les révélations mi-novembre du journal Le Monde qui affirme que les passagers du bateau avaient appelé à une quinzaine de reprises les autorités françaises pour leur demander de l'aide, en vain.

Le Monde, qui dit avoir consulté des éléments de l'enquête judiciaire menée à Paris, suggère aussi que les secours français ont attendu que les naufragés dérivent dans les eaux anglaises, suscitant la "consternation" de plusieurs associations d'aide aux migrants

Dans une conversation téléphonique avec les autorités françaises, dont l'AFP a eu connaissance, un migrant déclare : "Au secours s'il vous plaît (...) je suis dans l'eau". "Oui, mais vous êtes dans les eaux anglaises Monsieur", lui répond son interlocutrice.

"Ah bah, t'entends pas, tu seras pas sauvé. +J'ai les pieds dans l'eau+, bah je t'ai pas demandé de partir", dit également l'opératrice.

Accord sur l'immigration 

Plus de 40.000 migrants sont arrivés au Royaume-Uni après avoir traversé la Manche à bord de petites embarcations cette année, un record.

Ces chiffres qui ne cessent d'augmenter mettent sous pression le gouvernement alors que les conservateurs font de la lutte contre l'immigration une de leurs grandes priorités depuis le Brexit et que le système de demandes d'asile est plus que jamais débordé.

Les gouvernements successifs ont tout envisagé, renonçant à certaines idées jugées illégales ou irréalisables comme repousser les bateaux hors des eaux britanniques avec des vagues artificielles, enfermer les migrants sur des paquebots au large ou les envoyer sur des îles éloignées. Le dernier projet en date, annoncé sous Boris Johnson, prévoit d'envoyer des demandeurs d'asile au Rwanda mais ce plan est au point mort.

Après des années de querelles entre Paris et Londres sur la question, les deux pays ont signé un accord mi-novembre qui prévoit notamment une enveloppe de 72,2 millions d'euros que devront verser les Britanniques en 2022-2023 à la France pour augmenter de 800 à 900 le nombre de policiers et gendarmes sur les plages françaises, d'où partent les migrants.

AFP/VNA/CVN

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