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Le pneumologue Régis Matran montre comment utiliser un prototype de "nez électronique" pour dépister les cancers broncho-pulmonaires, le 6 décembre au CHU de Lille, en France. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Imaginez un nez électronique relié à un téléphone portable : les gens souffleraient dedans" et leur médecin verrait apparaître "un feu vert, signifiant +pas de risque de cancer+, ou un feu rouge", signalant la nécessité d'un dépistage par scanner, a résumé le pneumologue Régis Matran, lors d'une conférence de presse au CHU de Lille.
Le "premier prototype" présenté par ce coordinateur scientifique du projet européen "Pathacov" consiste en une machine transparente garnie de capteurs et équipée d'un large "nez" bleu pour recueillir des haleines humaines.
"Toutes les cellules humaines libèrent des composés organiques volatils" (COvs), formant des odeurs. "Lorsqu'un organe devient cancéreux, les COVs libérés changent", "on parle alors de la signature moléculaire d'une maladie", a expliqué M. Matran.
À la manière des chiens renifleurs capables de détecter la présence "de cancers du sein comme ceux de l'Institut Curie", l'appareil s'appuie sur des capteurs "développés pour détecter certains COVs", a-t-il détaillé.
Depuis 2018, une équipe pluridisciplinaire a mené une étude sur 750 patients sains et près de 500 patients atteints de cancers broncho-pulmonaires, pour "identifier précisément la signature" olfactive de ces pathologies.
Retardée par l'épidémie de COVID-19, elle livrera ses premiers résultats "début 2023", constituant "la plus large" étude menée à ce jour au niveau mondial.
Parallèlement, d'autres scientifiques ont développé et testé le prototype en laboratoire. Le signal, "envoyé vers une base de données à distance", est "analysé grâce à une intelligence artificielle", et "rendu lisible" facilement sur une interface, a détaillé Justin Martin, doctorant à l'Université de Liège.
Si le nez a prouvé son efficacité sur des "haleines artificielles", il doit désormais être testé en milieu hospitalier, sur des patients, a-t-il ajouté. L'appareil devra également être miniaturisé, pour pouvoir être testé et déployé.
"Notre espoir est de fournir des cabinets de médecine générale, notamment", en vue d'un premier dépistage "simple, non-invasif" des patients à risque, avant l'apparition de symptômes, a avancé le professeur Arnaud Scherpereel, chef du service de pneumologie-oncologie thoracique au CHU de Lille.
Selon le CHU, l'espérance de vie d'un patient diagnostiqué au stade précoce est de 90% à 5 ans, contre moins de 20% lorsqu'il l'est tardivement.
AFP/VNA/CVN