L'accord de paix aurait été conclu samedi sur une portion d'un district de la province de Badghis, frontalière du Turkménistan, qui n'est pas un bastion de la rébellion, mais où les insurgés ont gagné du terrain depuis 3 ans.
Il devrait permettre, dans cette zone, d'organiser normalement les élections présidentielles et provinciales du 20 août prochain, a estimé le porte-parole du président Hamid Karzaï, Siamak Herawi, en saluant "une première dans le pays" et en affirmant que "d'autres provinces" cherchaient à conclure de tels accords.
Cette annonce intervient alors que les violences dans le pays atteignent des niveaux inédits depuis 2001, nourrissant les inquiétudes avant les élections. La mission de l'ONU en Afghanistan a averti le 27 juillet, par la voix de l'un de ses porte-parole, Aleem Siddique, qu'il "y aurait des zones où il serait sans doute très difficile" d'organiser des élections.
La recrudescence des violences est en partie due à la multiplication des opérations militaires contre les talibans à l'approche des élections, dont l'offensive de 3.000 soldats britanniques dans le bastion rebelle de l'Helmand.
Londres a annoncé le 27 juillet la fin de sa première phase, la plus offensive, qui lui a permis d'"apporter la sécurité à 100.000 habitants" dans une zone comprise entre la capitale provinciale Lashkar Gah et la ville de Gereshk, soit une petite partie de l'Helmand, la plus grande province du pays (entre 700.000 et 1,4 million d'habitants, selon les estimations).
Les Britanniques vont désormais s'efforcer de "tenir" la zone et de "construire" des postes de sécurité, a précisé le ministère de la Défense. Le Premier ministre Gordon Brown a salué le courage "héroïque" de ses troupes, qui ont enregistré leurs pires pertes en Afghanistan (20 soldats tués depuis début juillet).
Dans la province de Badghis, l'accord de cessez-le-feu "est en vigueur depuis samedi dans le district de Bala Murghab", selon Siamak Herawi. Signé par les chefs de tribus locaux et les rebelles après 20 jours de négociation, il a permis le départ des talibans d'une partie du district, a-t-il ajouté. En échange, l'armée s'est retirée des positions qu'elle avait prises aux talibans dans la zone, a précisé le général Jalandar Shah Behnam, commandant de l'armée afghane dans l'Ouest.
Outre la préparation des élections, l'accord va permettre la reprise de la construction d'une route et d'autres projets de développement, a précisé le porte-parole de la présidence.
Selon les médias locaux, l'accord de cessez-le-feu a été signé par un homme se présentant comme un commandant taliban local. Mais cette annonce a été démentie par le principal porte-parole taliban, Yousuf Ahmadi. "Nous n'avons aucun accord de cessez-le-feu avec les autorités", a-t-il affirmé.
La conclusion d'un tel accord serait une victoire pour le président Hamid Karzaï, qui brigue un second mandat le 20 août prochain, et dont les adversaires dénoncent le "bilan catastrophique" en matière de sécurité.
Ce serait également la première fois que son administration réussit à signer un accord de paix avec les rebelles, qui ont jusqu'ici toujours refusé la main tendue par le président.
Face à la dégradation de la situation, les alliés internationaux du président Karzaï, notamment les États-Unis, ont récemment multiplié les appels au dialogue avec la frange la moins radicale de la rébellion, sans pour autant remettre en cause les offensives militaires actuelles contre les rebelles.
AFP/VNA/CVN