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La chaise “roi des éléphants” faite à partir d’os et de défenses d’éléphant. |
Photo : Kim Ngân/CVN |
Né en 1960 à Nam Dinh (Nord), Dang Minh Tâm, domicilié à Dà Lat, province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre), est aujourd’hui membre du club UNESCO pour la recherche et la collection d’antiquités du Vietnam.
En une trentaine d’années, il a collecté plus de 3.000 objets symboliques de la culture et des croyances religieuses des ethnies minoritaires du Tây Nguyên, notamment les Xê Dăng, les Ba Na, les Gia Rai, les M’nông et les K’Ho vivant dans les provinces de Dak Lak et Dak Nông, les Châu Ma et les Chu Ru à Lâm Dông.
Une collection d’objets très divers
Parmi ses trouvailles, il y a des instruments de musique traditionnels, des outils de chasse, de tissage et de ferme, des ustensiles de ménage… Dang Minh Tâm est également fier de sa collection de costumes traditionnels, de bijoux et de sacs à dos en osier utilisés par les minorités ethniques du Tây Nguyên.
À 18 ans, Tâm a commencé à travailler comme policier à Lâm Dông. Il s’est alors familiarisé avec la forêt, les villages et les habitants locaux dont il a gagné la sympathie.
En raison de son travail, il devait souvent déménager. Et chaque fois qu’il quittait un lieu, il se voyait offir par la population locale des instruments de musique, des costumes ethniques qu’il a gardés depuis. "Ces objets ont une grande valeur sentimentale car ils me relient avec les villageois de cette région", partage-t-il.
En effet, les hauts plateaux du Centre constituent une région où le passé et le présent se confondent, avec des paysages de montagnes et de forêts mystérieuses où l’on peut entendre résonner les gongs dans le lointain. "J’ai été vraiment impressionné par la diversité de la vie culturelle et spirituelle des ethnies minoritaires ici".
Parmi sa collection, des antiquités de grande valeur aussi bien matérielle qu’immatérielle. C’est l’exemple d’une grande jarre d’alcool de terre cuite de l’ethnie Ba Na fabriquée au XIIIe siècle. Ce grand vase a une valeur équivalente à 30 buffles.
Dang Minh Tâm possède également une autre jarre d’alcool très spéciale: c’est en fait deux jarres accolées de manière à évoquer une "Mère qui porte son petit", d’une valeur d’environ 11 buffles. Dans le passé, si quelqu’un tuait accidentellement un éléphant, il pouvait par exemple donner une grande jarre au propriétaire de l’animal pour compenser la perte.
Vieux vases en terre cuite fabriqués par des membres d’ethnies des hauts plateaux du Centre. |
Un autre objet précieux que l’ancien sous-colonel garde est une chaise faite d’os et de défenses d’éléphant, garnie de douzaines d’outils de chasse traditionnels attachés à la chaise.
En outre, Tâm collectionne des costumes traditionnels, dont des vêtements Châu Ma en fibres de gòng (un tissu traditionnel de cette ethnie) datant de plus de 200 ans.
Après le travail, Tâm se détend en jouant des instruments de musique traditionnels ou en écoutant de la musique chez lui. Il s’intéresse d’ailleurs particulièrement au son des gongs des communautés ethniques de la région. Pour lui, le Tây Nguyên est le royaume des fêtes traditionnelles de gong des ethnies minoritaires. "J’ai depuis longtemps une grande passion pour les sons du gong du Tây Nguyên, et j’ai fini par intégrer un groupe de musique de gong après des années d’apprentissage", confie-t-il.
Valoriser les traditions des minorités ethniques
Dang Minh Tâm sait parler le K’Ho, le Gia Rai et d’autres langues d’ethnies à un niveau de base, ce qui lui permet de communiquer avec les habitants.
Comprendre la culture des minorités ethniques l’a aidé à estimer les objets anciens qu’elles possèdent, ainsi qu’à sensibiliser les habitants à leur préservation et à leur valorisation. "Si vous ne connaissez pas leurs coutumes, vous ne pourrez pas retracer l’origine des antiquités", indique-t-il.
Tâm a rejeté de nombreuses offres d’acheteurs, prêts à payer de grosses sommes pour des objets de sa collection. "Ces vieilles choses ont pour moi une grande valeur spirituelle et ne pourraient être échangées contre quoi que ce soit", affirme-t-il.
Il réserve un espace de 300 m² dans son domicile à Dà Lat pour exposer sa collection, afin que visiteurs, chercheurs et étudiants puissent faire des recherches et se renseigner sur la culture des hauts plateaux du Centre.
Ne se contentant pas de sa collection, Tâm continue à passer son temps libre à chercher d’autres objets, dans le but de préserver les valeurs des ethnies et de les transmettre aux générations futures.