Un patrimoine doit être "un musée vivant"

À Hôi An et My Son, la population locale joue un rôle important dans la préservation du patrimoine. Partie inséparable de celui-ci, elle vit en harmonie avec l’héritage ancestral et profite ainsi du développement touristique.

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Touristes étrangers dans la vieille ville de Hôi An.
Photo : VNA/CVN

Les habitants créent et préservent le patrimoine
Nguyên Su, ancien secrétaire du Comité municipal du Parti de Hôi An

Conscients de la valeur de leur trésor, les habitants de Hôi An cherchent tous les moyens pour le préserver. Ainsi, je me rappelle que lors du processus d’examen du dossier sur la vieille ville en vue d’une reconnaissance en tant que patrimoine culturel mondial (en 1999), des membres du Conseil exécutif de l’UNESCO s’y sont rendus pour inspecter les activités de préservation. Ils ont constaté la bonne qualité du travail effectué et apprécié notamment le Statut de gestion et de préservation de Hôi An. Ce dernier, établi volontairement par la population locale et promulgué par les autorités, est strictement respecté par la quasi unanimité de la communauté.

À l’heure actuelle, ce qui me préoccupe le plus, c’est l’avenir du patrimoine. Je pense qu’il faut remédier aux lacunes du passé et valoriser les réalisations obtenues. Pour cela, nous devons agir avec amour et responsabilité. C’est bien plus important que de rester immobiles et de se souvenir, passifs, de la gloire d’antan.

Le mode de vie local : un filon touristique
Nguyên Thành Sang, directeur général de la sarl Phuoc Thinh

Le développement du tourisme à Hôi An et My Son a rapporté de grands changements dans la vie de la population locale. Si auparavant, un paysan peinait à vivre de la riziculture, actuellement, il est en mesure de s’enrichir en transformant ses champs en attraction touristique. De plus, à Hôi An, le mode de vie à la campagne est aussi une caractéristique culturelle attrayante pour les touristes étrangers qui, une fois sur place, désirent en faire l’expérience.

La politesse, l’hospitalité, l’honnêteté et la simplicité des locaux sont autant de facteurs qui séduisent les visiteurs à Hôi An. Avec l’essor du tourisme et l’arrivée des visiteurs étrangers, les habitants peuvent désormais vivre aisément de cette activité. Leurs enfants grandissent dans un environnement qui leur permet d’entrer en contact avec des civilisations, des cultures et des langues étrangères dès leur plus jeune âge. Je pense qu’il s’agit d’une opportunité en or que peu de gens ailleurs dans le pays ont la chance de posséder.

Bien vivre de l’agriculture
Pham Dinh Phong, riziculteur à Hôi An

Je suis né et ai grandi à Hôi An. Avant 1999, sans tourisme, la ville était très pauvre. Je l’ai quittée pendant plusieurs années pour gagner ma vie et quand j’y suis revenu en 2011, j’ai vraiment été surpris de voir sa physionomie changée. J’ai donc décidé de revenir. J’ai bâti une maison à proximité de ma rizière.

Outre la riziculture et l’élevage de canards, j’ai également développé un cheptel de buffles avec lesquels je fais du commerce : vente de bétail, location de buffles aux touristes étrangers pour des randonnées, photographies sur les champs… J’arrive à vivre de l’agriculture tout simplement car ici les touristes souhaitent faire l’expérience authentique de la vie paysanne. Je trouve de la joie dans ce que je fais. Avec mon métier, je peux subvenir aux besoins de toute ma famille. Nous vivons bien du tourisme.

Excellentes leçons sur la préservation
Pham Thi Thanh Huong, cheffe de la section culturelle de l’UNESCO au Vietnam

Je pense que Hôi An nous a prodigué d’excellentes leçons en matière de préservation. Il s’agit d’un patrimoine culturel matériel et immatériel, protégé par une relation de coopération étroite entre les autorités locales et la population.

Quant à My Son, ses réalisations d’aujourd’hui résultent des efforts considérables et des engagements à long terme de la part de tout un éventail d’acteurs différents : habitants locaux, décideurs politiques, gestionnaires, archéologues, architectes et défenseurs de l’environnement, entre autres.

Sanctuaire de My Son, patrimoine mondial de l'UNESCO.
Photo : VNA/CVN

La communauté a la plus grande contribution
Nguyên Chi Trung, directeur du Centre de gestion et de préservation du patrimoine culturel de Hôi An

Le succès derrière la remarquable préservation de Hôi An ou de My Son ne peut être attribué à tel individu ou tel groupe d’individus. Il appartient à une communauté composée d’organismes de gestion de l’État, de scientifiques, d’habitants, d’entreprises et même de résidents temporaires.

Cette communauté partage un seul et même objectif commun : préserver et promouvoir le patrimoine culturel au profit de tous. Bien que les organismes de gestion de l’État jouent le rôle de "chef d’orchestre", je veux également souligner le rôle crucial des habitants et entreprises. L’âme du patrimoine, ce sont eux. De plus, une des choses que je trouve les plus intéressantes et particulières à Hôi An, ce sont les expatriés étrangers et les locaux qui s’entendent et vivent en harmonie au sein du patrimoine, cela rend cette communauté d’autant plus spéciale.

Du point de vue de la préservation et de la promotion du site, je pense qu’à ce jour, Hôi An est préservée de manière relativement intacte en termes de paysages et d’espace architectural. Ici, le patrimoine vit également au travers des activités quotidiennes, des traditions, coutumes, comportements, cuisines et autres activités culturelles traditionnelles. L’UNESCO en a pris bonne note lorsqu’il a inscrit Hôi An sur la liste du patrimoine culturel mondial.

Par conséquent, notre responsabilité est de reconnaître et gérer Hôi An et My Son en tant que “musées vivants”. Pour ces musées, on ne se contente pas de simples activités de préservation ou d’exposition, mais l’important est de créer parallèlement des attractions économiques pour la communauté locale.


Linh Thao - Ba Dung/CVN

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