La gestion de l’eau, un enjeu pour l’avenir

La pénurie d’eau propre et la dégradation de sa qualité constituent un enjeu crucial au Vietnam. Les causes sont nombreuses, en majorité liées à l’activité humaine. Si rien n’est fait pour enrayer la situation, les pertes pourraient se chiffrer à 3% du PIB d’ici 2050.

L’eau, une ressource vitale à protéger.
Photo: Phuong Nga/CVN

Le problème de l’eau est planétaire. Un risque majeur de pénurie d’eau potable menace l’humanité. En septembre 2015, les dirigeants des 193 États membres des Nations unies (ONU) ont affirmé que "Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau" constituait l’un des 17 nouveaux Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030. Cet objectif intègre la notion de gestion transfrontalière de cette ressource, essentielle à la gestion durable mais aussi favorable à la paix et à la coopération.

L’agriculture, secteur le plus gourmand en eau

Au Vietnam, plus de 90% des ressources hydriques sont destinées à la production agricole et aquacole. Avec une capacité de régénération annuelle de 10.200 m3 par habitant, les ressources en eau du pays sont jugées assez élevées en Asie du Sud-Est et dans le monde. Grâce à un réseau fluvial dense, elles ont contribué à faire du Vietnam l’un des plus grands exportateurs de produits agricoles. Ses produits sont présents dans près de 200 pays et territoires à travers le monde.

L’eau est surconsommée par l’agriculture.
Photo: Van Thanh/VNA/CVN

Cependant, "l’agriculture est responsable d’une augmentation de la pollution des eaux", estime Hoàng Anh Tuân, directeur adjoint du Service des ressources en eau et de l’eau propre en milieu rural, relevant du Département général des ressources en eau (ministère de l’Agriculture et du Développement rural).

Les engrais et pesticides ont en effet contaminé les nappes d’eau souterraine et les eaux de surface. Alors que l’utilisation des terres s’est intensifiée, on constate que les paysans utilisent de plus en plus de pesticides, d’engrais et d’autres intrants chimiques. Ces derniers, s’ils ont permis de stimuler la production, ont aussi contribué à augmenter les perturbations sur l’environnement et la santé humaine.

Les déchets animaux sont une autre source de pollution importante dans beaucoup de localités, où l’eau est de très mauvaise qualité du fait du lisier des déjections porcines. Selon les statistiques, chaque année, plus de 67,6 millions de déchets d’élevage non traités sont déversés directement dans l’environnement.

Le lac de l'Ouest, le plus large de la capitale de Hanoï, est de plus en plus pollué.
Photo: Phuong Nga/CVN

"La qualité des ressources en eau douce est de plus en plus menacée par la pollution", souligne Hoàng Anh Tuân.

Un rapport du ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement montre que seulement 65% du volume d’eaux usées est traité dans les zones industrielles. Dans les zones urbaines et dans le secteur agricole, ce chiffre est, respectivement de 15% et 0%. La pollution demeure donc bel et bien présente.

L’urbanisation rapide pose également problème pour la gestion des ressources en eau, l’approvisionnement en eau potable et la propreté de l’environnement. À Hanoï, des centaines de milliers de mètres cubes d’eaux usées non traitées sont rejetés directement chaque jour dans les canaux et cours d’eau liées aux principales rivières dont Tô Lich et Kim Nguu, devenues depuis des années des "rivières mortes".

Situation identique à Hô Chi Minh-Ville, où certaines usines rejettent illégalement des produits polluants directement dans les cours d’eau. Ces pollutions sont une véritable catastrophe écologique non seulement parce qu’elles diminuent la qualité d’eau consommable disponible mais aussi parce qu’elles détruisent une partie de la faune.

Les six grands défis à relever

L’accroissement de la population entraînera d’ici quelques temps de gros besoins en eau.
Photo: Phuong Nga/CVN

L’eau de qualité devient donc rare. "Ce n’est pas parce qu’il y en a moins, mais parce que les besoins augmentent et la qualité de la ressource se détériore. Cette raréfaction résulte en grande partie d’une mauvaise gestion qui n’incite pas à utiliser l’eau de manière économique et à préserver sa qualité", déplore Nguyên Van Nghia du Département de gestion des ressources en eau, relevant du ministère des Ressources naturelles et de l’Environnement.

Toujours selon lui, le Vietnam fait face aujourd’hui à six grands défis. Premièrement, il ne dispose finalement que de peu de ressources en eau qui lui sont propre, arguant le fait que deux tiers du volume de ses eaux dans les rivières et fleuves proviennent d’autres pays, et ce alors que le mécanisme de coopération entre pays voisins n’est pas encore efficace. Deuxièmement, les besoins en eau potable des secteurs socio-économiques augmentent fortement tandis que le gaspillage est monnaie courante et les nappes d’eau souterraine continuent de diminuer. Troisièmement, l’urbanisation rapide, l’accroissement de la population et son souhait légitime de jouir de meilleures conditions de vie entraîneront d’ici quelques temps de gros besoins en eau, engendrant une forte pression sur la gestion et le développement des ressources disponibles. Quatrièmement, la pollution due aux activités de production et de la vie quotidienne. Cinquièmement, le changement climatique ne fera qu’empirer la situation, influant de plus en plus sur la production agricole. Cela pourrait causer des tensions dans les zones rurales. Sixièmement, les investissements pour la gestion et la protection des ressources en eau ne répondent pas encore à la demande.

Pour relever ces défis, la protection des ressources doit être considérée comme une tâche prioritaire en vue de maintenir les activités socio-économiques. C’est pourquoi il faut renouveler les méthodes de gestion, élaborer des politiques adéquates, améliorer les compétences des organismes concernés et des gestionnaires…

Il est nécessaire également d’attirer la participation du secteur privé dans la gestion de l’eau potable et la protection des ressources.

Phuong Nga/CVN

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