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Une Palestinienne vote aux élections municipales à Ramallah, le 13 may 2017. Photo : A |
Le Fatah du président Mahmoud Abbas et les candidats sans étiquette proches de lui devraient sans surprise rafler le plus grand nombre de sièges comme lors des dernières municipales de 2012, boycottées par le Hamas.
Ce dernier n'a pas présenté de liste sous son nom et a appelé du bout des lèvres à voter, après avoir dénoncé un scrutin "renforçant la division".
De 04h00 GMT à 16h00 GMT, 393.572 électeurs, soit "près de 50% des votants", ont déposé leur bulletin dans les 145 bureaux de vote installés dans des écoles de Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 50 ans par l'armée israélienne, a indiqué le président de la Commission électorale Hanna Nassir. Un taux "presque exactement le même qu'en 2012", a-t-il ajouté.
Les résultats définitifs seront connus dimanche 14 mai. Aucun scrutin national ne s'est tenu dans les territoires palestiniens depuis 2006.
Celui de samedi 13 mai a été de nouveau marqué du sceau de la division entre la Cisjordanie -dirigée par l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas- et la bande de Gaza -aux mains du Hamas depuis 10 ans- déjà séparées géographiquement par le territoire israélien.
Il s'est également déroulé dans un contexte de violences latentes. Après la mort vendredi 12 mai lors de heurts en Cisjordanie d'un Palestinien touché par des tirs de soldats israéliens, un Jordanien a été tué samedi 13 mai à Jérusalem-Est après avoir attaqué au couteau un policier israélien.
"Ca faisait longtemps"
La non participation de la bande de Gaza, avec ses deux millions d'habitants, scelle un nouvel échec des efforts de réconciliation interpalestiniens.
Le Premier ministre Rami Hamdallah a accusé le Hamas d'en être l'unique responsable car il a "interdit" cette élection à Gaza où il maintient "un gouvernement" concurrent entérinant "la séparation".
En Cisjordanie, à Ramallah, où siège l'Autorité palestinienne, Dona Kafri a voté dans le quartier cossu d'al-Tireh. Derrière un paravent, elle a coché l'une des quatre listes puis glissé son bulletin dans l'urne. Elle a ensuite trempé son doigt dans une encre indélébile bleue, de façon à ne pas pouvoir voter deux fois.
"Parce qu'on leur a donné nos voix, on pourra ensuite demander des comptes" aux élus, dit-elle à l'AFP. Pour Amjad Moustapha, un trentenaire qui dirige une société de matériel informatique, ce vote est "une occasion à ne pas rater car cela faisait longtemps qu'on n'avait pas participé à un événement démocratique".
Poids des familles
Le dernier vote national remonte aux législatives de 2006 remportées par le Hamas. Mais privé de sa victoire par l'Autorité palestinienne, il s'est lancé avec le Fatah dans une quasi guerre civile.
La dernière présidentielle remonte elle à 2005. Même si son mandat expirait officiellement en 2009, M. Abbas est toujours président faute d'accord avec le Hamas sur la tenue d'une nouvelle élection. C'est donc lui que rencontrera le président américain Donald Trump fin mai lors d'une visite en Cisjordanie et en Israël pour, dit-il, travailler à un accord de paix avec les Israéliens. Il était d'ailleurs samedi 13 mai en Russie, l'une des étapes d'une tournée diplomatique.
Sur 1,1 million d'électeurs inscrits en Cisjordanie, 70% étaient appelés à voter, a expliqué M. Nassir. Dans 181 circonscriptions, les habitants avaient formé par consensus une liste unique. Parmi les 4.400 candidats, le Fatah "est très représenté, mais les clans et les familles pèsent aussi largement", a-t-il ajouté.
Samir Bechari, un mécanicien qui s'appuie sur sa canne, a indiqué à l'AFP à la sortie du bureau de vote à Ramallah que son choix n'a "pas été que politique", car ce qui compte avant tout, c'est que "ceux qui gagnent prennent soin de la ville et de tous ses habitants".
Comme lors des précédentes municipales, il sera difficile pour les observateurs de dégager de véritables tendances, tant les enjeux et les liens locaux comptent pour les électeurs, alors que les affiliations politiques sont floues.
Mais pour Zina Masri, qui votait à Ramallah, "des élections municipales, c'est déjà mieux que rien" dans un pays où "la situation est différente de partout ailleurs dans le monde".