Népal : premières élections locales en 20 ans

Les Népalais ont commencé à voter dimanche 14 mai pour les premières élections locales en 20 ans, considérées comme une étape-clé de l'enracinement du fonctionnement démocratique dans la désormais république fédérale.

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Dans un bureau de vote de Thimi, près de Katmandou, le 14 mai 2017.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ce scrutin doit permettre au pays himalayen, meurtri par une décennie de guerre civile (1996-2006) qui a fait 16.000 morts et abouti à la chute de la monarchie hindoue pluriséculaire, de tourner la page ensanglantée du conflit.

Cette élection se déroule en deux phases en raison de l'instabilité dans les plaines du sud du pays frontalières de l'Inde, où la minorité ethnique Madhesi subordonne sa participation au scrutin au vote d'un amendement à la Constitution.

Les bureaux de vote ont ouvert à 7h00 du matin (01h15 GMT) dans trois provinces. En raison du risque de violences électorales, les quatre autres provinces devraient voter lors d'une seconde phase le 14 juin.

Les Népalais doivent choisir ceux qui parmi près de 50.000 candidats occuperont au total 13.556 postes électifs, allant de maire à conseiller de district. À Katmandou, la plus grande circonscription électorale, 878 candidats se présentent, et c'est sur un bulletin de vote de près d'un mètre que sont inscrits leurs noms.

Corruption

"Difficile d'attendre beaucoup de nos hommes politiques, qui ont toujours été égoïstes et ne travaillent pas pour le peuple", a déclaré à l'AFP Shova Maharjan, une femme au foyer de 41 ans qui a voté dans la capitale. "Mais j'espère que les choses changeront avec cette élection."

Aux termes de la nouvelle Constitution, le vote sera suivi d'élections provinciales puis nationales, ces dernières en janvier 2018 au plus tard.

Le mandat des représentants locaux élus en 1997 a expiré en 2002, au pire de la guerre. Depuis, les postes sont occupés par des bureaucrates, souvent nommés en fonction de leur allégeance à des partis politiques.

Faute d'élection, la corruption s'est nettement développée, nuisant au service public, qu'il s'agisse de la santé, de l'éducation et de l'administration en général. La nouvelle Constitution, adoptée en 2015 après presque dix ans de tractations, donne une plus grande autonomie aux gouvernements locaux dans la dépense des fonds qui leur sont alloués.

Cette mesure sera effective à partir du moment où des élections auront eu lieu et devrait contribuer, selon des experts, à diminuer la culture de rente dans l'administration. Pays parmi les plus corrompus d'Asie du Sud, le Népal occupe de 131e place sur 176 dans l'indice de perception de la corruption de Transparency International.

Pour Sharada Bhusal, militante anticorruption en vue, ces élections ne feront que cimenter le système de corruption en place. Selon elle, des bureaucrates déjà en fonction se présenteront et seront élus. "Cela va les légitimer dans le système", affirmait-elle récemment.

Certains analystes voient dans la profusion de candidatures une contestation de la domination des trois principaux partis - les maoïstes, le Congrès népalais (centre droit) et les nationalistes du CPN-UML (opposition).

Signe des tensions, une bombe a été désamorcée dimanche matin 14 mai près du domicile d'un candidat du CPN-UML à Bhaktapur, à 15 km à l'est de Katmandou. "Personne n'a été blessé", a déclaré à l'AFP Shyam Oliya, responsable de la police locale. Près de 231.000 membres des forces de sécurité sont mobilisés pour les deux phases du scrutin, selon le ministère de l'Intérieur.

AFP/VNA/CVN

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