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Un «aspirateur» flottant pour nettoyer les mers des hydrocarbures : une société française a mis au point un bateau capable d’aspirer en haute mer et par gros temps une nappe de pétrole flottant à la surface de l’océan, un navire présenté comme unique au monde.
Le SpillGlop-250 est un faux monocoque de 25 mètres de long et 7 mètres de large, dont le tout premier exemplaire a été acheté par Taïwan (Chine) et les suivants par d’autres pays étrangers, explique Robert Gastaldi, fondateur de la société Ecocéane qui l’a conçu, une entreprise basée à Paimpol en Bretagne (Ouest de la France).
SpillGlop-250 est un nouveau bateau de lutte contre la pollution. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
«Il s’agit en fait d’un catamaran dont les deux coques sont reliées au-dessus et en-dessous. La proue s’ouvre pour laisser entrer l’eau à l’intérieur et, pour en capter davantage, deux mâchoires auto-flottantes s’abaissent à l’avant», détaille-t-il.
50.000 mètres cubes par heure
Ainsi le SpillGlop ratisse plus large et améliore les capacités de nettoyage : jusqu’à 50.000 mètres cubes par heure, avec une récupération des hydrocarbures flottants allant jusqu’à 100%, et ce, même par vent de force 6 à 7. C'est le seul bateau au monde à pouvoir travailler par ces conditions météorologiques, assure Eric Vial, directeur d'Ecocéane. Les autres ne peuvent évoluer que par temps calme.
À l’intérieur du bateau, l’eau passe dans une sorte de canal entre les coques. Le pétrole étant plus léger que l’eau, celui-ci se retrouve en surface où il est aspiré par une pompe et stocké à bord, dans une limite de 120 mètres cubes, ou directement envoyé via une conduite dans un cargo à proximité.
Le SpillGlop peut œuvrer même lorsque les hydrocarbures et l’eau se sont mélangés en une émulsion : «Lorsque cette +mayonnaise+ se développe, le bateau s’arrête pendant environ une heure, le temps de chauffer l’eau à bord à 35°C pour séparer les éléments et pouvoir aspirer le pétrole», détaille Eric Vial.
Différents bateaux
Ecocéane développe toute une gamme de «bateaux-aspirateurs» : le Cataglop, destiné au nettoyage portuaire des déchets solides et liquides, le Workglop, bateau de travail et de récupération des mêmes matériaux aux abords des plateformes pétrolières et dans les grands ports commerciaux, et, enfin le SpillGlop, pour les mêmes tâches mais en haute mer. Ces navires existent en plusieurs gabarits et Ecocéane a déjà vendu plus d’une centaine de Cataglop et deux Workglop.
Le SpillGlop-250 a été lancé fin avril à La Rochelle (Ouest), en présence de plusieurs délégations internationales : Taïwan, Nigeria, Égypte, Angola, Qatar et Russie. Mais pas la France ni aucun pays européen... Car «nous sommes confrontés à un paradoxe administratif français», se désole Robert Gastaldi.
«Depuis 2009 et le tout premier prototype de +SpillGlop+, nous sommes invités à des voyages avec le président de la République. Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, nous a présentés au président de l’Angola, et le ministère de l’Écologie nous parraine. Mais nous ne sommes pas reconnus en France par les organismes chargés de la lutte contre les pollutions, le Cedre (Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) et le Ceppol (Centre d’expertises pratiques de lutte antipollution)», explique Robert Gastaldi.
Si le Cedre a validé le Cataglop, il n’a pas pu en faire autant pour le SpillGlop car le bassin d’essai du Cedre est trop petit pour accueillir le navire, selon Robert Gastaldi. Du coup, le dossier n’a pas été transmis à l’Agence européenne pour la sécurité maritime (EMSA). Mais le Cedre a conseillé à Ecocéane d’aller présenter son bateau à l’Ohmsett américain, organisme spécialisé dans la lutte contre les marées noires, et celui-ci a reconnu le concept comme unique au monde, indique le fondateur d’Ecocéane.
Créée en 2003, la petite entreprise bretonne voit désormais grand. Elle emploie 25 personnes pour un chiffre d'affaires de cinq millions d’euros, mais Robert Gastaldi table déjà sur 25 à 30 millions d’euros en 2016 et 150 millions d’euros en 2019. «D’ici là, nous aurons créé environ 1.200 emplois, dont 800 en France», assure-t-il.