Un artisan s’efforce de redonner vie aux tò he

Une scène de danse de la licorne pour la Fête de la mi-automne, cinq tigres majestueux, un ensemble de quatre gracieuses femmes tiré des estampes populaires de Hàng Trông... Les tò he de l’artisan Dang Van Hâu font toujours autant briller les yeux des enfants.

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L'artisan de "tò he" Dang Van Hâu au travail.

Dang Van Hâu est né en 1985 dans une famille attachée depuis plusieurs générations au métier du modelage des tò he (figurines en pâte de riz gluant colorées), dans le village de Xuân La, commune de Phuong Duc, district de Phu Xuyên (en banlieue de Hanoï). Il est ainsi entouré de ces jouets populaires depuis l’enfance. Il a commencé à les fabriquer en 2003.

Au cours de sa carrière, il a reçu de nombreuses récompenses lors de foires de villages artisanaux. En 2013, il a obtenu le titre d’"Artisan de Hanoï", devenant ainsi l’un des plus jeunes artisans de la capitale.

"Dans notre pays, mon village (de Xuân La, Ndlr) n’est pas le seul à produire des figurines en pâte. Il existe de nombreux villages artisanaux qui en fabriquent, notamment des figurines à base de manioc dans le chef-lieu de Huong Thuy (province de Thua Thiên Huê au Centre) ; des +tò he+ sont également confectionnés dans l’ancien village de Hoàng Giap, aujourd’hui village de Hoàng Duong, commune d’An Lâm (district de Nam Sach, province de Hai Duong au Nord)”, raconte Hâu.

Jouets populaires

Figurines folkloriques fabriquées par l'artisan Dang Van Hâu.
Figurines folkloriques fabriquées par l'artisan Dang Van Hâu.
Figurines folkloriques fabriquées par l'artisan Dang Van Hâu.

Le tò he, jouet traditionnel d’autrefois est moins populaire aujourd’hui. Préserver et développer cet artisanat comporte de nombreux défis, en particulier face à la recrudescence de jouets technologiques.

L’ingrédient initial utilisé pour leur fabrication était la farine de riz ordinaire, puis elle a été remplacée par du riz gluant. L’avantage étant qu’il n’est pas nécessaire de le cuire à la vapeur et qu’on peut donc l’apporter aux fêtes de villages pour le préparer directement sur commande. Avec de la simple farine de riz gluant et des colorants naturels tels que du gấc (momordique) pour le rouge, du curcuma pour le jaune, des feuilles de galanga pour le vert et du nhọ nồi (une plante grimpante) pour le noir, les artisans confectionnent de très jolies œuvres.

"En 2008, lorsque je travaillais comme collaborateur au Centre de recherche et d’assistance des enfants (Cenforchil) de l’Union vietnamienne des associations scientifiques et technologiques, je me rendais souvent dans des régions reculées de la province de Hoà Binh (Nord), notamment au bourg de Muong Khên (district de Tân Lac), pour apprendre aux enfants à modeler des +tò he+. Ils adoraient. J’ai aussi eu l’occasion d’aller dans le centre-ville de Hanoï pour fabriquer des +tò he+ à l’occasion de la Fête de la mi-automne. J’ai constaté que les enfants des villes et des campagnes avaient tous un point commun : ils adoraient ces jouets traditionnels. Dès lors, j’ai compris que je ne pouvais pas laisser disparaître cet artisanat porteur de joie pour tout le monde, surtout pour les enfants", partage l’artisan.

Il souligne : "En collaboration avec le chercheur Trinh Bach et Pham Thi Nguyêt Anh, dernière fabricante de figurines en pâte du quartier hanoïen de Dông Xuân, j’ai restauré des figurines de Phu Xuyên, de Dông Xuân et de Phô Khach (aujourd’hui rue Hàng Buôm à Hanoï) disparues depuis plus d’un siècle. Ces trois produits ont chacun leurs propres caractéristiques. Sur cette base, nous créons de nombreux nouveaux jouets".

Les artisans peuvent créer des figurines uniques et impressionnantes jusque dans leurs moindres détails. Chaque œuvre présente des différences de matériau, de couleur et de forme. Certains jours, M. Hâu travaille une seule et unique figurine.

Cadeaux artisanaux

Figurines folkloriques fabriquées par l'artisan Dang Van Hâu.

Ce jeune homme fabrique non seulement des tò he inspirés de thèmes modernes (soldats, voitures, fleurs, super-héros…) pour les vendre sur les marchés, mais il développe également des figurines plus folkloriques (les cinq tigres, les quatre filles, les trois lions…) qui demandent bien plus de temps et de maîtrise technique.

"La fabrication des figurines en pâte comporte trois facteurs déterminants. Premièrement, la couleur qui doit être magnifique, deuxièmement, le style et la forme, troisièmement, l’histoire culturelle associée à la figurine. Voyant des touristes acheter ces jouets comme cadeaux, j’ai fait des recherches pour créer une pâte qui puisse durer plus longtemps (jusqu’à 2 ans) et qui soit de meilleure qualité afin que les touristes puissent en rapporter chez eux", précise l’artisan.

Avec la volonté de perpétuer la tradition et de préserver cet artisanat traditionnel de son village natal, M. Hâu donne depuis de nombreuses années des cours gratuits à domicile. Il enseigne avec enthousiasme à ses élèves comment prendre la pâte en main et façonner les personnages. Tout en enseignant, il raconte des récits historiques et populaires liés aux personnages.

"J’ai commencé à apprendre l’année dernière. Je crée des figurines folkloriques ou modernes. Je trouve que ce n’est ni trop facile ni trop difficile. Le plus compliqué, c’est le modelage des petits détails comme le visage, le nez et les parties du corps du personnage", fait savoir Hai Son, apprenti modeleur de tò he.

"Dans l’avenir, j’envisage de créer des objets en pâte à destination des touristes. Le deuxième axe du développement durable de ma profession est la promotion de l’apprentissage, ce qui permettra alors d’élargir l’échelle de production", souhaite Dang Van Hâu.

Au cours de ses presque 20 ans de métier, l’artisan Dang Van Hâu a apporté de nombreuses contributions importantes à la préservation, à la promotion et au développement de son métier. Face aux jouets modernes, ses figurines se distinguent par leur beauté simple mais qui ne laisse personne indifférent. Les yeux émerveillés des enfants demeurent pour lui la principale motivation pour préserver un savoir-faire séculaire et lui redonner une place dans le Vietnam du XXIe siècle.

Texte et photos : Quê Anh/CVN

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