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La passion de la médecine
Le docteur Tuât (blanche, droite) examine les travaux d'installation des équipements chirurgicaux |
À son retour du champ de bataille cambodgien en 1982, Dào Canh Tuât alors tout jeune homme est hospitalisé pendant plus de six mois à l'Hôpital militaire 175 pour de graves blessures. Cette expérience détermine son rêve d’être médecin. Surmontant toutes les difficultés, le jeune homme se consacre sans relâche à préparer sa future carrière par des études à l'Université de médecine et de pharmacie de Hô Chi Minh-Ville.
Après l’obtention de son diplôme, il travaille en tant que médecin dans de grands hôpitaux publics de Hô Chi Minh-Ville tels que l'hôpital Cho Rây, l'Hôpital de la poste, l'Hôpital du peuple 115, etc. Sa carrière semble d’autant plus prometteuse qu’il poursuit des études de théorie politique avancée, tout en analysant la situation du système de santé public et en en tirant ses propres conclusions.
Au cours de son expérience dans les hôpitaux publics, il estime que les réglementations de l’État restent encore compliquées, rigides et parfois inadaptées à la réalité. Elles sont des obstacles qui entravent la flexibilité et la créativité des managers et des médecins. En conséquence, la qualité des services médicaux ne répond pas aux besoins des patients, d'où le déséquilibre entre l'offre et la demande. Le médecin décide alors de changer de direction. “En tant que médecin dans un hôpital public, je ne pouvais soigner que 50 à 60 patients par jour au maximum. Mais avec mon propre établissement, je pouvais espérer changer la perception des patients et le comportement professionnel des agents médicaux, dans le but de traiter un plus grand nombre de patients chaque jour”, partage-t-il.
Il décide de tracer son propre chemin : la médecine privée. Beaucoup de gens le juge alors “toqué” de préférer la difficulté au confort. À cette époque, l'absence de cadre juridique pour les soins de santé privés et le manque d’investissements et de ressources humaines rendent sa décision extrêmement risquée. Cependant, à l’image des pays développés, il aspire à diriger son propre hôpital pour apporter les meilleurs services médicaux aux patients, comblant ainsi le vide laissé par le système de santé publique.
Le pionnier
L'hôpital Van Phuc est en train d'achèvement pour servir la population de ville. |
En 1998, Dao Canh Tuât quitte Hô Chi Minh-Ville pour Bình Dương, une localité à la politique ouverte, pour y ouvrir sa première polyclinique privée. Grâce à des services de haute qualité à des prix attractifs, la polyclinique An Bình attire un grand nombre de patients - des ouvriers. Il se trouve que les besoins sont grands en termes de soins de santé, et ce pour plusieurs raisons : diverses maladies, environnement de travail difficile et temps limité. Bien que bénéficiant de l’assurance maladie, la plupart des ouvriers n’y ont pas recours. Car dans les hôpitaux publics, la prise en charge de l’assurance maladie est seulement appliquée pendant les heures d'accueil. Face à ce constat, Dao Canh Tuât formule une idée novatrice.
Il convainc les dirigeants, le Service de la santé, l'Agence de sécurité sociale, etc. de la province d'autoriser sa polyclinique à fonctionner avec prise en charge par l’assurance maladie. Après plusieurs tentatives, en 2000, la polyclinique An Bình devient le premier établissement privé autorisé à appliquer le remboursement de ses soins par l’assurance maladie, attirant ainsi de plus en plus de patients-ouvriers. À ce succès s’ajoute la fondation de l'hôpital général My Phuoc en 2006, de l'hôpital général Van Phuc 1 en 2011 et de l'hôpital général Van Phuc 2 en 2013.
Sur le terrain et en pratique, ce système pose tout de même différents problèmes, notamment pour ce qui est de procéder au règlement final. Après mûre réflexion, Dao Canh Tuât propose hardiment aux dirigeants provinciaux et à la Sécurité sociale du Vietnam d’accepter l’utilisation de la Caisse d’Assurance Maladie directement dans son hôpital sous la forme d’un fonds contractuel. L’idée est approuvée et l’hôpital général My Phuoc devient le premier établissement de santé privé du pays à tester le modèle de fonds contractuel en 2009. Suite à son efficacité, le ministère de la Santé approuve la généralisation du modèle à l'échelle nationale en 2010.
Selon Huynh Van Nhi, ancien directeur du Service de la santé et ancien vice-président du Comité populaire de Bình Duong, le docteur Đào Canh Tuât est un pionnier dans le domaine, et travaille avec la plus grande efficacité. À l’époque de la naissance de ses idées innovantes concernant les soins de santé pour les ouvriers, celles-ci ont tout de suite été très appréciées par les dirigeants locaux et le Service de la santé.
Le laboratoire est investi avec les appareils d'analyse avancés. |
Contrairement aux investisseurs hospitaliers sans compétences médicales, Dào Canh Tuât donne la priorité à la qualité de ses services médicaux et non aux profits. Malgré les questions d'équilibre budgétaire, il met toujours de côté un petit fonds pour rendre l’assurance maladie accessible aux patients pauvres. “Bien que nous soyons un hôpital privé, aucun patient n’est refusé chez nous. Dans notre hôpital, tout le monde reçoit des soins et des traitements en temps et en heure. La vie des patients doit toujours passer en premier”, a-t-il déclaré. Le nombre de patients de ses hôpitaux est d’ailleurs en hausse au fil du temps.
Ces dernières années, la vague de vietnamiens partant à l'étranger pour des soins médicaux a déclenché son intention d'établir un hôpital moderne qui réponde aux normes internationales. À son retour à Hô Chi Minh-Ville, il construit l’hôpital général Van Phuc City avec des agents médicaux experts et des équipements modernes, tels que des robots de chirurgie crânienne et vertébrale (navigation), des caméras 3D, une système d’angiographie par soustraction numérique (DSA), l'imagerie par résonance magnétique (IRM), la tomodensitométrie (CT), etc. Son objectif est d’établir une destination médicale attirant à l’avenir les patients étrangers.
“Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas”, au fil de 25 années de construction et de développement du système de santé privé au Vietnam, la priorité absolue de Dào Canh Tuât est toujours restée la protection et les soins de santé pour tous, quelles que soient les difficultés.
Texte et photos : Quang Châu/CVN