Le médecin Trinh Van Vuong. Photo : TVV/CVN |
Trinh Van Vuong est né en 1981 dans le district de Thuy Nguyên, à Hai Phòng, une ville portuaire très animée du Nord où il aurait pu aisément trouver un travail bien rémunéré dans un hôpital. Mais le jeune homme a choisi une voie pleine de défis : partir s’installer à Bach Long Vi, district insulaire connaissant à l’époque, en 2005, de nombreuses difficultés.
Vuong explique : “Mes parents sont décédés alors que j’étais encore petit. Au cours de mon enfance, j’allais souvent à la pêche en mer avec mes proches durant mes vacances scolaires. Peut-être est-ce la raison pour laquelle mon amour pour la mer et les îles n’a cessé de croître. Lorsque j’ai terminé mes études en soins infirmiers, la ville de Hai Phòng a lancé un programme de mobilisation des jeunes pour s’établir sur l’île de Bach Long Vi. Je m’y suis immédiatement inscrit”.
Bach Long Vi, littéralement “Queue de dragon blanc”, située dans le golfe du Bac Bô, est à 133 km de la ville de Hai Phòng. L’île la plus reculée du Nord-Est occupe une position stratégique dans la défense et la sécurité, la protection de la souveraineté insulaire et le développement économique maritime du pays.
Centre médical militaire et civil de Bach Long Vi, à Hai Phong (Nord). |
Photo : SKDS/CVN |
Vuong avoue s’être senti enthousiasmé par l’île dès l’instant où il y a posé le pied : l’air pur, la mer bleue, la sincérité et la sympathie de ses habitants en dépit de leurs conditions de vie effectivement difficiles l’ont tout de suite ému et séduit.
“Ayant une forte volonté, je ne reculais pas devant les difficultés. Mais un seul souci se posait pour moi : dans de telles conditions (pas même d’eau douce), comment pouvais-je garantir des soins de santé aux insulaires et améliorer leurs conditions de vie ?”, raconte-t-il.
À son arrivée en 2005, Vuong a été affecté comme infirmier au Centre médical de Bach Long Vi où les conditions d’examen et de traitement présentaient de nombreuses lacunes faute d’électricité, d’eau douce et de moyens de transport des patients de l’île vers le continent. En effet, pour aller du continent à l’île et vice versa, il fallait attendre entre deux semaines et un mois un bateau transportant de la nourriture et des produits de première nécessité.
“Pour les cas de patients graves nécessitant d’être transportés sur le continent pour y être soignés, nous étions obligés d’embarquer à bord d’un bateau en bois pendant plus de dix heures. À bord avec les médecins qui surveillaient le patient, nous, les infirmiers, devions maintenir les flacons de perfusion pour éviter qu’ils ne soient secoués ou brisés...”, se souvient-il.
Maîtrisant bien la technique d’anesthésie intraveineuse, M. Vuong (centre) contribue à renforcer l’équipe chirurgicale à Bach Long Vi pour intervenir à temps les cas d’urgence. |
Photo : TVV/CVN |
Quelques années plus tard, le Centre médical de Bach Long Vi a fusionné avec l’infirmerie militaire de l’île pour devenir le Centre médical militaire et civil. Les conditions d’examen et de traitement s’en sont considérablement vues améliorées.
Devenir anesthésiste
Après quatre ans de travail sur l’île, fin 2009, Vuong a rencontré Hoàng Thi Viêt Hà, une employée du port de croisière touristique de Bach Long Vi. Ils se sont mariés et Vuong a décidé de suivre ensuite des études de médecine générale. Bach Long Vi manquant d’anesthésiologistes, Vuong a été envoyé suivre aussi des formations en la matière. De retour sur l’île, il s’est spécialisé en techniques d’anesthésie intraveineuse chirurgicale.
Pour un centre médical situé loin du continent comme celui de Bach Long Vi, amener les patients à terre pour une intervention chirurgicale n’est pas chose facile. Depuis que Vuong maîtrise l’anesthésie intraveineuse, la plupart des soins d’urgence impliquant de la chirurgie ont pu être mis en œuvre sur place.
Les accouchements par césarienne, les appendicites et les interventions chirurgicales courantes qui nécessitaient auparavant le transfert du patient sur le continent sont désormais pris en charge sur place par Vuong et l’équipe chirurgicale du centre.
Le médecin dévoué et sa femme sont aujourd’hui parents de deux enfants. En particulier, la famille de la femme de Vuong vit sur l’île depuis trois générations et fait partie des sept premières à s’y être installées dès la création du district insulaire en 1993.
L'île de Bach Long Vi vue d'en haut. |
Photo : An Đang/VNA/CVN |
Fort des trois décennies d’observation du développement et de l’évolution de l’île, Hoàng Van Hùng, le beau-père de Vuong, admet que ces dernières années, les soins de santé y ont fait de nombreux progrès : l’équipe médicale s’est formée pour améliorer ses compétences, le centre médical est doté de nouvelles technologies... Grâce à quoi, les examens médicaux et les protocoles de traitement ne cessent de s’améliorer, permettant d’intervenir à temps et sur place auprès des patients dans les situations les plus graves et sans avoir besoin de les transporter vers le continent.
“Je n’ai jamais regretté d’avoir choisi un district insulaire aussi reculé comme lieu de travail et de poursuite de ma carrière. J’y ai vécu mes plus belles années de jeunesse et fondé une famille heureuse. Cette vingtaine d’années a été un long voyage avec de nombreux défis, mais nous gardons toujours notre optimisme. C’est ma femme qui m’a encouragé à me consacrer à la prise en charge des soins de santé des insulaires”, affirme l’anesthésiste.
Linh Thao - Lý Nam/CVN