Un an après Novi Sad, la Serbie manifeste et rend hommage aux victimes

Un an jour pour jour après l'accident mortel de la gare de Novi Sad, des dizaines de milliers de personnes sont attendues samedi 1er novembre dans cette ville du Nord de la Serbie pour une manifestation en hommage aux 16 victimes et pour demander transparence, justice et élections.

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Large rassemblement en hommage aux victimes de l'accident de la gare de Novi Sad, le 31 octobre 2025 dans cette ville du Nord de la Serbie. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Arrivés pour certains dès vendredi soir 31 octobre, à pied, en voiture ou à vélo, les manifestants sont attendus en fin de matinée devant la gare, où ils observeront 16 minutes de silence à partir de 11h52 (10h52 GMT).

C'est à cette heure précise que, le 1er novembre 2024, l'auvent en béton de la gare tout juste rénovée s'est effondré, tuant 14 personnes sur le coup, dont deux enfants. Deux blessés décéderont plus tard, portant le bilan à 16 morts.

Cet accident a lancé l'un des plus vastes mouvements de contestation qu'ait connus le pays, dont les étudiants ont rapidement pris la tête. Il est devenu, pour les opposants au président de droite nationaliste Aleksandar Vucic, l'emblème de la corruption qui touche les chantiers de travaux publics, qui se sont multipliés ces dernières années.

En 2024, en établissant son indice de perception de la corruption, l'ONG Transparency International a attribué à la Serbie un score de 35 sur 100 (sur une échelle allant de 0, très corrompu, à 100, très honnête), soit 31 points de moins que la moyenne européenne (64).

Marche de 350 km

De nombreux manifestants étudiants arrivent à Novi Sad en provenance de Novi Pazar, le 31 octobre 2025, pour y rendre hommage aux victimes de l'accident survenu dans la gare de cette ville du Nord de la Serbie un an plus tôt. 
Photo : AFP/VNA/CVN

"Tous ceux qui, en Serbie, sont contre la corruption, le crime, et le parti au pouvoir" se sont donnés rendez-vous, expliquait, ému, vendredi soir 31 octobre Ratko Popovic, 47 ans, au milieu de milliers d'autres personnes venues accueillir les étudiants venus à pied des quatre coins du pays.

Ceux de Novi Pazar (Sud) sont arrivés peu après 20h00 sous les acclamations après plus de 350 km et 16 jours de marche.

Depuis plusieurs mois les étudiants ont adopté comme moyen d'action ces longues marches, espérant ainsi toucher le maximum de villes et villages pour expliquer leurs revendications et lutter contre le portrait que dressent d'eux les médias proches du pouvoir en les décrivant régulièrement comme des "terroristes" payés par des puissances étrangères.

Samedi 1er novembre, après l'hommage silencieux, ils prévoient des discours, des lectures, et une marche jusqu'au Danube.

Trois enquêtes

Majoritairement pacifiques, les manifestations organisées depuis un an ont été émaillées cet été de violences opposant partisans du président et manifestants, dont plusieurs centaines ont été arrêtés. La répression s'est durcie envers le mouvement, poussant la semaine dernière le Parlement européen à adopter une résolution qui "soutient le droit des étudiants et citoyens serbes à manifester pacifiquement" et "condamne fermement la répression d'État".

De son côté, le gouvernement a décrété vendredi 31 octobre que samedi 1er novembre serait un jour de deuil national, appelant le pays à mettre les drapeaux en berne.

Dans une adresse à la nation en fin d'après-midi vendredi 31 octobre, après avoir pendant des mois accusé les étudiants de vouloir le renverser et d'être payés pour manifester, le président a dit avoir "tenu des propos (qu'il) regrette".

"Je m'en excuse", a ajouté Aleksandar Vucic, appelant au dialogue, sans pour autant mentionner les élections anticipées que réclament les manifestants depuis des mois.

Parmi les revendications figurent également une enquête transparente et la condamnation des responsables de l'accident.

Au total, trois enquêtes sont ouvertes : une à Novi Sad sur l'accident, une autre menée par le parquet spécialisé dans la lutte contre le crime organisé et la corruption, sur les soupçons de corruption à hauteur de millions d'euros dans la rénovation, et une menée par le bureau du procureur public européen (EPPO) portant sur un éventuel détournement de fonds européens lors de la reconstruction.

Dans la première, le parquet a demandé mi-septembre un procès pour 13 personnes, dont deux anciens ministres.

AFP/VNA/CVN

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