Un an après le confinement, Wuhan veut tourner la page

Elle avait des allures de ville fantôme et ses habitants étaient pris de panique : Wuhan, remise du traumatisme du COVID-19, marque samedi 23 janvier le premier anniversaire de son confinement, alors que le coronavirus ravage désormais le reste du globe.

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Des habitants de Wuhan (Chine) dansent dans un parc de la ville, un an après le confinement.

L'immense métropole du Centre de la Chine a été fin 2019 la première ville du monde frappée par ce qui n'était alors qu'un mystérieux virus tueur. Et le 23 janvier 2020, alors que le bilan officiel faisait état de 17 morts, le pouvoir communiste ordonnait la mise sous cloche de la ville pour stopper l'épidémie.

La nouvelle donnait au monde le signal qu'une grave épidémie menaçait. À Wuhan, la décision, annoncée en pleine nuit, avait pris par surprise 11 millions d'habitants. Gares et aéroports fermés, routes bloquées, transports à l'arrêt et commerces cadenassés: pendant 76 jours, Wuhan s'est retrouvée coupée du monde, avec des habitants terrés chez eux par peur du virus et des hôpitaux submergés de malades.

Un an plus tard, rien ne rappelle cette ambiance apocalyptique. Par un temps brumeux et pollué, les habitants s'adonnent samedi matin à leurs exercices le long du Yangtsé, tandis que des groupes de retraités dansent dans un parc.

Épicentre de l'épidémie, la ville apparaît aujourd'hui comme un havre de paix sanitaire, au regard du reste du monde. En témoignent les soirées déjantées en boîte de nuit où la jeunesse savoure une liberté retrouvée, pendant qu'une grande partie de la planète applique désormais couvre-feu et distanciation.

"Un survivant

Huang Genben, un "survivant" du COVID-19, le 21 janvier 2021 lors d'un entretien avec l'AFP à Wuhan.

"Je me sens tout à fait en sécurité. La situation est maîtrisée et ne fait plus peur", indique à l'AFP Li Wenfu, un quinquagénaire au visage néanmoins couvert par un masque noir.

Car si Wuhan n'a plus enregistré de nouveaux cas de COVID-19 depuis mai dernier, la menace du virus demeure. Ces dernières semaines, plusieurs régions de Chine ont reconfiné une partie de leur population après des regains épidémiques limités. Un contexte qui rappelle aux Wuhanais leur sacrifice pour venir à bout du virus.

Huang Genben, qui s'attendait à mourir et "crachait du sang", a passé l'an dernier 67 jours sur un lit d'hôpital. "La nuit quand je fermais les yeux, je ne savais pas si je les ouvrirais à nouveau", raconte cet ancien mécanicien de 76 ans, qui se considère comme un "survivant".

Aujourd'hui remis sur pied et sans séquelles, il n'a pas hésité à faire 600 km à vélo pour aller remercier personnellement ses médecins -- envoyés à l'époque en renfort à Wuhan. Un an après la mise en quarantaine de la ville, aucune célébration officielle n'est attendue mais la propagande bat son plein.

Un film documentaire est sorti vendredi 22 janvier dans les cinémas du pays pour rendre hommage aux sauveteurs et au "sacrifice" de milliers d'anonymes au plus fort de l'épidémie.

"Oublier la douleur

Des hommes font de l'exercice dans un parc de Wuhan, le 23 janvier 2021.
Photo : AFP/VNA/CVN

Intitulé "Jours et nuits à Wuhan", il montre des médecins courageux face au virus, aux petits soins pour leurs patients, dans des hôpitaux où la situation apparaît toujours soigneusement maîtrisée. Le film évite de s'appesantir sur les morts et la panique qui s'était emparée de la ville début 2020.

"C'est un bon film mais qui ne va pas assez en profondeur", estime Dong Chanchan, une spectatrice. "Beaucoup de gens voudraient oublier la douleur. Mais les choses ont eu lieu, on doit l'accepter de manière objective", affirme la jeune femme.

Sur les 4.635 décès liés au coronavirus officiellement recensés en Chine, l'immense majorité l'a été à Wuhan. Le pays a depuis largement maîtrisé l'épidémie sur son sol. Mais le virus s'est répandu à la surface du globe, avec un bilan de plus de 2 millions de morts.

L'arrivée la semaine dernière d'une équipe de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est venue rappeler que Wuhan est au centre de l'enquête internationale sur l'origine du virus. Le premier mort connu du COVID-19, un homme de 61 ans, y avait l'habitude de faire ses courses dans un marché où étaient vendus vivants des animaux sauvages.

Plus d'un an après le début de la pandémie, les enquêteurs de l'OMS devraient pouvoir débuter leur travail de terrain la semaine prochaine, au terme de leur quarantaine.


AFP/VNA/CVN

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