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Des masques FFP2 fabriqués à l'usine Moldex-Metric de Walddorfhaeslach, en Allemagne, le 20 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
FFP2 : le bouclier
Ce sont les masques les plus filtrants, puisqu'ils bloquent 94% des aérosols, les particules les plus fines (autour de 0,6 micromètre). Théoriquement réservés aux soignants, ils ont pour but de protéger la personne qui les porte, lors de situations particulièrement à risques.
Pour cela, ils épousent la forme du visage et ne baillent pas, contrairement aux autres masques. FFP2 est l'appellation européenne, mais des équivalents existent ailleurs (comme les N95 sur le continent américain).
Face à l'émergence de variants plus contagieux du coronavirus, l'Autriche et la Bavière ont décidé d'imposer le FFP2 dans les commerces et les transports. Une décision qui ne fait toutefois pas l'unanimité.
"Les rendre obligatoires peut poser de nombreux problèmes", indique KK Cheng, directeur de l'Institut de recherche appliquée en santé de Birmingham et grand partisan du port du masque en population générale.
Certains spécialistes font valoir que ces masques quasi-hermétiques sont plus contraignants à porter car il faut faire davantage d'efforts pour respirer.
Autre obstacle : ils coûtent plus cher.
"Ça n'est pas supportable pour la population générale de porter des masques à 1 euro pièce que toute la famille doit changer régulièrement", déclare le Dr Michaël Rochoy, cofondateur du collectif français Stop-Postillons, qui a insisté très tôt sur l'utilité des masques contre le COVID-19.
Graphique expliquant schématiquement le niveau de filtration offert par différents masques. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le Dr Rochoy souligne aussi l'importance d'une protection homogène : "On peut carrément aller jusqu'à porter des scaphandres mais si à midi on se retrouve tous à manger à la même table, en cantine scolaire ou en restaurant d'entreprise, ça ne sert à rien."
Masques chirurgicaux : le passe-partout
Également issus du milieu médical, ces masques en matière plastique (le polypropylène) ont fait irruption dans nos vies avec le COVID-19. Tout le monde ou presque sait désormais qu'on les porte face blanche sur le visage et bleue vers l'extérieur.
Contrairement aux FFP2, le masque chirurgical n'a pas pour objectif premier de protéger son porteur, mais d'empêcher qu'il contamine son entourage. Si tout le monde en met, il peut donc apporter une protection collective.
Le masque chirurgical bloque au moins 95% des particules de 3 micromètres. Comme le FFP2, il est conseillé de ne pas le porter plus de quatre heures.
Masques en tissu : l'alternative
Après avoir longtemps assuré que le masque était inutile pour la population générale, les autorités sanitaires mondiales ont fait volte-face fin mars 2020, s'alignant sur une pratique bien ancrée en Asie.
Des masques en tissu en vente à Stockholm, le 31 août 2020. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Sur fond de pénurie de masques médicaux, les masques en tissu, industriels ou faits maison, se sont alors généralisés.
En France, contrairement à d'autres pays, des normes de filtration ont été définies pour les masques en tissu industriels. Ceux dits "de catégorie 1" filtrent 90% des particules, contre 70% pour la catégorie 2.
Les nouveaux variants ont poussé le Haut conseil de la santé publique (HCSP) à recommander d'éviter les masques de catégorie 2, jugés pas assez filtrants, et les masques artisanaux, sur lesquels il n'existe aucun contrôle.
L'Allemagne, elle, vient d'imposer les masques médicaux (chirurgicaux ou FFP2) dans les commerces et les transports.
"Si tout le monde porte correctement un masque artisanal, la protection apportée reste très appréciable", objecte le Pr Cheng, en citant une étude parue mercredi 20 janvier dans la revue scientifique Proceedings of the Royal Society A.
Réalisée par des chercheurs de Cambridge, elle conclut que des aérosols chargés de virus peuvent parcourir 2 mètres en quelques secondes et que "la distanciation physique sans ventilation n'est pas suffisante pour protéger pendant de longues durées d'exposition".
"Le risque d'infection est réduit de 60% par un masque artisanal basique", assure le Pr Cheng.
Comment porter un masque ?
Il doit couvrir le nez et la bouche, en englobant le menton.
Il faut se laver les mains avant de le mettre, et l'appliquer en le tenant par les brides ou les élastiques.
Une fois mis sur le visage, il ne faut pas le toucher, sous peine de devoir se relaver les mains à chaque fois.
Deux masques valent-ils mieux qu'un ?
Le président américain Joe Biden a marqué les esprits en se montrant en public avec deux masques superposés.
"Porter deux masques rend très certainement le blocage des transmissions plus efficace", juge le Pr Cheng.
"Mais on devrait avant tout se focaliser sur les gens qui ne portent aucun masque du tout, ou ne le mettent pas correctement", nuance-t-il.
Forcément jetables ?
Les masques en tissu sont réutilisables et peuvent être lavés un certain nombre de fois (en général dix).
En revanche, les masques médicaux sont à usage unique : "Jetez le masque immédiatement", affirme l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Mais certains spécialistes estiment qu'ils peuvent eux aussi être lavés, afin de limiter les dépenses des familles et la pollution plastique.
Le groupe français de défense des consommateurs UFC - Que Choisir avait procédé à des tests en novembre, en lavant à 60 degrés, séchant puis repassant trois masques chirurgicaux filtrant 95% des particules de 3 micromètres.
Après 10 traitements, les trois modèles gardaient des capacités de filtration d'au moins 90%, autant que les meilleurs masques en tissu.
D'autres préconisent de placer le masque chirurgical usagé dans une enveloppe en papier pendant sept jours, le temps que le virus meure.
"Je recommanderais de réutiliser le masque après sept jours, et cela 5 à 10 fois pour la population générale", avait déclaré cet automne Peter Tsai, chercheur qui a contribué à mettre au point les masques N95.