Près des puits d'or noir, des Syriens miséreux fouillent les détritus

Bidons en plastique, canettes en aluminium, vêtements usagés et même une poignée de spaghetti. Dans le nord-est syrien, quand une remorque chargée d'ordures arrive dans une décharge sauvage, adultes et enfants accourent pour récupérer ce qui pourrait alléger leur misère.

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Un véhicule de l'armée américaine passe près d'une décharge sauvage près d'al-Malikiya (Syrie), le 17 janvier.

Dans une plaine aride près de la ville d'al-Malikiya, une vieille femme emmitouflée, la tête couverte d'un bonnet bleu ciel et une écharpe remontée jusqu'au nez, fouille un monticule de déchets fumants plus haut qu'elle, à la recherche de ce qui pourrait être récupéré.
En arrière-plan, juste de l'autre côté de l'autoroute, se dressent des puits de pétrole en activité qui font la richesse de ce nord-est syrien tenu par les forces kurdes, soutenues par les 
États-Unis. De temps en temps, un blindé des troupes américaines passe d'ailleurs à toute allure.
Engoncés dans d'épais anoraks sombres, une dizaine de personnes -dont de jeunes enfants- attendent côte à côte un nouvel arrivage, au milieu des volutes de fumée s'élevant des ordures déversées auparavant et incinérées.
Quand un tracteur tirant une remorque surchargée de déchets se présente, le groupe se précipite. Certains grimpent sur la remorque, jettent des sacs à terre. D'autres, au mépris de leur sécurité, s'activent derrière la benne qui bascule et fait glisser sur eux sa lourde cargaison de gros sacs poubelles noirs gonflés.
Armés de longs crochets, ils éventrent et dépècent méthodiquement les sacs.
Bottines et canettes 
Une main gantée a trouvé une poignée de spaghetti qu'elle remet dans leur sachet déchiré, estampillé du logo du Programme alimentaire mondial (PAM). D'autres extirpent des immondices un jean's, une paire de bottines noires, un pull rouge.

Adultes et enfants s'activent dans une décharge sauvage près d'Al-Malikiya (Syrie), le 17 janvier.

Une fillette repart avec deux sacs sur ses frêles épaules, remplis de canettes métalliques et d'emballages en plastique.
Une autre, barrette rose dans les cheveux, flottant dans un pantalon crasseux trop grand pour elle, peine à marcher sous son encombrant butin : de gros bidons en plastique et même la carcasse d'un siège auto.
Dans un pays en guerre depuis 2011, frappé par une grave crise économique et un effondrement monétaire, les prix de la nourriture ont triplé depuis novembre 2019, selon le PAM, qui indiquait en 2019 que plus de 60% de la population du nord-est souffrait d'insécurité alimentaire.
Oum Moustapha, les mains calleuses noircies par ce labeur, se rend quotidiennement à la décharge pour faire vivre sa famille. Le plastique est vendu. Les vêtements vont étoffer la garde-robe des enfants.
"On trouve parfois des oranges encore bonnes ou des pommes, on les prend pour les manger car tout est cher", poursuit cette déplacée quadragénaire, visage à moitié dissimulé derrière son voile.
Ses cinq filles travaillent avec elle. L'aînée a dix-sept ans. Le père, berger, garde les neufs moutons de la famille.
"Avec la crise et le chaos, les prix ont augmenté, nous n'avons plus de quoi vivre", poursuit Oum Moustapha, poussée à fuir son village il y a trois ans en raison des combats contre les jihadistes du groupe 
État islamique.
Les jours fastes, ce sont ceux où les restaurants viennent déverser leurs ordures. Mais l'activité n'est pas sans danger car, notamment, des déchets hospitaliers finissent aussi dans ce dépotoir à ciel ouvert.

AFP/VNA/CVN

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