Jeremy Morlock est l'un des cinq soldats à avoir été renvoyés devant la cour martiale de la base militaire Lewis-Mcchord, et le premier à être jugé. Au total, une dizaine de soldats de la brigade de combat Stryker de la Bravo Company sont poursuivis dans cette affaire de meurtres et de mutilations.
Selon l'accusation, les cinq soldats auraient organisé pour s'amuser le meurtre de trois civils afghans entre janvier et mai 2010, pendant leur déploiement dans la province de Kandahar (Sud), et auraient, pour certains d'entre eux, démembré des corps, conservé des parties de cadavres et pris des photos aux côtés des dépouilles.
Selon plusieurs médias, Jeremy Morlock aurait accepté de plaider coupable le 23 mars lors de son procès, ce qui aurait pour effet, selon la procédure en cour martiale, d'écourter les débats et de passer directement au verdict.
Le procès avait été repoussé une fois, en raison de l'indisponibilité de l'avocat de la défense. La publication des photos ne devrait quant à elle avoir aucune incidence sur le procès, selon la porte-parole de l'armée Kathleen Turner, qui a confirmé que les audiences commenceraient bien le 23 mars.
Jeremy Morlock est également un témoin clé de l'accusation dans le procès des quatre autres soldats, notamment leur leader présumé, le sergent Calvin R. Gibbs. C'est en effet Morlock qui avait conduit les enquêteurs vers les macabres "trophées" prélevés sur les victimes présumées.
L'armée américaine s'est excusée officiellement le 21 mars "pour la souffrance" provoquée par les photos montrant les exactions présumées de ses soldats. Les agissements montrés sur ces photos "nous répugnent en tant qu'êtres humains et sont contraires aux principes et aux valeurs de l'armée des États-Unis", a déclaré l'armée américaine dans un communiqué.
"Les photos semblent en forte contradiction avec la discipline, le professionnalisme et le respect qui ont caractérisé (l'action) de nos soldats pendant près de dix ans d'opérations" en Afghanistan, ajoute l'armée.
L'hebdomadaire allemand Der Spiegel a affirmé de son côté que le Pentagone avait tout fait pour éviter leur publication, craignant qu'elle ait le même effet que les photos prises par les gardiens américains de la prison d'Abou Ghraib, en Irak, qui torturaient et humiliaient leurs prisonniers pour le plaisir.
L'avocat Dan Conway, qui défend l'un des accusés, Andrew Holmes, s'est pour sa part félicité de la publication des clichés, qu'il réclamait sans succès à l'armée pour pouvoir les faire étudier par un médecin légiste indépendant.
Selon M. Conway, son client, qui pose également sur les photos révélées par Der Spiegel, est accusé d'avoir tiré sur sa victime présumée avec une mitrailleuse. Il affirme que les photos prouvent que la victime n'a pas été abattue par une mitrailleuse.
L'avocat assure que "l'on a ordonné à son client d'être sur la photo. Donc, il y est. Mais ça ne fait pas de lui un meurtrier", dit-il.
AFP/VNA/CVN