>>Russie : le convoi humanitaire pour l'Ukraine ouvre quelques camions à la presse
>>Ukraine : l'armée gagne du terrain, les chefs séparatistes démissionnent en bloc
Sergueï Lavrov, Pavlo Klimkine, Frank-Walter Steinmeier et Laurent Fabius se rencontrent pour discuter une nouvelle fois de la crise dans l'Est de l'Ukraine, dans une atmosphère toutefois un peu plus sereine que ces derniers jours.
Des soldats ukrainiens des forces spéciales lors d'une opération à côté de Debaltseve (région de Donetsk), le 16 août. Photo : AFP/VNA/CVN |
Kiev et Moscou sont tombés d'accord sur "la façon de procéder à l'inspection du convoi" d'aide humanitaire, a déclaré samedi Pascal Cuttat, responsable du Comité international de la Croix-Rouge en Russie. La Croix-Rouge attend des "garanties de sécurité" pour le transport de l'autre côté de la frontière.
Et Kiev, qui a reconnu samedi soir 16 août la "légalité" du convoi russe, selon un communiqué publié sur le site internet du gouvernement, doit encore donner son feu vert officiel à l'entrée du chargement sur son territoire.
Les quelque 300 camions russes, porteurs de 1.800 tonnes d'aide selon Moscou, sont bloqués depuis jeudi à une trentaine de kilomètres du poste-frontière de Donetsk, dans la localité russe de Kamensk-Chakhtinski.
Ni les gardes-frontières et douaniers ukrainiens ni la Croix-Rouge n'ont entamé leur inspection des camions, exigée par Kiev avant de les laisser entrer sur son territoire.
Les autorités ukrainiennes ont toutefois indiqué que la sécurité du convoi, qui n'est pas accompagné d'escorte armée et qui doit passer par des zones en proie aux combats, était de l'entière responsabilité de Moscou.
Plusieurs détonations ont été entendues samedi soir 16 août par les journalistes de l'AFP côté ukrainien de la frontière et une colonne d'une dizaine de blindés russes et des véhicules militaires ont été vus circulant dans la zone côté russe près de la frontière.
Moscou, qui accuse Kiev de vouloir saboter son opération humanitaire en concentrant ses efforts militaires dans la zone où doit passer le convoi, a de nouveau appelé samedi à un cessez-le-feu pour permettre l'acheminement de l'aide aux populations victimes du conflit.
"Faire preuve de retenue"
Les Occidentaux tentaient, eux, d'apaiser les tensions en s'efforçant de favoriser un retour de la Russie et de l'Ukraine à la table des négociations.
Le président français François Hollande a appelé Kiev à "faire preuve de retenue et de discernement" dans ses opérations militaires, le nombre de victimes civiles ne cessant d'augmenter dans les fiefs des insurgés, Donetsk et Lougansk, assiégés par l'armée ukrainienne.
De son côté, le président ukrainien Petro Porochenko a exprimé sa volonté au cours d'un entretien téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel de participer à la prochaine réunion du Conseil européen le 30 août pour "informer les dirigeants de l'UE sur la situation en Ukraine", selon un communiqué de la présidence.
Les tensions étaient montées d'un cran vendredi 15 août lorsque Kiev avait affirmé avoir en partie "détruit" une colonne de blindés russes ayant, selon Kiev, fait irruption la veille sur son territoire, provoquant une vague de réactions indignées en Occident.
Dans un entretien téléphonique entre le vice-président américain Joe Biden et le président ukrainien samedi 16 août, les deux hommes ont estimé que l'envoi de colonnes de blindés russes en Ukraine et la livraison d'armes sophistiquées aux forces séparatistes n'étaient pas compatibles avec le désir d'améliorer la situation humanitaire des populations dans l'Est de l'Ukraine. MM. Biden et Porochenko ont réitéré leur appel à une solution diplomatique à la crise invitant la Russie à accepter l'ouverture de négociations, selon un communiqué de la Maison Blanche samedi 16 août .
Moscou, qui a toujours démenti tout passage de troupes russes ou de matériel par la frontière, a ironiquement accusé Kiev de "détruire des fantômes", évoquant des "fantasmes".
Quatre civils tués à Donetsk
L'armée ukrainienne a poursuivi son offensive samedi, reprenant aux insurgés la ville de Jdanivka à 45 km au nord-est de Donetsk. D'intenses bombardements ont frappé la banlieue est de Donetsk et la localité voisine de Makiïvka.
Des journalistes de l'AFP ont constaté que des obus vraisemblablement tirés par l'armée ukrainienne étaient tombés sur une douzaine de maisons. Des tirs d'artillerie et des explosions ont été entendus tuant quatre civils selon les autorités locales.
À Lougansk, encerclée par l'armée ukrainienne, l'organisation Human Rights Watch (HRW) a évoqué une situation humanitaire "très difficile", sans eau, sans électricité et sans réseau téléphonique en état de fonctionner depuis deux semaines.
L'ONG a également dénoncé l'utilisation par les deux camps d'armes lourdes dans des zones habitées, ayant tué plusieurs dizaines de civils ces derniers jours.
AFP/VNA/CVN