Le taux de participation est en effet l'enjeu essentiel du scrutin : il doit atteindre 50% plus une voix pour que ces référendums, abrogatifs de lois en vigueur, soient adoptés, un quorum jamais atteint depuis 1995 pour ce type de vote.
Silvio Berlusconi avait d'ailleurs fait savoir qu'il n'irait pas voter à ces référendums lancés par l'opposition. Le 12 juin, selon les chiffres communiqués peu avant 22h00 GMT, 41,10% des votants s'étaient déplacés, alors que le vote se poursuivait hier jusqu'à 13h00 GMT.
"C'est comme l'ascension du K2, mais je vois déjà le sommet. Nous pouvons y arriver tous ensemble", a déclaré Antonio di Pietro, dirigeant d'Italie des valeurs, l'un des partis promoteurs de ce scrutin. Le Parti démocrate, premier parti d'opposition, sentait lui aussi la victoire à portée de main : "la participation est haute et le quorum est désormais très proche".
Le parti de M. Berlusconi, le Peuple de la Liberté (PDL), n'avait pas donné de consigne de vote sur l'eau et le nucléaire. Mais il avait appelé ses partisans à ne pas retirer les bulletins pour le référendum sur la justice afin d'éviter d'atteindre le quorum.
Car pour M. Berlusconi, 74 ans, actuellement poursuivi dans trois affaires, le plus à redouter est l'abolition de la loi dite "d'empêchement légitime", qui lui permet d'éviter de se présenter à ses procès en raison de ses obligations de Premier ministre.
"Si nous arrivons à obtenir le quorum sur l'empêchement légitime, cela montrera que les gens ne veulent plus du système Berlusconi", a déclaré Margherita Lodoli, 28 ans, travailleuse humanitaire à Rome, après avoir déposé ses bulletins dans l'urne. "Malheureusement, il s'en sortira, comme toujours, mais ça préparera le terrain pour les prochaines élections", a-t-elle ajouté.
L'opposition soupçonne le chef du gouvernement d'avoir stoppé son programme nucléaire dans l'unique but de vider le référendum de sa substance et dissuader les Italiens de se déplacer pour voter sur l'empêchement légitime.
En avril dernier, il avait donné un coup d'arrêt provisoire à son projet-phare de retour au nucléaire, l'Italie ayant abandonné l'atome civil par référendum en 1987, dans la foulée de la catastrophe de Tchernobyl.
Le troisième référendum porte sur la libéralisation du secteur de l'eau. Celle-ci reste un bien public, mais les deux questions s'y référant portent sur sa gestion et la tarification.
Environ 47,2 millions d'Italiens dans la péninsule et 3,2 millions résidant à l'étranger étaient appelés aux urnes.
Une forte participation et un échec du camp Berlusconi viendrait affaiblir un gouvernement déjà fragilisé par le revers subi par la coalition au pouvoir aux municipales partielles, il y a 15 jours, quand elle a perdu entre autres son fief de Milan.
Pour Le quotidien de gauche un tel résultat pourrait faire "imploser" le PDL et son allié crucial la Ligue du Nord.
De son côté, Il Giornale, journal détenu par la famille Berlusconi, a qualifié ces scrutins d' "embrouille". Pour inciter les gens à voter, les partisans du référendum avaient multiplié les initiatives : concerts, manifestations, mais aussi rabais dans des bars, restaurants, voire des massages, du yoga et même sur locations de transats à la plage pour ceux qui montreraient leur carte électorale timbrée.
AFP/VNA/CVN