Le vice-président de l’Association du textile-habillement du Vietnam, Lê Tiên Truong. |
L’année dernière, le textile vietnamien a battu des records avec plus de 20 milliards de dollars d’exportations et une croissance annuelle de plus de 18%. Que pensez-vous de cette année, où la conjoncture demeure difficile ?
En 2013, le marché mondial a connu une reprise molle et la concurrence était fort rude. Cela ne nous a pas franchement gênés comme vous venez de le rappeler. L’année dernière, la plupart de nos marchés ont connu une nette croissance avec, aux États-Unis, 14,2%, en Union européenne, 8,8%, au Japon, 20,5%. En République de Corée, où la situation n’est pas nouvelle avec trois années consécutives à 5% ou 6%, la croissance de ce marché a bondi de 43,5% en 2012...
Au Vietnam, outre de grandes marques très connues telles que May 10, Phong Phu et Viêt Tiên, de nombreuses autres sont apparues, comme Dông Xuân, confection Nam Dinh, Tricot Dông Phuong. Il y a là un réel dynamisme.
Comment le secteur envisage-t-il la création de marques vietnamiennes ?
Créer de grandes marques mondiales implique beaucoup de temps et d’argent. De manière générale, la dimension marque est intégrée dans les stratégies de développement durable de nos entreprises, ainsi du Groupe de textile-habillement du Vietnam (Vinatex). Le plan financier sera, en revanche, plus probléma-tique : il faut savoir qu’une grande entreprise textile au Vietnam ne pèse que 15 millions de dollars en termes d’actifs, alors qu’une bonne campagne de publicité aux États-Unis coûte 5 millions de dollars. Nos entreprises développent donc leurs marques sur le marché domestique et, si elles y acquièrent de la notoriété, notamment auprès des 20 millions de consommateurs vivant en milieu urbain, elles pourront faire de même à l’étranger pour un moindre coût.
Comment le secteur du textile- habillement se prépare-t-il au TPP ?
Le textile-habillement est déjà un de nos secteurs compétitifs sur le plan mondial, mais il bénéficiera pleinement des accords de commerce, et en particulier du TPP. C’est la raison pour laquelle le gouvernement vietnamien, plus précisément la délégation de négociations, le considère comme l’un des plus importants dans les négociations du TPP.
La signature du TPP intégrera davantage les entreprises vietnamiennes du textile à la chaîne d’approvisionnement mondiale. |
Parmi les parties à celles-ci figurent les premiers débouchés comme les États-Unis et le Japon. Les États-Unis représentent 43% du chiffre d’affaires à l’export de ce secteur, et le Japon, 11%. Globalement, l’ensemble des parties au TPP génère près de 60% de nos exportations. En 2012, le textile-habillement du Vietnam a exporté pour près de 11 milliards de dollars dans les pays parties à ces négociations. On peut dire qu’ils sont et seront les plus importants débouchés pour le textile vietnamien.
Actuellement, ce dernier compte près de 6.000 entreprises dont la plupart relèvent du secteur privé, issues ou non de l’investissement étranger. Seul le Vinatex et ses cinq filiales sont publics, même s’il va faire l’objet d’une actionnarisation cette année.
Ces entreprises s’intéressent majoritairement aux négociations du TPP, notamment aux règles d’origine et aux tarifs douaniers, qui sont deux de leurs grandes préoccupations en tant qu’exportateurs.
Le TPP donnera l’occasion au secteur du textile-habillement de mieux s’intégrer à la chaîne de production mondiale. Les entreprises vietnamiennes auront davantage de relations de partenariat à un niveau international. Finalement, le secteur s’assurera d’un développement durable, que ce soit sur le plan de la production, des technologies, de la protection de l’environnement, ainsi que de la responsabilité sociale.
Cette année, Vinatex va achever son actionnarisation. Quelles stratégies envisage-t-il ?
En dehors de terminer son actionnarisation, le groupe Vinatex va se consacrer à ses relations de production et le développement d’une chaîne de conception sur place. Il a déjà lancé 42 projets représentant un investissement de plus de 6.000 milliards de dôngs - près de 300 millions de dollars, dont douze dans la filature et neuf dans la confection.
Pour 2014, il a pour objectif d’atteindre une croissance de 12% de son chiffre d’affaires à l’export, et de plus de 10% de sa production.
Quê Anh/CVN