Le Français Christophe Riblon, vainqueur de la 18e étape à l'Alpe D'Huez, le 18 juillet. |
Jour des "premières" sur l'Alpe d'Huez. Non pour le public, une foule immense, bigarrée et hurlante au passage de la course, puisque le succès populaire de l'"Alpe" - des centaines de milliers de spectateurs - relève du mythe du Tour. Mais pour le cyclisme français, encore à la recherche d'un premier succès depuis le départ de Corse et aussi pour le maillot jaune, jusqu'à présent lancé sur une trajectoire impeccable.
La victoire tant attendue par les Français jusqu'à cette 18e étape est venue d'un coureur parmi les plus méritants, les plus entreprenants en tout cas. Par trois fois déjà, Riblon avait tenté de trouver l'ouverture. Il s'en était fallu de peu, dans la première étape pyrénéenne, sur la route d'Ax-3 Domaines où il avait enlevé voici trois ans sa première étape dans le Tour. Mais l'étrange choix tactique de l'équipe australienne du maillot jaune d'alors (Daryl Impey) avait condamné l'échappée.
Le Picard, obstiné, avait remis ça sur la route du Mont Ventoux puis, encore, en direction de Gap. Avec, pour tout résultat, une deuxième place le 16 juillet. C'est dire que le vainqueur du jour, parti à l'avant à... 157 kilomètres de l'arrivée, a montré la ténacité et le courage qui le rendent digne de figurer au palmarès, troisième Français seulement vainqueur à l'Alpe d'Huez après Bernard Hinault (1986) et Pierre Rolland (2011).
Distancé de 42 secondes par Tejay Van Garderen dans l'ascension finale, Riblon a cru se diriger vers une nouvelle deuxième place. La baisse de régime de l'Américain, lui aussi désireux de sauver un Tour en passe de virer à la catastrophe pour l'équipe BMC (Evans à plus de trois quarts d'heure au classement), a relancé le Français.
En 2011, Rolland s'était joué du duo espagnol Contador-Sanchez à 2 kilomètres de l'arrivée. Deux ans plus tard, au même endroit, Riblon n'a laissé aucune chance à l'espoir américain, cinquième et meilleur jeune du Tour 2012. Pour une grande et belle victoire, qui consacre l'équipe française la plus en vue de cette 100e édition.
Loin de se laisser abattre par les malheurs de son chef de file Jean-Christophe Péraud, qui a abandonné sur chute le 17 juillet alors qu'il occupait une place dans les dix premiers, le groupe de Vincent Lavenu a superbement réagi. La 16e place de Romain Bardet à l'Alpe d'Huez, aussi régulier que convaincant dans les étapes de montagne, n'a fait qu'ajouter au bilan collectif. Bardet (22 ans), premier Français au classement général (17e), est déjà plus qu'une promesse.
Qu'est-il arrivé à Froome ?
"Ce n'est pas la première fois que je fais une hypoglycémie. C'est une impression horrible. On se sent complètement vide", a raconté le Britannique. Avant d'ajouter dans la foulée : "Je suis content de m'en être bien sorti. J'ai augmenté mon avance sur le deuxième au classement".
Le Britannique Christopher Froome (gauche), maillot jaune du Tour de France, à son arrivée à l’Alpe d’Huez, le 18 juillet. |
Le Tour, habitué à la supériorité du grimpeur de Sky, est resté ébahi de voir Froome lever le bras en signe de SOS à moins de 5 kilomètres de l'arrivée. Jusque-là, le porteur du maillot jaune avait accompli un sans-faute. Il avait laissé le duo de l'équipe Saxo, l'Espagnol Alberto Contador et le Tchèque Roman Kreuziger, prendre brièvement les devants - une vingtaine de secondes tout au plus - dans la difficile descente de Sarenne. Puis, il avait accéléré par deux fois dans la montée finale et la sélection s'était faite aussitôt.
Secouru par son lieutenant australien Richie Porte, aux jambes de feu en cette journée plutôt fraîche dans les Alpes, Froome n'a cédé finalement qu'un peu plus d'une minute au grimpeur colombien Nairo Quintana et à son acolyte, l'Espagnol Joaquim Rodriguez. Ce passif s'est augmenté d'une pénalité de 20 secondes logiquement infligée par les commissaires au regard de l'infraction commise (ravitaillement illicite).
Paradoxalement pour une journée difficile, le maillot jaune a repoussé son plus "proche" suivant au classement, Contador, au-delà des cinq minutes. L'Espagnol, toujours combatif, a payé sur les 21 derniers virages les efforts consentis auparavant.
Pour Contador, la menace Quintana se précise. Avant les deux dernières journées en montagne, il n'a plus que 21 secondes d'avance sur le grimpeur colombien. Derrière le maillot jaune, un autre match s'engage.
AFP/VNA/CVN