>>Brexit: le cabinet de May s'inquiète de "complots" parlementaires
>>La France déclenche son plan pour faire face à un Brexit sans accord
Theresa May, le 16 janvier à Londres. |
À dix semaines seulement de la sortie prévue de l'Union européenne, le 29 mars, la dirigeante conservatrice doit trouver une voie pour éviter à la cinquième économie mondiale une rupture sans accord, synonyme de risques de pénuries, d'embouteillages monstres aux abords des ports et d'effondrement de la livre. Et ce alors que plusieurs groupes de députés ont prévu de tenter de court-circuiter son gouvernement, pour éviter un "no deal" ou reporter la date de sortie.
Affichant sa volonté de dégager un consensus politique, Mme May a rencontré au cours des derniers jours des dirigeants de l'opposition, ainsi que de nombreux députés de son parti et des responsables du parti unioniste nord-irlandais DUP, son allié au Parlement.
Mais son initiative a fait flop, l'opposition dénonçant son intransigeance et notamment son refus d'écarter l'éventualité d'une sortie de l'UE sans accord.
Traité avec l'Irlande
Selon le Sunday Times, Mme May projette de proposer un traité bilatéral à l'Irlande, afin de surmonter l'un des principaux points de blocage de l'accord de sortie, la solution dite du "filet de sécurité" (ou "backstop").
Cette disposition, destinée à éviter le retour d'une frontière physique entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord et qui n'entrerait en vigueur qu'en dernier recours, prévoit une union douanière minimale entre le Royaume-Uni et l'UE, avec en sus, pour l'Irlande du Nord, un alignement sur certaines réglementations européennes en matière sanitaires et de taxes.
Mais il faudrait convaincre l'UE, qui a toujours dit qu'elle refuserait de rouvrir la discussion sur le "Traité de retrait". Quant à Dublin, le ministre irlandais des Affaires étrangères Simon Coveney a répété dimanche, dans un tweet, que son pays était "absolument" attaché à l'ensemble du traité, "y compris le backstop".
Selon le Daily Telegraph, Theresa May réfléchirait même à modifier les accords du Vendredi Saint, qui avaient mis fin à la sanglante période des Troubles en Irlande du Nord, afin d'y inscrire que le Royaume-Uni s'engage à l'absence de frontière terrestre en Irlande. Cela lui permettrait à Londres de contourner le "filet de sécurité".