France: les "Gilets jaunes" de nouveau dans la rue après les premiers débats

Les "gilets jaunes" défilent pour la dixième fois dans la rue samedi 19 janvier et leur mobilisation sera particulièrement scrutée, quelques jours après le lancement par Emmanuel Macron du "débat national" censé canaliser la colère inédite exprimée depuis deux mois.

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Des "gilets jaunes" rassemblés à Caen, le 12 janvier 2019.
Photo: AFP/VNA/CVN

"Une mobilisation au moins égale à la semaine dernière est attendue", a indiqué une source policière à l'AFP, en précisant que des appels de manifestants à viser les forces de l'ordre avaient circulé. Les précédents samedis ont été émaillés de heurts, parfois violents.

Plus de 80.000 personnes avaient été recensées samedi dernier 12 janvier, selon le ministère de l'Intérieur. Bien plus que les 50.000 manifestants comptabilisés la semaine précédente, sans toutefois atteindre les centaines de milliers rassemblés en novembre ou décembre.

À Paris, des "gilets jaunes" dont Éric Drouet, une de leurs voix les plus connues, ont donné rendez-vous sur la place des Invalides vers 11h00 avec une ambition: "Le million à Paris!". Vendredi soir 18 janvier, l'événement le plus suivi sur Facebook esquissait toutefois un cortège plus modeste, avec 4.000 participants annoncés et 28.000 personnes intéressées.

Plusieurs rassemblements sont également annoncés samedi après-midi 19 janvier à Bordeaux, Toulouse, Marseille, Lyon, Saint-Etienne, Roanne, Valence, Clermont-Ferrand, Montélimar, Dijon, Nevers, Montceau-les-Mines, Toulon, Avignon ou Béziers.

Sur Facebook, le rassemblement toulousain prône une "opération surnombre". Objectif: venir "avec deux amis qui ne sont encore jamais venus". Même ambition à Marseille: "On veut que ça continue, qu'on arrive à faire sortir du monde qui ne sort pas d'habitude pour manifester", a expliqué à l'AFP Luc Benedetti, un "gilet jaune" de la ville.

Polémique sur les violences policières

L'exécutif prévoit lui "un dispositif d'ampleur comparable au week-end précédent", a indiqué le secrétaire d'État à l'Intérieur, Laurent Nuñez. Environ 80.000 policiers et gendarmes doivent donc être mobilisés en France, soit le même nombre que les manifestants la semaine dernière. Ils seront 5.000 à Paris, selon la préfecture de police.

Dans la capitale, les organisateurs invitent les participants à amener "une fleur ou une bougie en hommage" aux personnes tuées ou blessées "pour (leur) cause" depuis le début du mouvement le 17 novembre.

Ce mot d'ordre, nouveau pour un rassemblement dans la capitale, ponctue une semaine marquée par une vive polémique sur l'usage du lanceur de balle de défense (LBD) par les forces de l'ordre et les blessures graves subies par de nombreux manifestants.

Christophe Castaner a encore défendu vendredi son usage lors des opérations de maintien de l'ordre. Sans cette arme, les forces de l'ordre n'auraient plus d'autre option que le "contact physique" et il y aurait "beaucoup plus de blessés", a estimé le ministre de l'Intérieur.

Il s'est également dit "sidéré" par les accusations de violences policières, malgré certaines vidéos qui montrent un usage du LBD sans menace immédiate sur le tireur.

Après les ronds-points, le débat ?

Manifestation de "gilets jaunes" sur les Champs-Élysées, le 15 décembre 2018.
Photo: AFP/VNA/CVN

Au-delà des rassemblements prévus samedi 19 janvier, la mobilisation doit se poursuivre dimanche 20 janvier dans plusieurs villes.

Des femmes "gilets jaunes" appellent à une manifestation à Paris, inspiré par l'événement pacifique qu'elles avaient déjà organisé le 6 janvier. L'autoentrepreneuse Priscillia Ludosky, initiatrice du mouvement qui a pris publiquement ses distances avec Eric Drouet, promeut l'événement sur Facebook et semble vouloir y participer.

Dimanche 20 janvier verra également l'arrivée d'un "gilet jaune" moins connu dans la capitale: José Manrubia. Parti d'Arles (Bouches-du-Rhône) le 16 décembre, cet artiste plasticien rallie Paris à pied après 34 jours de marche, durant lesquels il a traversé "plus de 50 ronds-points".

Pour lui, malgré le grand débat lancé par Emmanuel Macron, pas question de désarmer sans l'instauration du référendum d'initiative citoyenne (RIC).

"C'est la revendication principale de 90% des ronds-points", estime-t-il. "Après 40 ans d'une politique de droite ou de gauche où les intérêts privés ont prévalu sur l'intérêt général, on veut pouvoir prendre en main notre destinée."

Réticent face à cette revendication, le chef de l'État privilégie le "débat national" qu'il a lancé cette semaine avec deux déplacements en régions. Pouvoir d'achat, fiscalité, démocratie et environnement: avec ces thèmes, le président espère répondre à tous les mécontentements.

AFP/VNA/CVN

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