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L'entrée du site Alstom de Belfort, le 7 septembre. |
Le scénario tant redouté s'est finalement produit : face à une chute programmée de 30% de la charge de travail de ses usines françaises, Alstom a sacrifié un de ses sites d'assemblage, Belfort.
"La direction d'Alstom a partagé un projet qui vise à recentrer ses activités exclusivement sur le service", soit la maintenance de trains, tandis que "les activités d'ingénierie et de production seront progressivement, sur une période de deux ans, transférées vers le site de Reichshoffen" (Bas-Rhin), a indiqué le groupe.
Confronté à "la baisse des commandes et des projets d'investissement", Alstom explique qu'il "se devait d'adapter son outil industriel pour ne pas mettre l'ensemble des sites à risque".
"Tous les salariés recevront, s'ils le souhaitent, une proposition de transfert" vers d'autres sites en France d'ici à 2018, assure Alstom, qui n'évoque ni fermeture ni plan social pour Belfort.
Devant l'usine les employés sortaient au compte-gouttes, l'air assommé. "Pour l'instant, on n'arrive même pas à en parler. Il faut digérer l'annonce qui nous a été faite en 10 minutes", explique un employé qui refuse de donner son nom.
Quant aux promesses de reclassement, "il y a plein de salariés qui ne sont pas mobiles", balaye-t-il.
C'est "la fermeture ni plus ni moins de Belfort", explique Olivier Kohler, délégué CFDT du site.
Selon lui, sur les 500 salariés actuels, seuls les 50 affectés à la maintenance des trains resteront.
"Un vrai gâchis", regrette Claude Mandart, délégué central CFE-CGC, d'après qui il "ne resterait à Belfort qu'une centaine de personnes" d'ici à deux ans.
Inacceptable pour Pascal Novelin, délégué CGT du site. "La direction dit +On vous proposera quelque chose+. Est-ce qu'on va déraciner 450 familles ?", interroge le syndicaliste. "On défendra bec et ongles notre usine. Par la grève, par tous les moyens. On ne va pas se laisser faire mettre à la porte comme des moins-que-rien".
Le député-maire (LR) de Belfort, Damien Meslot, s'est lui dit "consterné par cette décision qui menace directement près de 400 emplois" et qui n'est "pas conforme aux engagements d'Alstom".
La "démonstration" que l'"on n'a pas assuré la pérennité des sites industriels en France", avance le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.
Inquiétudes pour d'autres usines
Installée depuis 1879 à Belfort, l'entreprise y a produit sa première locomotive à vapeur en 1880, avant de se développer dans les turbines et l'énergie, activité cédée à l'américain General Electric fin 2015.
Un TGV à Belfort en 2013. |
Un an plus tôt, les syndicats alertaient déjà sur des menaces de suppressions de postes dans la branche transports à Belfort. Et le carnet de commandes ne s'est pas rempli depuis, Alstom voyant même lui passer sous le nez un contrat de 44 locomotives diesel, achetées à son concurrent allemand Vossloh par Akiem, filiale de la SNCF et de la Deutsche Bank.
L'usine de Belfort n'avait plus que quelques locomotives à fabriquer pour la SNCF et l'Azerbaïdjan jusqu'en 2018, puis pour la Suisse jusqu'en 2021.
Celle de Reichshoffen (1.000 salariés à ce jour), où sont assemblés les trains régionaux, n'a pas beaucoup plus de visibilité : la commande de 30 trains Intercités promise en février par le secrétaire d'État aux Transports, Alain Vidalies, n'a toujours pas été concrétisée.
Dans un courrier à François Hollande mercredi, 13 parlementaires dont les circonscriptions accueillent des sites d'Alstom s'en inquiètent : "D'aucuns commencent à douter de la réalité de cette commande", écrivent-ils, espérant qu'il ne s'agissait pas d'un "mirage" pour "mieux faire accepter les autres annonces particulièrement pénalisantes".
Le nouveau secrétaire d'État à l'Industrie, Christophe Sirugue, recevra le PDG d'Alstom, Henri Poupard-Lafarge, "le plus tôt possible" pour "veiller à ce que la mise en œuvre du processus de transfert de l'activité soit exemplaire et que des engagements fermes soient pris", a assuré le ministère de l'Économie et des Finances.