"Nous avons baptisé ce projet +L'ultime chance de survie+. Il faut offrir à ces animaux cette dernière chance, dans leur environnement naturel en Afrique", déclare Dana Holeckova, directrice de ce zoo situé dans le Centre du pays.
Huit derniers spécimens de cette sous-espèce ("Ceratotherium simum cottoni") vivent en captivité dans le monde, dont 6 à Dvur-Kralove et 2 au Wild Animal Park à San Diego (États-Unis). Seul le zoo tchèque a réussi sa reproduction en captivité.
Les auteurs du projet espèrent que le niveau des hormones femelles redeviendra normal en Afrique ce qui permettra la reproduction biologique. "La tâche d'un zoo moderne est d'aider la nature là où elle en a besoin", dit Mme Holeckova.
Il n'y a probablement plus de rhinocéros blancs du Nord dans la nature. Originaires d'Afrique centrale et de l'Est, ces herbivores imposants ont été décimés par les braconniers, pour les vertus attribuées à leur corne, très prisée dans la pharmacopée asiatique.
Le dernier petit, Fatu, est né à Dvur-Kralove en 2000, et toutes les autres tentatives, y compris la procréation assistée, ont jusqu'à présent échoué.
Les mâles Sudan (37 ans) et Suni (30) et les femelles Najin (21) a Fatu (9), se préparent ainsi à quitter la Bohême, afin d'entreprendre un long voyage à destination de la réserve kenyane d'Ol Pejeta Conversancy.
Selon Mme Holeckova, le coût du projet est évalué à quelque 300.000 dollars. Il sera notamment financé par les organisations à but non lucratif Fauna and Flora International (FFI) et Back To Africa.
Les adversaires du projet évoquent des risques découlant selon eux du transfert de ces animaux rarissimes vers une zone à température élevée au moment où de fortes gelées s'annoncent en République tchèque.
"Trois de ces 4 rhinocéros sont nés ici et sont habitués à l'alternance régulière de périodes chaude et froide. Ils sont actuellement programmés pour la période froide de l'année", argue la zoologiste Kristina Tomasova.
"Même si les animaux supportent le voyage, ils seront d'un coup exposés à des températures autour de 40 degrés. Ce sera difficile à subir pour eux", craint celle qui a été coordinatrice euro-péenne de l'élevage du rhinocéros blanc.
"À chacun son opinion, bien sûr. Mais c'est nous qui sommes responsables de ces animaux et nous pensons faire le meilleur possible pour eux", réagit Pavel Moucha, zoologiste en chef du parc de Dvur Kralove. "Nous sommes bien sûr au courant des risques et sommes prêts à tout faire afin de les minimiser", assure-t-il. Selon lui, un système de chauffage sera installé à bord des camions qui emmèneront samedi les rhinocéros de Dvur Kralove à l'aéroport de Prague. L'avion doit se poser à Nairobi dans la nuit de samedi à dimanche.
"La durée prévue de déplacement est de 24-26 heures", précise ce zoologiste qui se charge aussi d'accompagner les équipes de presse et de télévision tchèques et étrangères, très nombreuses à venir ces jours-ci à Dvur Kralove.
M. Moucha accompagnera Sudan, Suni, Najin et Fatu vers leur nouveau foyer au Kenya, tout comme l'éleveur Jan Zdarek. "Je veux du bien à ces rhinos. Fatu a maintenant 9 ans et le temps est venu qu'elle ait un petit", dit M. Zdarek, qui a aidé en juin 2000 à venir au monde cette plus jeune membre du groupe, surnommée "Enfant du Millénaire". "En ce qui concerne les conditions au Kenya, elles sont bonnes, avec un climat plus favorable et des enclos plus grands, même si le transfert inclut des risques", dit-il.
AFP/VNA/CVN
(03/01/2010)