Samedi soir, alors que les secours avaient interrompu leurs recherches en raison de la tombée de la nuit, Mohammed Aboud, ministre de cette entité semi-autonome de la République de Tanzanie chargé des Situations d'urgence, a relevé un précédent bilan de 190 personnes décédées.
Ce nouveau bilan de 193 morts, encore provisoire, fait de ce naufrage l'un des plus meurtriers en Afrique des dix dernières années. "C'est une grande tragédie pour les habitants de Zanzibar et pour les Tanzaniens en général," a déclaré le président tanzanien, Jakaya Kikwete. Le chef de l'État a annoncé un deuil national de trois jours à partir d'hier. Selon M. Aboud, les secouristes ont réussi à sauver jusqu'à 612 personnes samedi.
Ces chiffres montrent que le ferry transportait encore plus de monde que ce qu'avaient à l'origine estimé les autorités de Zanzibar. Ces dernières avait indiqué samedi matin qu'environ 600 passagers étaient à bord de l'embarcation qui reliait Unguja et Pemba, les deux principales îles de l'archipel.
Le nombre exact de personnes à bord de ce genre d'embarcation est souvent difficile à établir en l'absence d'un système fiable d'enregistrement des passagers.
Selon un journaliste de l'AFP présent sur place, aucun étranger n'avait, à ce stade, été recensé parmi les morts et les rescapés.
Le ferry était occupé en grande majorité par des habitants de l'archipel de Zanzibar, dont de nombreux habitants de l'île de Pemba qui revenaient chez eux à l'issue des vacances et à la fin du ramadan.
Selon M. Aboud, l'embarcation transportait aussi une importante cargaison, notamment de riz. "Nous protestions déjà contre le capitaine et d'autres personnes dans le port avant de partir, en leur disant que le bateau était trop plein," a affirmé un survivant de 50 ans, Zaid Amour. "Ce n'est pas un accident, c'est de la faute de ceux qui n'ont pas empêché le bateau de partir," a-t-il dénoncé. "Les marins du bateau nous disaient encore +tout va bien+ quand nous demandions des gilets de sauvetage, alors quand les choses ont vraiment mal tourné, c'était trop tard pour beaucoup de gens." "C'était terrifiant, les gens criaient dans le noir," a de son côté raconté Aisha Mohammed, une jeune rescapée de sept ans. "Je n'ai pas pu trouver ma maman, je l'ai perdue quand nous étions tous dans l'eau," a-t-elle ajouté.
Évoquant lui aussi une "tragédie nationale", le président de Zanzibar, Ali Mohamed Shein, a assuré que le gouvernement ferait "tout ce qu'il peut pour aider les victimes".
Samedi, les autorités de Zanzibar ont dépêché des équipes de secours de la Marine et de la police sur place. Des hélicoptères ont été déployés.