Syndicat français : Laurent Berger annonce son départ de la tête de la CFDT

Une décision attendue, mais qui tombe en pleine crise liée à la réforme des retraites. Le secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Laurent Berger, a annoncé mercredi 19 avril qu'il quitterait au 21 juin ses fonctions à la tête du premier syndicat français.

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Laurent Berger, lors d'une manifestation contre la réforme des retraites à Paris, le 28 mars.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Je pense que, le 21 juin, je laisserai une CFDT qui va bien", déclare M. Berger dans une interview au Monde, précisant avoir proposé au bureau national que ce soit Marylise Léon, actuelle numéro deux, qui lui succède.

À la tête de la CFDT depuis 2012, le syndicaliste de 54 ans rappelle qu'il avait annoncé lors du congrès de l'organisation en juin dernier qu'il s'en irait en cours de mandat. "Ce n’est ni un coup de tête ni un choix dicté par l'actualité", assure-t-il au Monde, après trois mois de bras-de-fer sur la réforme des retraites, jugeant normal que la CFDT "se renouvelle", même s'il reconnaît "une période particulière".

Dès la présentation de la réforme le 10 janvier avec le report de l'âge légal de départ à 64 ans, Laurent Berger s'était montré très offensif, prenant la tête de la contestation au sein de l'intersyndicale, en lien étroit avec son homologue de la CGT, Philippe Martinez. Douze journées d'action et les plus grosses mobilisations dans la rue depuis des décennies ont suivi, sans toutefois bloquer la réforme.

Même si l'exécutif a eu des relations difficiles avec le syndicaliste réformiste, des macronistes lui reprochant d'avoir "joué double jeu" en ne soutenant pas certains aspects de la réforme, Emmanuel Macron a assuré mercredi avoir du "respect" pour M. Berger, ajoutant "oserais-je dire de l'amitié".

Le chef de l'État a aussi nié, lors d'un déplacement en Alsace, que leur relation se résume au "désaccord" sur la réforme des retraites. Plus tôt, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran avait salué "un partenaire sérieux, exigeant, parfois coriace".

Son engagement a été salué de tous bords, du premier secrétaire du PS Olivier Faure, pour qui "la dynamique unitaire de l’intersyndicale lui doit beaucoup", au patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, qui a assuré sur Twitter partager "la même volonté de faire vivre le dialogue social avec exigence et loyauté".

Ce départ intervient alors que la CGT, deuxième syndicat du pays, vient aussi de changer de numéro un, Sophie Binet ayant succédé à Philippe Martinez le 31 mars à la surprise générale. Les deux premiers syndicats français seront ainsi dirigés par des femmes.

"S'essuyer les pieds"

Sophie Binet a salué cette "féminisation des organisations syndicales". "C'était prévu. C’est annoncé fin juin donc il n’y aura a priori pas d’impact au niveau de l’intersyndicale", a-t-elle ajouté, d'autant que "Marylise Léon gère déjà actuellement l’intersyndicale". Benoit Teste (FSU) ne pense pas non plus que cela "changera la donne" car son successeur est "dans le même état d’esprit".

Laurent Berger (1er, gauche), lors d'une manifestation contre la réforme des retraites à Paris, le 6 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le nom de Marylise Léon, 46 ans, secrétaire générale adjointe depuis 2018 et négociatrice sur les sujets emploi, circulait de longue date pour succéder à M. Berger. Elle sera nommée le 21 juin lors d'un prochain bureau national jusqu'au prochain congrès de la CFDT prévu en 2026. "Elle est capable, avec l’équipe qui sera autour d’elle, d’impulser un nouvel élan", affirme Laurent Berger au Monde.

Selon lui, le combat des retraites "n’est pas fini" et il appelle à nouveau à ce que les Français descendent dans la rue "de façon massive" le 1er mai, prévenant que ce qui peut "fracturer l’intersyndicale, c'est de ne pas décider ensemble ou de ne pas respecter ce qu’on a décidé ensemble". Il égratigne au passage un président de la République qui "s’est essuyé les pieds sur les travailleurs et les travailleuses".

M. Berger réaffirme par ailleurs qu'il ne s'engagera pas en politique - ni en 2027, ni en 2032 -, estimant que "certains, parmi les soutiens du chef de l’État, ont voulu accréditer cette idée pour (lui) nuire et pour nuire à la CFDT".

Pour Barbara Pompili, députée de l’aile gauche de la majorité et ex-ministre, "il est assez catégorique" sur sa volonté de ne pas être candidat à la présidentielle, mais "il apporte une vision", notamment avec son "Pacte du pouvoir de vivre" lancé en 2019.

AFP/VNA/CVN



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