Irina en visite en baie d’Ha Long, province de Quang Ninh (Nord). |
En juin 2001, les pratiquants de l’art martial Nhât Nam vivant à Moscou ont créé un site web consacré à cet art martial originaire du Vietnam à l’adresse www.nhat-nam.ru. Consacré exclusivement au Nhât Nam, ce site se retrouve enfermé dans la nébuleuse Internet et seuls quelques rares spécialistes s’y rendent au détour de leurs navigations, armés du duo infernal clavier-souris. Mais 2004 marque le début d’une nouvelle ère, avec l’arrivée -tout à fait par hasard- de la Russe Irina Vinskovskaya, invitée par les pratiquants de Nhât Nam à gérer le site. C’est alors que les choses s’accélèrent. Elle refait tout de A à Z (si l’on peut dire, puisque le site est en russe), et pour attirer davantage d’internautes, Irina pense que la seule présentation de cet art martial ne suffit pas. Il faut également parler du pays dont il est issu, le Vietnam, pour enfin mettre le site en lumière.
Les premiers temps sont laborieux, et ce dans tous les sens du terme, la jeune Russe devant aller de bibliothèques en bibliothèques pour collecter puis publier des données qui en valent la peine sur le web. Nhât ky trong tu (Carnets de prison) du Président Hô Chi Minh, Truyên ky man luc (Vaste recueil d’histoires merveilleuses) de Nguyên Lu, Le camarade Hô Chi Minh co-écrit par Evgheny Kobelev et Sergey Aphonin ainsi que les ouvrages publiés entre 1960 et 1980 en ex-Union soviétique lui donnent des bases de travail solides. Irina traduit aussi de l’anglais le livre Customs and culture of Vietnam (Les coutumes et la culture du Vietnam) d’Ann Caddell Crawford et part en quête d’informations sur les fêtes vietnamiennes.
Le site web www.nhat-nam.ru. |
L’an 2006 marque un tournant pour Irina lorsqu’elle tombe sur un lien vers le magazine électronique Vietnam Illustré de l’Agence Vietnamienne d’Information (AVI) posté sur un forum consacré aux pays asiatiques. Ses recherches l’amènent à faire la connaissance de Quynh Huong, journaliste pour ce magazine. «Je lui ai écrit pour exprimer mes sentiments sur le pays et le peuple vietnamiens ainsi que mon souhait de développer une page web consacrée au Vietnam», raconte Irina. Des paroles qui ne sont pas restées lettre morte, puisque c’est à cette date que la collaboration entre les deux femmes prend forme.
Une véritable banque d’informations sur le Vietnam
«À bon vin, point d’enseigne», un proverbe qui sied on ne peut mieux à Irina. En 2007, le président du Présidium de l’Organisation sociale des anciens coopérants russes de guerre au Vietnam, Nhicolai Kolesnik, demande à Irina de construire un site web dédié à l’organisation, toujours consultable à l’adresse www.nhat-nam.ru/vietnamwar/index.html.
«En 2008, j’ai construit un autre site web pour publier les articles du spécialiste du Vietnam et ancien correspondant de guerre au Vietnam de l’agence TASS, Sergey Aphonin. Âgé aujourd’hui de plus de 70 ans, il écrit toujours des articles sur les événements sociopolitiques et culturels au Vietnam très appréciés des lecteurs», raconte Irina.
Le lac de l’Épée restituée à Hanoi. |
Actuellement, le site www.nhat-nam.ru fourmille d’informations sur le Vietnam qui touchent à tous les domaines ou presque, comme musique, gastronomie, culture traditionnelle, tourisme, sport,... Des documentaires sur la guerre sont aussi disponibles en streaming ou en téléchargement libre. La rubrique «Relations vietnamo-russes» est la plus fréquentée. Elle présente des informations sur la coopération politique, sociale, culturelle et commerciale entre les deux pays, le XIe Congrès du Parti communiste vietnamien, les XIIIe élections législatives du Vietnam, la célébration du Millénaire de Thang Long-Hanoi, la visite du président russe Dmitri Medvedev au Vietnam, les Journées culturelles du Vietnam en Russie, etc.
Fin 2011, le site proposait toute une série d’informations sur pas moins de 800 sujets. Il recense environ 600 connections par jour dont 70% de Russie, le restant étant occupé par l’Ukraine, la Biélorussie et le Vietnam. De par son exhaustivité, le site a servi à présenter le Vietnam à des internautes américains, allemands, bulgares, israéliens..., d’autant qu’un millier d’autres sites web proposent des liens renvoyant vers lui. «À présent, les visées du site sont très différentes de ce qu’elles étaient au début. Mais je souhaite conserver son nom, car il est aujourd’hui connu de beaucoup de monde», explique Irina.
«Je continuerai à développer le site. Je le considère comme une pierre précieuse que j’offre au Vietnam», ajoute-t-elle.
Hà Minh/CVN