Le candidat républicain à la prochaine élection présidentielle américaine, Mitt Romney, le 6 mars à Boston. Photo : AFP/VNA/CVN |
Le modéré Mitt Romney n'est pas parvenu à terrasser ses rivaux Newt Gingrich et l'ultraconservateur Rick Santorum, lors de cette journée où dix États étaient en jeu, mais a cependant réussi à asseoir son statut de favori, en enlevant de justesse l'État stratégique de l'Ohio (Nord). Mais il a échoué à s'imposer parmi les électeurs de base conservateurs et est apparu vulnérable auprès de la classe moyenne et des électeurs les plus modestes --des failles incontestables dans sa campagne pour l'investiture.
"Il a toujours un vrai problème pour s'imposer auprès des électeurs conservateurs et religieux", déclare Dante Scala, professeur de sciences politiques à l'Université du New Hampshire. Le chemin est peut-être ardu pour M. Romney, mais il peut néanmoins se targuer d'avoir gagné les primaires en Floride et dans l'Ohio, deux États cruciaux lors de l'élection présidentielle, et sans lesquels aucun républicain n'a jamais pu être élu à la Maison Blanche. "Je crois que Romney est favori malgré tout", a affirmé pour sa part Bruce Buchanan, professeur des institutions à l'Université du Texas à Austin.
Les chiffres n'étaient pas encore définitifs, mais M. Romney était certain le 6 mars au soir de confirmer son avance en termes de nombre de délégués acquis à sa candidature, avant la Convention républicaine en août. L'ancien gouverneur du Massachusetts devrait finir la nuit avec plus de 3.000 délégués dans son escarcelle, soit plus du double de son concurrent immédiat, Rick Santorum --sachant qu'il en faut 1.144 pour remporter l'investiture.
Lors du "Super mardi", il a gagné dans l'Ohio, l'Idaho, le Massachusetts, le Vermont et la Virginie, ainsi que, selon des projections, dans l'Alaska, tandis que M. Santorum s'est imposé dans le Tennessee, l'Oklahoma et le Dakota du Nord, M. Gingrich devant se contenter de son fief de Géorgie.
En échouant dans les États profondément conservateurs du Sud, M. Romney montre une nouvelle fois sa difficulté à séduire le large éventail des électeurs républicains. De même, en perdant l'Ohio, M. Santorum s'avère incapable de s'imposer dans un État déterminant pour l'élection présidentielle. Le "Super mardi" illustre finalement la spécificité de cette course à l'investiture : M. Romney apparaît comme le favori, mais sans parvenir à faire l'unanimité et rassembler tous les courants du parti républicain.
Une investiture qui pourrait au final -- par sa longueur et son manque de leader naturel -- altérer l'image du vainqueur, faire fuir les précieux électeurs du centre et favoriser la réélection de Barack Obama. Si M. Romney a remporté l'Ohio - et douché les ambitions de Rick Santorum, comme le mois dernier dans le Michigan - c'est aussi parce qu'il est vu comme le candidat le plus susceptible de battre le président sortant.
Selon un sondage de sortie des urnes de CNN, les électeurs qui veulent avant tout un champion capable de battre M. Obama ont voté à 53% pour Mitt Romney. Le défi pour M. Santorum est maintenant de convaincre qu'il peut encore remporter l'investiture et qu'il n'est pas seulement susceptible de faire du tort au champion des républicains.
M. Gingrich, quant à lui, peut se targuer d'être le candidat du Sud, bastion républicain aux élections présidentielles, après avoir ajouté la Géorgie à la Caroline du Sud, remportée en janvier. Mais l'ancien président de la Chambre des représentants ne semble pas avoir de chance sérieuse d'accéder à l'investiture, se profilant plutôt comme la conscience conservatrice d'un parti qui rechigne encore à se livrer en masse à Mitt Romney.
AFP/VNA/CVN