Pham Van Duc est actuellement conseiller et lecteur fidèle du Courrier du Vietnam. |
Ce mois de septembre est historique pour Le Courrier du Vietnam qui fête les 20 ans de son nouveau statut. Pourriez-vous nous faire part de vos souvenirs après ce changement de tutelle ?
Cette période est marquante, non seulement par le changement de tutelle, mais aussi par la nouvelle ligne éditoriale mise en place dans le cadre de la politique du Renouveau suivie par le pays. Le journal avait en fait deux éditions, une en anglais et une en français, ayant un contenu identique traduit du vietnamien. Quatre rédacteurs-traducteurs et une dactylographe travaillaient dans la section francophone pour publier chaque semaine un journal de quatre pages format tabloïd (A3). On écrivait à la main et il n’y avait qu’un seul ordinateur pour la saisie et la sauvegarde des textes destinés à l’imprimerie. Pourtant on était très motivé, et une nouvelle publication est née l’année suivante pour compléter l’hebdomadaire.
Ainsi, en octobre 1994, avec le soutien des responsables de l’Agence Vietnamienne d’Information (VNA) et de l’Ambassade de France au Vietnam, Le Courrier du Vietnam édite son premier numéro quotidien. Cette nouvelle périodicité est un immense défi vu l’inexpérience du personnel, la plupart étant traducteurs de dépêches.
Vous étiez l’un des responsables du journal de l’époque, quelles difficultés la rédaction a-t-elle rencontrées pour sortir les premiers numéros quotidiens ?
Difficile de vous décrire en quelques mots tous les obstacles que nous avons dû surmonter, en particulier pendant les premières années. Mais si je dois retenir le principal, je dirais le manque de formation du personnel. La rédaction n’avait aucune expérience dans la réalisation d’un quotidien. Je devais me documenter sur tout, on avait des ordinateurs mais pas à Internet. Au départ, c’était une équipe rédactionnelle de huit journalistes-rédacteurs, plus deux maquettistes et six personnes préposées à la saisie de textes, l’administration, la logistique… Les rédacteurs étaient essentiellement au départ des traducteurs formés sur le tas, choisis parmi le personnel de la VNA sur la base de leurs connaissances du français. Aucun d’entre nous n’a reçu une formation spécifique pour travailler dans un quotidien, et encore moins francophone. Tout le monde était soucieux du design de la maquette, de la détermination des rubriques et ses contenus, de la mise en page, etc.
On commençait à 08h30 le matin et on bouclait parfois à 02h00 du matin le lendemain. Il a donc fallu se débrouiller. Le chemin de fer, la sélection des informations, l’angle des sujets, tout était renouvelé chaque jour. Enfin, il fallait également passer du temps à l’enrichissement du fonds photographique, car là aussi, le besoin était bien plus important. Parfois toute l’équipe était mobilisée pour chercher une photo d’illustration d’un article de tête en feuilletant les revues.
Au fil du temps, Le Courrier du Vietnam s’est renouvelé pour s’adapter à la demande des lecteurs. Que pensez-vous des trois volets d’activités sur lesquels il travaille aujourd’hui (le journal en ligne, l’hebdomadaire et l’émission télévisée Espace francophone) ?
Lorsqu’on compare Le Courrier du Vietnam d’aujourd’hui et le quotidien noir et blanc de 4 pages de 1994, on voit combien le journal a évolué.
Bureau de représentation du Courrier du Vietnam à Hô Chi Minh-Ville. |
Photo : B2/CVN |
Il faut notamment souligner les efforts de plusieurs générations de journalistes et techniciens qui ont œuvré pour son développe-ment : de 4 pages, il est passé à 8, à 12 puis à 16 pages, format A3, avant de repasser en version hebdomadaire début 2012, avec 64 pages, format A4. L’édition en ligne, la rubrique télévisée, Le Courrier du Vietnam est aujoud’hui bien riche, tant en supports qu’en contenus. Cependant, je pense que pour fidéliser son public et augmenter son tirage, le journal a encore beaucoup de travail. Il doit publier des articles plus fouillés, des rubriques de débats, et renforcer le contact avec ses lecteurs, tout en préservant son identité et son style. Ses défis sont nombreux.
Propos recueillis par Bùi Thi Phuong/CVN