>>Décès du professeur et académicien Nguyên Van Hiêu
>>La 4e conférence internationale de physique s’ouvre à Binh Dinh
L'homme qui nous a reçus à l'Institut unifié de recherches nucléaires à Doubna, l'été 1975, a emporté avec lui les prémisses de nos joies d'alors de se retrouver en Russie, le pays frère qui a formé les plus grands scientifiques vietnamiens lors de la guerre du Vietnam (1954-1975). En effet, de nombreux chercheurs vietnamiens de retour de Russie ont posé les jalons de nouveaux secteurs scientifiques tels que l'aérospatial, la biomédecine ou le nucléaire civil.
Le Professeur |
Photo : LD/CVN |
Aujourd'hui, le Vietnam a approché le niveau des pays de la région en nanotechnologies, cellules souches, décodage de génomes de plantes et d'animaux et du génome humain.
M. Hiêu s'est intéressé, entre autres, à la nanotechnologie et a formé toute une équipe de chercheurs comme Nguyên Dai Hung et Vu Thi Bích dans ce domaine à l'Université des sciences et technologies de Hanoï (USTH). La plupart de ces chercheurs d'après-guerre se sont formés en France, en particulier à l'Université Paris-Sud, Orsay.
Coordination avec la Russie
Puis, M. Hiêu que nous appelons Anh Hiệu est venu nous voir dès notre arrivée à l'automne 1972 à l'Institut de physique des hautes énergies du RosAtom à Protvino, en Russie, dans le cadre de la coopération scientifique et technique avec le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), un organisme de recherche scientifique français. Protvino se trouve sur la rive gauche de la rivière éponyme, à 12 km à l'ouest de Serpoukhov et à 100 km au sud de Moscou. Cette localité a été fondée dans le cadre de la construction d'un grand laboratoire de physique des particules, qui débuta en 1958. Ouvert en 1965, l'Institut de physique des hautes énergies du RosAtom est connu pour l'accélérateur de particules U-70, qui était le plus grand du monde au moment de sa mise en service en 1967.
Anh Hiệu nous parlait de ses recherches avec beaucoup de simplicité et essayait toujours de trouver la meilleure explication pour m'initier à la Science des matériaux avancés et nanotechnologies (AMSN).
Depuis la signature de l'accord de coopération en matière de sciences et technologies entre le Vietnam et la Russie, le 31 juillet 1992, les deux pays se sont coordonnés dans les biotechnologies, les nouveaux matériaux, l’électronique, l’automatisation, l'économie, les sciences sociales et humaines. Le partenariat dans le nucléaire constitue une avancée majeure. Lors de la visite du Premier ministre Nguyên Xuân Phuc en Russie en mai 2019, les deux parties ont signé un accord sur la construction d'un centre de recherche nucléaire au Vietnam.
Coopération franco-vietnamienne
Quant à la France, elle est devenue un partenaire privilégié du Vietnam en matière de coopération universitaire, avec 7.000 étudiants vietnamiens dans des formations françaises au Vietnam. La coopération scientifique s'appuie sur un dispositif exceptionnel de collaboration reposant sur plusieurs instituts de recherche.
Actuellement, le projet phare de coopération universitaire franco-vietnamienne est l'Université des sciences et technologies de Hanoï (USTH), créée en 2009 en réponse à la demande vietnamienne de création d'écoles de "nouveau modèle" en partenariat avec des pays étrangers. L'USTH est la première université en Asie du Sud-Est à avoir mis en place des cursus selon le schéma des études Licence-Master-Doctorat (LMD) - système européen des diplômes de l'enseignement supérieur.
L'USTH, qui bénéficie d'un soutien français significatif, délivre des diplômes vietnamiens de licence et des diplômes français de master dans les domaines scientifiques des biotechnologies, de l'eau et de l'environnement, des nanomatériaux, des technologies de l'information, de l'aéronautique et du spatial. Elle repose sur un trépied original au Vietnam qui associe l'enseignement, la recherche scientifique et la professionnalisation en lien avec les entreprises françaises et vietnamiennes.
Avec Anh Hiệu, à Hanoï comme à Orsay, souvent lors de nos rencontres, nous échangions en russe pour nous rappeler le bon vieux temps. Lors de notre visite en novembre 2018 à Hanoï, il nous a surpris dans son bureau, avec sa grande bibliothèque et tous les objets glanés lors de ses voyages et conférences de Moscou à la Havane en passant par Paris et Orsay. Il a été un grand ami de la France et s'exprimait aussi en français à la perfection.
Nguyên Van Hiệu, grand ami de la Russie et de la France, a impacté la nanotechnologie au Vietnam et les valeurs de la fraternité dans nos cœurs.
Au revoir Anh Hiệu !
Le Professeur, académicien et enseignant du Peuple, Nguyên Van Hiệu, est décédé le 23 janvier 2022 à l’Hôpital d’amitié Viêt Xô (Vietnam-Russie) à Hanoï, à l'âge de 84 ans.
Né en 1938, le Professeur Nguyên Van Hiệu fut l’une des personnes les plus influentes dans le développement de la physique et plus généralement des sciences et technologies au Vietnam.
Il a été membre du Comité central du Parti des VIe, VIIe et VIIIe mandats ; membre suppléant du Comité central du Parti du Ve mandat ; député des IVe, Ve, VIe, VIIe et VIIIe législatures de l'Assemblée nationale ; et ancien président de l'Académie vietnamienne des sciences et technologies.
Il devint membre de l'Académie des sciences de l'Union soviétique en 1982 puis du Comité scientifique de l'Institut unifié de recherches nucléaires à Doubna, en Russie.
Il a publié pas moins de 130 ouvrages de recherches sur la physique. Il a reçu plusieurs prix, dont le Prix de Lénine en 1986.