Le pêcheur vagabond et ses voyages en Mer Orientale

Soucieux d’exaucer le vœu de son défunt père, Pham Ngoc Thuc s’est fait pêcheur vagabond et se rend dans diverses îles du pays, avec le portrait posthume de son père, un ancien gardien de l’archipel de Hoàng Sa (Paracel).

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M. Thuc lors d’une pêche en mer en mars 2012.
Photo : Ba Dung/CVN

Pham Ngoc Thuc, né en 1970, est électricien et travaille pour la Compagnie d’électricité de la ville de Dà Nang (Centre). Sa passion pour la pêche à la ligne en pleine mer, il l’a héritée de son père, Pham Khôi, qui, dans les années 1965-1969, faisait partie de l’unité de gardiens de l’archipel de Hoàng Sa (Paracel), aux larges de la ville de Dà Nang.

C’est en 1997 que Pham Ngoc Thuc commence ses innombrables voyages tout au long de la côte, notamment au Centre et au Sud, débarquant sur les diverses îles au gré de ses envies, avec toujours comme seuls bagages du matériel de pêche et le portrait de son père. "Juste avant son décès, mon père m’a fait part de sa dernière volonté : +Je voudrais t’accompagner lors de tes voyages futurs, afin de contempler la côte et les si belles îles de notre pays", confie-t-il.

Une passion de père en fils

Dans la ville de Dà Nang, au bord de la mer, se trouve un lieu où sont exposées des images de Hoàng Sa et bien d’autres objets et documents relatifs aux îles Paracels. On y découvre, entre autres, des informations sur Pham Khôi, l’un des gardiens de l’archipel, qui y a effectué deux missions, en 1965 et en 1969. La tâche de ces soldats était alors de surveiller le va-et-vient des bateaux vietnamiens et étrangers dans cette zone insulaire. Le jour de 1970 où il quitta Hoàng Sa pour retrouver le continent était aussi le jour de la naissance de son fils ainé, Pham Ngoc Thuc.

Âgé de 51 ans, celui-ci vit dans une petite maison d’une ruelle à Dà Nang. Sur les murs de son salon sont suspendus du matériel de pêche, des certificats d’honneur et des photos représentant ses exploits de pêche et les "butins" extraordinaires de la mer. "Dès ma plus tendre enfance, mon père m’a raconté bien des histoires passionnantes sur ses missions à Hoàng Sa et ses pêches en pleine mer. Alors se sont gravées dans mon imagination des images de tortues de mer grosses comme des paniers, rampant sur le sable, ou encore de gros poissons s’élançant dans la nuit noire à la surface de l’eau. Mon père était un excellent nageur et brillait également à la pêche à la ligne. Il m’emmenait souvent à la pêche. Petit à petit, il m’a transmis son amour pour la mer", raconte Ngoc Thuc.

En 1997, l’électricien Ngoc Thuc se fait pêcheur vagabond, avec pour ambition d’aller en pleine mer, partout dans le pays. S’adonnant entièrement à sa passion, il destine tout son argent à l’achat de matériel de pêche professionnel et décide de partir dès que ce sera possible. "Ma passion pour la pêche à la ligne m’a donné une certaine expérience. Il me suffit de regarder la surface de l’eau pour savoir si le coin est poissonneux", révèle-t-il.

Des prises de valeur

Selon sa femme Phan Thi Hoa, son mari a parcouru presque toutes les régions côtières et îles du Centre. "Il a un gros cahier dans lequel il note exactement les dates et heures où il débarque sur telle ou telle île. De plus, excellent en natation et en plongée, Ngoc Thuc connaît les récifs coralliens du Centre comme sa poche", confie-t-elle avec un brin d’orgueil. Elle ajoute : en 2013, une organisation de défense de l’environnement maritime a fait appel à son mari pour photographier des récifs dans les eaux à Dà Nang.

M. Thuc montre une photo de lui qu’il garde comme un beau souvenir.
Photo : Ba Dung/CVN

Mais le pêcheur Ngoc Thuc préfère les longs voyages en mer auxquels il consacre à chaque fois un mois de préparation, pour demander la permission d’un congé et économiser la somme nécessaire. En effet, le voyage coûte cher, parfois plusieurs dizaines de millions de dôngs. Ngoc Thuc n’oublie pas l’un de ses premiers voyages, dans une île de la province de Quang Ninh, au Nord. "J’étais parti sans autre compagnie que moi-même. Déboussolé dans cette région lointaine et j’ai dû me débrouiller seul. Après plusieurs journées difficiles, j’ai dû me résigner à rentrer bredouille".

À l’inverse, ses excursions dans les îles de Phu Quôc et Thô Chu, au Sud, ont abouti à de très belles prises. Il raconte qu’une fois, il a réussi à pêcher un serran de 6 kg, qu’une autre fois, il a attrapé un tétrodon de 8 kg, une autre fois encore, c’est un bop (espèce de gros poisson) de 22 kg qui a mordu à l’hameçon. "Ces poissons gigantesques me suffisent à rembourser les dépenses de mes voyages", dit-il avec un sourire.

Le pêcheur vagabond ne compte plus le nombre de ses excursions : onze au large de l’île de Phu Quôc, plusieurs dizaines sur les îles du Centre comme Lý Son, Cù Lao Chàm, et dans les golfes de Nha Trang et Phú Yên… "Il vaut mieux pêcher au large des îles de Phú Quôc et An Thoi, dans la province de Kiên Giang, ou de l’île de Côn Co, dans la province de Quang Tri. Là-bas, la mer est extrêmement généreuse", précise-t-il.

Une chose est remarquable : le pêcheur amateur possède une centaine d’albums de photos qu’il a prises lors de ses excursions en mer et dont il est très fier. Il nourrit une ambition ardente, celle de débarquer un jour sur les archipels de Hoàng Sa et de Truong Sa (Spratly), avec dans sa poche le portrait posthume de son père, ancien gardien des îles du pays. Vouloir, c’est pouvoir !

Nghia Ðàn/CVN

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