Séisme : le Haïti appelle à l'aide, plus de 100.000 morts

Les habitants de Port-au-Prince attendaient fébrilement le 14 janvier secours, vivres et médicaments, au milieu des cadavres et des décombres qui jonchaient les rues après le violent séisme.

Serrés les uns contre les autres, les sinistrés du tremblement de terre scrutaient le ciel, dans l'espoir d'apercevoir les avions de l'aide internationale.

Le Champ de Mars, célèbre avenue de Port-au-Prince, a été transformé en un gigantesque camp de plusieurs dizaines de milliers de réfugiés. Beaucoup ont tout perdu : maisons, passé, famille.

Terrorisés et démunis, nombreux s'en remettent à Dieu : "Ségné vin sové nou" (Seigneur viens nous sauver), chantaient en choeur le 13 janvier soir des milliers d'Haïtiens, rassemblés dans le noir à Pétion-Ville, dans la banlieue de la capitale. Plus loin, un nourrisson était sorti des décombres : "C'est la main de Dieu qui m'a guidée pour sauver ce bébé", assure Jeanwell Antoine, un habitant. Le séisme a balayé des infrastructures clés, dont des installations électriques, plongeant la ville de près de 2 millions d'habitants dans l'obscurité et enfonçant le pays, le plus pauvre du continent américain, dans une misère encore plus aiguë.

La secousse, de magnitude 7, la plus forte dans ce pays depuis plus de 2 siècles, a laissé derrière elle d'innombrables cadavres, faisant craindre un bilan humain terrifiant.

Le Premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, a dit le 13 janvier redouter qu'il ne soit "bien au-dessus des 100.000" morts.

Les corps retirés des décombres sont souvent alignés à même le sol, recouverts d'un drap. Les survivants errent dans les rues, tentant de dégager des blessés à mains nues.

Dans les ruines, les corps restent figés dans la position qui était la leur au moment du drame : un couple surpris pendant la sieste, des fillettes recouvertes de poussière, des femmes presque dévêtues. Dans les carcasses de voitures, gisent des corps carbonisés.

Et près de 40 heures après la catastrophe, les habitants de Port-au-Prince manquent de tout. "Certaines personnes meurent de froid, de déshydratation ou de blessures qui auraient pu être facilement soignées", a relevé l'ancien président américain Bill Clinton, envoyé spécial de l'ONU pour Haïti.

Selon lui, les secours devront se concentrer pendant les 10 à 15 jours à venir sur les besoins de base : vivres, eau, abris et premiers soins.

La communauté internationale se mobilise

Événement rare et significatif, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a écourté une tournée dans le Pacifique et est rentrée hier aux États-Unis pour coordonner l'aide américaine.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a souligné que le séisme exigeait un effort majeur des secours, dont pourraient avoir besoin 3 millions de sinistrés, ajoutant qu'il se rendrait sur place "dès que possible".

L'ONU elle-même a payé un lourd tribut : le quartier général de la Mission de stabilisation de l'ONU en Haïti (Minustah) est en ruines. Seize de ses membres sont décédés et quelque 150 portés disparus.

D'énormes moyens militaires ont déjà été déployés sur place et la communauté internationale, États-Unis en tête, se mobilisait pour aider les victimes.

Un avion de la compagnie Icelandair s'est posé le 13 janvier soir sur l'aéroport de la capitale, chargé de vivres, suivi d'un avion cargo militaire canadien et de 2 américains.

Alors que le président Barack Obama a promis une intervention américaine "rapide, coordonnée et énergique", un bâtiment des garde-côtes américains est arrivé le 13 janvier dans la baie de Port-au-Prince, suivi par un second bâtiment.

Le secrétaire d'État français à la Coopération, Alain Joyandet, devait partir hier soir pour Haïti. Trois avions de transport militaire français ont décollé le 13 janvier de Martinique et un Airbus A310 du Sud de la France.

Dans une course contre la montre pour retrouver d'éventuels survivants, des sauveteurs français, canadiens, vénézuéliens ou chiliens, accompagnés de chiens, étaient attendus. L'Indonésie, pays régulièrement touché par des catastrophes naturelles, va envoyer une équipe de 75 sauveteurs et soignants. Le 14 janvier, le Japon a annoncé offrir 5 millions de dollars d'aide.

La Banque mondiale s'est engagée à débloquer 100 millions de dollars supplémentaires, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque interaméricaine de développement (BID) devraient lui emboîter le pas.

Le président de la Commission de l'Union Africaine (UA), Jean Ping, a exprimé hier "le choc et la tristesse" des Africains.

Le président Yvon Vallières et le secrétaire général parlementaire Jacques Legendre, ainsi que l'ensemble des membres de l'Assemblée parlementaire de la Franco- phonie, expriment leur très forte émotion, leur solidarité et leur profonde sympathie au peuple haïtien et présentent leurs plus sincères condoléances aux familles des victimes de cette catastrophe. "Nous ferons en sorte que l'ensemble des sections de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie se mobilisent et interviennent en ce sens auprès de leurs exécutifs", a déclaré Yvon Vallières.

AFP-apf/VNA/CVN

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