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"Nous devons défendre la démocratie du coup d'État", a affirmé la présidente qui est la cible de cette procédure enclenchée mercredi soir 2 décembre par le président ultra-conservateur de la Chambre des députés, Eduardo Cunha.
Elle s'exprimait lors d'une cérémonie avec des fonctionnaires du secteur de la santé qui s'est transformée en acte politique.
"Non au coup d’État !" et "Dehors Cunha !" scandaient les fonctionnaires. "La procédure d'impeachment n'a aucun fondement. Je vais défendre mon mandat avec tous les instruments prévus dans notre État démocratique de droit", a-t-elle souligné.
La présidente brésilienne Dilma Rousseff à Brasilia le 4 décembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La chef de l’État n'a pas été impliquée directement dans des affaires de corruption mais un groupe de juristes a demandé qu'elle soit soumise à un processus de destitution pour avoir autorisé des dépenses publiques supplémentaires sans le feu vert préalable du parlement.
La demande a été acceptée par M. Cunha, farouche adversaire de la présidente, qui fait lui-même l'objet d'une enquête pour corruption dans le cadre du scandale au sein du géant public pétrolier, Petrobras.
Inquiète du manque de marge de manœuvre pour gouverner le pays plongé dans une crise économique et politique, Mme Rousseff veut accélérer la procédure.
"La présidente veut que cela aille vite. Sa hâte découle de sa préoccupation pour le gouvernement et le pays afin qu'il poursuive son développement", a déclaré son chef de cabinet Jacques Wagner jeudi soir 3 décembre.
Ministres et députés du parti présidentiel ainsi que l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) se sont mobilisés pour accélérer le processus qui pourrait s'étendre sur plusieurs mois et paralyser un peu plus le pays en pleine récession économique, alors que la présidente est au plus bas dans les sondages.
"Nous devons résoudre cela au plus vite possible", a déclaré Lula qui, comme les parlementaires de la coalition gouvernementale, veut suspendre les vacances d'été (austral) du parlement du 22 décembre au 1er février.
Le gouvernement pense pouvoir obtenir les 172 voix (sur 513 députés) nécessaires pour empêcher que la procédure soit acceptée en séance plénière au Congrès, ce qui obligerait Mme Rousseff à abandonner ses fonctions.
Pression sur les députés
Mais l'opposition veut faire traîner les choses pour fragiliser la présidente, pariant sur la mauvaise passe de l'économie qui la rend de plus en plus impopulaire. Elle espère aussi organiser des manifestations de rues en faveur de la destitution pour faire pression sur les députés.
Les regards se tournent par ailleurs vers un personnage clé dont la position reste énigmatique, le vice-président Michel Temer, membre du puissant Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre-droit), qui assumerait le pouvoir jusqu'aux élections de 2018 en cas de destitution de Mme Rousseff.
Habile politicien, M. Temer n'a fait aucune déclaration publique depuis le déclenchement de la procédure, tout en recevant des responsables de l'opposition.
Un proche lieutenant de M. Temer, le ministre de l'Aviation civile, Eliseu Padilha, (PMDB), a annoncé en coulisses qu'il démissionnerait lundi 7 décembre, selon la presse brésilienne, alimentant les spéculations.
"La sortie de Padilha, l'un des principaux alliés du vice-président Michel Temer, est un signe clair que le PMDB commence à lâcher le gouvernement Dilma", s'est félicité le député de droite Paulo Pereira da Silva.
Incontournable allié du Parti des travailleurs (PT, gauche) au sein de l'instable coalition au pouvoir le PMDB est divisé entre courants opposés et favorables à la destitution de Mme Rousseff.
AFP/VNA/CVN