Restauration des vieilles rues à Hanoi : expériences croisées

Les experts vietnamiens et italiens se sont penchés la semaine dernière à Hanoi sur la restauration et la protection des anciennes rues. Leur débat passionnant en dit long sur la complexité de ce chantier face à une urbanisation frénétique.

La restauration du vieux quartier de Hanoi, ce patrimoine unique qui constituent l'âme de la capitale vietnamienne, s'est invitée le 21 mai à un colloque international organisé par l'ambassade d'Italie au Vietnam.

Ce dossier a été évoqué depuis les années 1990 et fait l'objet de nombreux colloques scientifiques nationaux et internationaux. Mais 20 ans après, il demeure encore maintes difficultés à résoudre, dont l'absence d'un cadre juridique pour la préservation des 36 rues de corporations.

L'ancien quartier de Hanoi a attiré l'attention de beaucoup d'architectes, urbanistes de différents pays. Les experts d'une dizaine de nations ont étudié ce quartier et donné leurs avis sur ce problème, fait savoir Dào Ngoc Nghiêm, ancien directeur du Service de l'aménagement et de l'architecture de Hanoi (SAAH).

Australie, Nouvelle-Zélande, France, Japon, Suède... "Nous avons entendu trop de conseils d'experts internationaux", indique cet architecte.

En réalité, les travaux de sauvegarde et de restauration de l'ancien quartier s'avèrent très compliqués. En 1999, le Comité populaire municipal a déjà approuvé le "Règlement provisoire de gestion de l'ancien quartier". Onze ans ont passé, un vrai règlement de gestion du vieux quartier de Hanoi fait encore défaut, au grand regret de l'ancien directeur du SAAH.

Autre lacune, Hanoi n'est toujours pas dotée de critères pour juger de la valeur des anciennes maisons, selon l'architecte Dào Ngoc Nghiêm. En 1995, les experts de Hanoi ont affirmé qu'il y avait plus de 800 vieilles maisons de valeur. Il y a 2 ans, on n'en comptait plus que 300. Concernant les monuments historiques et architecturaux, l'aménagement de l'ancien quartier, approuvé en 1995 par le gouvernement, a présenté la liste de 24 vestiges historiques devant être conservés. En 2008, on en recensait 104 et l'an passé, 121, fait-il savoir.

Un autre casse-tête des autorités locales est la densité de population de l'ancien quartier. Actuellement, on y compte 84.000 habitants au kilomètre carré, soit 44 fois plus que la densité moyenne des cités urbaines : 1.900 personnes/km2.

Une dizaine d'années auparavant, le Comité populaire municipal a abordé la question du relogement des habitants des 36 rues et corporations vers les nouvelles agglomérations de Viêt Hung et Ngoc Thuy, respectivement à 10 km et 5 km du centre-ville, ce qui n'a toujours pas été réalisé.

Enfin, la sauvegarde de l'ancien quartier n'attire pas encore la participation des habitants, les autorités ne réussissant pas à accroître l'intérêt de la population locale à ce sujet, dit l'architecte Dào Ngoc Nghiêm.

Le cas de Gênes, classée au patrimoine mondial

Gênes, ancien port du Nord-Ouest de l'Italie, connaît depuis 20 ans, une restauration importante qui l'a transformé en ville dynamique, avec une "âme vivante" dans un "corps" doté de nombreux monuments à haute valeur culturelle et historique.

Les autorités, architectes, urbanistes de cette ville ont appliqué une série de mesures de sauvegarde et de restauration efficaces qui assure l'ordre social, le développement durable de l'environnement et favorise le tourisme. Une quarantaine d'anciens monuments de cette ville italienne ont été reconnus par l'UNESCO. En 2004, Gênes a été choisie comme capitale culturelle européenne.

"Nous avons commencé par l'aménagement des axes de communication, les places, les parcs. Il faut améliorer le système des voies de communication, aménager des rues piétonnes. Après, il est nécessaire de déterminer la valeur de chaque zone par des études minutieuses de chaque maison, monument architectural...", indique le président de l'Association des architectes de Gênes, Giorgio Parodi, dévoilant à ses confrères vietnamiens le secret de la réussite de la restauration de sa ville.

"Nous avons ensuite procédé au classement de ces ouvrages selon les critères architecturaux, historiques, culturels... Ce qui permet de déterminer les procédés de restauration différents", poursuit-il. Et d'ajouter : "La restauration de l'ancien quartier doit aller de pair avec l'amélioration de la qualité de vie des habitants et le développement durable".

Ainsi, il faut selon ce responsable, se concentrer, au cours du processus de sauvegarde, sur le développement des métiers artisanaux ou prévoir des politiques d'assistance aux petites et moyennes entreprises, continue l'architecte. Enfin, l'important est d'attirer la participation des habitants locaux à la sauvegarde de leur propre maison, et à l'embellissement de leur quartier. Les restaurations financées par les particuliers doivent respecter les normes des autorités et professionnelles.

Hoàng Hoa/CVN

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