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La Dauphine, qui contribuera, comme la 4CV, à la motorisation de la France d’après-guerre et dont un modèle gagnera le Rallye de Monte-Carlo en 1958. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La société est alliée depuis 1999 au japonais Nissan dont elle détient 43% du capital. Renforcé par Mitsubishi en 2016, le groupe a atteint l’année suivante l’éphémère première place mondiale du nombre de voitures et utilitaires légers vendus dans le monde.
L’entreprise au Losange, présidée depuis 2019 par Jean-Dominique Senard, transfuge de Michelin, emploie plus de 179.500 personnes (dont 27% en France) et distribue ses véhicules dans plus de 130 pays. L’année dernière, le constructeur (avec ses marques Dacia, Lada, Alpine et Samsung Motors) a vendu 3,75 millions de véhicules (-3,4% sur un an), et surtout subi sa première perte nette en dix ans, à -141 millions d’euros, sur un chiffre d’affaires de 55,5 milliards.
C’est en 1898 que le jeune autodidacte Louis Renault construit à Boulogne-Billancourt, près de Paris, sa première automobile, la "Type A". L’année suivante est fondée l’entreprise Renault Frères, dont le succès commercial s’étend avant la Première Guerre mondiale grâce aux exploits sportifs de ses modèles.
Mobilisées pour l’effort de guerre, les usines Renault produisent des munitions, mais aussi le char léger FT, qui contribue aux avancées alliées avant l’Armistice de 1918. Au moment où son nouveau concurrent André Citroën connaît un grand succès en appliquant la méthode de fordisme américaine, Louis Renault modernise aussi son outil de production. Cela passe par l’usine géante de l’île Seguin à Billancourt au début des années 1930.
À l’époque, la gamme Renault comprend de petites voitures mais aussi de puissantes autos grand luxe comme la Nervastella.
"Laboratoire social"
Mais la Seconde Guerre mondiale rebat les cartes. Les usines Renault sont réquisitionnées par l’occupant et en 1944 Louis Renault est arrêté pour faits de collaboration. Il meurt en détention quelques semaines plus tard.
Le Char Renault FT, qui avait enfoncé les lignes allemandes en 1918, lors d’un défilé sur les Champs-Elysées, le 14 juillet 2017 à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le gouvernement nationalise alors l’entreprise, qui devient la "Régie nationale des usines Renault" et se voit confier la construction de voitures d’entrée de gamme: la 4CV et la Dauphine, qui contribueront à la motorisation de la France d’après-guerre.
Cette orientation populaire subsistera dans l’ADN de la marque, que ce soit avec la Renault 4 de 1961, la Renault 5 de 1972 et, depuis le début des années 1990, les Clio et Twingo, qui ont régulièrement figuré parmi les voitures les plus vendues en France et en Europe.
Renault, dont l’implantation industrielle en France s’est développée (Flins, Cléon, Sandouville dans l’axe Paris - Le Havre, mais aussi Le Mans et Douai), s’étend à l’international, en particulier en Espagne, en Amérique du Sud, en Turquie, en Slovénie, puis au Maroc et en Algérie. Sa première usine chinoise est inaugurée début 2016. Le groupe parie aussi sur le développement de l’électrique, avec des modèles comme la Zoé.
Plusieurs tentatives de conquérir le marché nord-américain échouent toutefois, et l’entreprise peine à s’imposer dans le haut de gamme malgré des véhicules novateurs comme la R16 (1965) ou l’Espace (1984).
La Régie est longtemps considérée comme le "laboratoire social" de la France, avec notamment des accords précurseurs sur les congés payés. Bastion syndical, c’est aussi l’un des épicentres de la contestation en mai 1968.
Une époque s’achève entre 1990 et 1996, avec la transformation en société anonyme et un désenga-gement graduel de l’État, qui contrôle encore toutefois 15% du capital aujourd’hui. L’usine de l’île Seguin ferme en 1992, même si le siège social reste installé à proximité.
C’est sous le Pdg Louis Schweitzer, en 1999, qu’est rachetée la marque roumaine Dacia. Elle devient un phénomène commercial dans le secteur du "low-cost". Les groupes sud-coréen Samsung Motors et russe Avtovaz (Lada) rejoignent ensuite l’orbite du constructeur, qui se taille parallèlement un solide palmarès en Formule 1.
Renault, que Carlos Ghosn dirigeait depuis 2005 avant sa vertigineuse disgrâce dans la foulée de son arrestation au Japon en novembre 2018, a bénéficié d’économies d’échelle grâce à Nissan, qui était aussi une source de juteux dividendes avant de graves déboires commerciaux et financiers ces derniers trimestres.