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Après plusieurs jours de retard, les corps de 104 pèlerins sont arrivés le matin à l'aéroport Mehrabad de Téhéran, où une cérémonie officielle en présence du président Hassan Rohani a été organisée pour les accueillir.
La garde d'honneur iranienne portent les cercueils des pèlerins tués dans la bousculade de la Mecque lors de leur rapatriement en Iran, le 3 octobre à l'aéroport de Téhéran. |
Depuis l'avion, des militaires ont porté les cercueils drapés du drapeau tricolore iranien. M. Rohani et plusieurs autres responsables présents sur le tarmac ont ensuite déposé des fleurs blanches sur les cercueils.
"S'il est prouvé que des personnes sont coupables dans cet accident, nous ne pardonnerons pas", a dit M. Rohani dans un discours. "Jusque-là, nous avons utilisé le langage de la diplomatie et du respect, mais si c'est nécessaire la République islamique d'Iran utilisera le langage d'autorité", a-t-il averti.
Le président iranien a ajouté que son pays réclamait toujours la création d'une "commission de vérité" pour déterminer les causes de la bousculade. Aussitôt après la bousculade le 24 septembre pendant le pèlerinage à Mina près de La Mecque, qui a fait au moins 769 morts selon un bilan officiel saoudien, Téhéran a accusé les responsables saoudiens d'incompétence et de mauvaise gestion dans l’organisation du hajj.
Cérémonies le 4 octobre
Samedi, les autorités saoudiennes n'avaient toujours pas fourni de décompte par nationalité des victimes de la bousculade. Plusieurs pays ont cependant confirmé le nombre de leurs morts identifiés, tandis que des centaines de pèlerins sont encore portés disparus.
Quoiqu'il en soit, après la comptabilisation des derniers chiffres donnés par les différents pays, le bilan du drame s'élève à 1.038 morts, bien plus que les chiffres donnés par Ryad. L'Iran avance lui le chiffre de plus de 2.000 morts dans la tragédie, la pire qu'ait connue le grand pèlerinage annuel musulman depuis 25 ans.
Selon Téhéran, un certain nombre de corps sont gardés dans des camions frigorifiques, ce qui rend leur identification difficile. "D'autres corps d'Iraniens seront rapatriés d'ici (samedi) soir, mais le problème est qu'un certain nombre de corps de personnes mortes n'ont toujours pas été retrouvés", a déclaré le ministre de la Santé, Hassan Hachémi, cité par l'agence officielle Irna.
Le matin du 4 septembre, une cérémonie en hommage aux victimes sera organisée à l'université de Téhéran et une autre dans l'après-midi dans une mosquée de la capitale en présence du guide suprême Ali Khamenei. Le gouvernement a appelé la population à y participer massivement.
Escalade
La bousculade et le grand nombre de victimes iraniennes qu'elle a occasionné ont exacerbé les tensions entre l'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite, les deux poids lourds rivaux dans la région. M. Khamenei a averti en début de semaine le gouvernement saoudien d'une réaction "dure" s'il n'agissait pas rapidement en vue du rapatriement des corps des pèlerins iraniens. Il a été jusqu'à affirmer que les Saoudiens "ne feront pas le poids" face à une éventuelle réaction iranienne. Ses déclarations ont renforcé le sentiment de défiance entre l'Iran et l'Arabie saoudite qui a accusé Téhéran de "politiser" la bousculade de Mina.
Les deux pays s'opposent pratiquement sur tout - Liban, Syrie, Yémen, Bahreïn - et s'accusent mutuellement de déstabiliser le Moyen-Orient pour pouvoir le dominer politiquement, militairement et religieusement.
Ryad a de nouveau pointé du doigt son rival régional en annonçant mercredi l'arraisonnement au large d'Oman d'un bateau iranien bourré d'armes destinées aux rebelles chiites du Yémen en guerre. L'Iran a démenti en parlant de "propagande".
Les relations se sont également envenimées entre l'Iran et Bahreïn, un allié de l'Arabie saoudite, qui accuse Téhéran d'ingérence dans ses affaires. Téhéran a expulsé le numéro deux de l'ambassade de Bahreïn en réaction à une décision similaire de Manama qui a aussi rappelé son ambassadeur à Téhéran.