>>Dix morts dans une nouvelle tuerie sur un campus américain
L'entrée du campus à Roseburg, dans l'Oregon, le 2 octobre au lendemain d'une fusillade qui a fait dix morts dont le tueur. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Il est trop tôt pour dire quel était le motif" du tueur, a déclaré le 2 octobre le shérif du comté local, John Hanlin. Chris Harper Mercer, 26 ans, est mort lors d'un échange de coups de feu avec les forces de l'ordre sur les lieux du crime, après avoir tué neuf personnes et blessé neuf autres. Selon CNN, il suivait des cours à l'université.
La police a découvert un véritable arsenal sur le campus de l'université d'Umpqua et chez le tueur : 13 armes, un gilet pare-balles posé près d'un fusil sur le campus ainsi que cinq chargeurs.
Toutes les armes, dont six retrouvées sur le campus et sept au domicile du tueur, avaient été achetées légalement, relançant une nouvelle fois le débat sur leur contrôle.
Dans la nuit du 2 au 3 octobre, la petite ville de Roseburg, où se trouve l'université d'Umpqua, tentait encore de comprendre. Une centaine d'habitants et des proches de certaines victimes s'étaient réunis pour une veillée à la bougie devant l'hypermarché Walmart, où travaillaient deux des victimes.
Verna Rivers, arrière grand-mère de Rebecca Carnes, l'une des étudiantes tuées, a raconté, ses yeux bleus pales noyés de larmes, que la jeune fille de 18 ans "était en première année d'université".
Le président Barack Obama s'est exprimé à nouveau sur ce drame vendredi 2 octobre pour dénoncer l'"inaction" des élus à réguler davantage l'accès aux armes à feu. "Je vais parler de cela de manière régulière (...) et politiser cela car notre inaction est une décision politique", a fustigé M. Obama lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche.
Il a aussi ironisé sur des propos controversés de son adversaire républicain Jeb Bush, qui a affirmé au sujet de la tuerie que "ces choses-là arrivent". "Les Américains devraient entendre cela et juger par eux-mêmes en tenant compte du fait que tous les deux mois, nous avons une tuerie. Et ils pourront décider s'ils pensent que +ces choses-là arrivent+", a estimé M. Obama.
La police refusait encore vendredi 2 octobre de donner le nom du tueur, affirmant vouloir ainsi éviter de le "glorifier" et d'inspirer d'autres massacres. Elle a cependant divulgué les noms des victimes et lu des déclarations de familles éplorées.
"En fonction de leur religion"
Le shérif John Hanlin n'a pas confirmé si, comme le rapportent plusieurs médias, le tueur avait demandé aux étudiants de dire s'ils étaient chrétiens avant d'abattre ceux qui répondaient oui, un à un, dans leur salle de classe.
Le Southern Poverty Law Center (SPLC), une organisation qui suit aux États-Unis les groupes incitant à la haine, a estimé que la tuerie "avait toutes les caractéristiques d'un crime classique motivé par la haine" et que le tireur avait "choisi ses victimes en fonction de leur religion".
Paniqués, les étudiants de cette université spécialisée dans la formation continue, qui restera fermée toute la semaine prochaine, se sont protégés comme ils pouvaient. Mais l'un d'eux, un ancien de l'armée de terre, Chris Mintz, a choisi de faire face. "Il tente de bloquer la porte pour empêcher le tireur d'entrer, se fait tirer dessus trois fois, tombe par terre, regarde le tireur et lui dit +c'est l'anniversaire de mon fils aujourd'hui+, et se fait tirer dessus deux fois de plus", a raconté sa tante à CBS. Il a survécu mais "va devoir réapprendre à marcher", a dit Wanta Mintz.
Mary Moore, aide-soignante de 57 ans, vit dans l'appartement juste au-dessus de celui de Chris Harper Mercer - le nom du tueur révélé par les médias - dont la police a interdit l'accès. Elle se disait "bouleversée, choquée".
"Il semble s'agir d'un jeune homme en colère, plein de haine", a confié un policier au New York Times.
Crâne rasé, bottes militaires, pantalon de treillis et T-shirt blanc : il s'habillait toujours de la même façon, ont assuré des voisins au journal, le décrivant comme étant un jeune homme anxieux et taciturne, qui vivait avec sa mère.
Le portrait du tueur restait pourtant flou le 2 octobre, sa demi-sœur, Carmen Nesnick, peignant une toute autre image sur CBS : "Il plaçait toujours les autres avant lui. Il voulait que tout le monde soit heureux", a-t-elle témoigné, assurant que son demi-frère, par alliance, n'était pas antireligieux et que sa famille était chrétienne.
Chris Harper Mercer serait né au Royaume-Uni avant de déménager, enfant, aux États-Unis, a-t-elle indiqué.