Quel avenir pour Falcon Heavy après l'excitation du premier vol ?

En réussissant à lancer sa voiture de sport rouge cerise juchée sur la plus puissante fusée du monde en direction de Mars, Elon Musk, le fondateur de SpaceX, a suscité l'enthousiasme du grand public, mais à quoi va désormais servir Falcon Heavy ?

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La fusée Falcon Heavy lors de son décollage à Cap Canaveral en Floride, le 6 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le marché le plus immédiat pour Falcon Heavy est le lancement de satellites trop lourds pour la concurrence. La fusée est capable d'emporter jusqu'à 64 tonnes en orbite terrestre, soit plus de deux fois plus que sa concurrente directe (la fusée Delta IV Heavy).

En mettant son roadster personnel en orbite lointaine, M. Musk n'a pas seulement fait un coup, il a aussi démontré à ses clients potentiels qu'il avait la capacité de déposer leur charge utile où ils le souhaitaient.

SpaceX a un autre atout de taille : à 90 millions de dollars le tir, grâce à la récupération et à la réutilisation prévue des lanceurs, l'entreprise est trois fois moins chère que sa plus proche concurrente.

Pour Isabelle Sourbès-Verger, chercheur au CNRS, spécialiste des politiques spatiales, "avec ses boosters réutilisables, plus il tire, plus il fait baisser ses coûts".

Falcon Heavy a déjà séduit deux clients : Arabsat, un consortium de communication par satellites de pays arabes, et l'armée de l'air américaine.

Pour autant, le marché a beaucoup changé depuis 2011, quand Elon Musk avait annoncé son projet de fusée Falcon Heavy. Depuis les petites fusées ont amélioré leurs performances d'emport et les satellites sont devenus plus petits.

Le roadster Tesla d'Elon Musk a été placé en orbite par la fusée Falcon Heavy de SpaceX, le 6 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour la chercheuse française, "la justification économique de ce lanceur est assez obscure", mais elle souligne que "Musk est un excellent vendeur".

À la naissance du projet, SpaceX pensait lancer autant de Falcon Heavy que de Falcon 9. Aujourd'hui, ce sera plutôt deux à trois fois moins de tirs du lanceur lourd que de la fusée plus petite.

L'entreprise pense qu'il y a de la place pour elle. "Une partie du marché commercial a besoin de Falcon Heavy", confiait Gwynne Shotwell, directrice générale de SpaceX, au Los Angeles Times l'été dernier. Le marché "est là, il va être stable mais il est beaucoup plus petit que ce que nous pensions".

Objectif Lune ?

Il y a un an presque jour pour jour, SpaceX a annoncé avoir conclu un contrat avec deux passagers payants pour les faire orbiter autour de la Lune et les faire revenir sains et saufs sur Terre. Un exploit qui n'a pas été réalisé depuis Apollo 17 en décembre 1972.

Les deux touristes de l'espace seraient installés à bord de Dragon2 - une version pour passagers de la capsule qui livre déjà du fret à la Station spatiale internationale pour le compte de la Nasa - et propulsés par une fusée Falcon Heavy.

Le tourisme spatial est un marché prometteur même si, en raison des coûts, il est réservé pour longtemps aux ultra-riches. Le voyage vers la Lune était prévu fin 2018 mais SpaceX est resté discret sur l'état d'avancement du projet.

Description du lancement de Falcon Heavy.
Photo : AFP/VNA/CVN

SpaceX n'est pas la seule à viser la Lune. En décembre 2017, Donald Trump a assigné à l'agence spatiale américaine la tâche d'installer une base sur la Lune pour une mission ultérieure vers Mars à l'horizon de la décennie 2030.

Le président a été avare de détails sur le financement et le calendrier d'une telle initiative, déjà promise par George W. Bush pour 2020, mais repoussée faute de financements.

Toutes les administrations ont poussé l'idée de partenariats avec le secteur privé pour surmonter les obstacles. SpaceX et sa Falcon Heavy auraient certainement une carte à jouer. Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon et de la société spatiale Blue Origin, est lui aussi sur les rangs.

À l'attaque de Mars

La colonisation de la planète rouge est le véritable objectif d'Elon Musk et Falcon Heavy n'est qu'une étape dans ce projet grandiose qui doit être accompli grâce au prochain lanceur dont le fantasque entrepreneur a présenté les grandes lignes à l'automne 2017.

Elon Musk, fondateur de SpaceX, présente le projet de fusée "BFR" à Adelaide, en Australie, le 29 septembre 2017.
Photo : AFP/VNA/CVN

Cette fusée, pour l'heure surnommée "Big fucking rocket", ou BFR (littéralement "putain de grosse fusée"), doit permettre à SpaceX de résoudre un des problèmes pour aller sur Mars : le financement.

La BFR sera la fusée à tout faire et devra à terme remplacer les lanceurs Falcon 9 et Falcon Heavy tout comme la capsule Dragon. La BFR est conçue pour mesurer 106 mètres de hauteur, avoir une poussée de 10,8 millions de livres, soit bien plus que la plus puissante fusée jamais construite, la Saturn V (7,9 millions), qui a envoyé des astronautes sur la Lune au tournant des années 1970.

Le premier essai pourrait se dérouler dès 2019, avec des tests orbitaux en 2020. Les premiers équipements pourraient atteindre Mars en 2022. Le vol réussi de mardi 6 février a rasséréné Elon Musk. Cela "me rassure sur le fait que BFR est réalisable, cela me donne une grande confiance dans le fait que nous pouvons arriver à faire fonctionner le design du BFR", a dit M. Musk mardi 6 février.

AFP/VNA/CVN

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