"Les écarts de revenu entre les paysans au niveau national et ceux du delta du Mékong sont de 44%. On n'observe pas encore de véritables changements en termes de qualité de la main-d'oeuvre agricole et les secteurs non agricoles restent encore embryonnaires en campagne", estiment bon nombre de scientifiques. Ces derniers ont participé au colloque "Impacts des changements des structures sociales sur l'agriculture et la campagne dans les provinces du Sud dans la période de Renouveau", co-organisé lundi dans la mégapole du Sud par le magazine Công san (Communisme), l'Institut de développement durable des régions du Nam Bô occidental et l'Institut des sciences et techniques agricoles du Sud.
Selon Ta Ngoc Tân, membre du Comité central du PCV, rédacteur en chef du magazine Công san, "avec les changements sociaux profonds intervenus ces 25 dernières années, beaucoup de problèmes se posent : différenciation entre villes et campagnes, plaines et montagnes". Il considère que "parmi les secteurs les plus touchés par les changements sociaux, le monde agricole figure en tête de liste". Selon lui, "il est inévitable que le passage à l'économie de marché ait des effets négatifs sur l'agriculture et les régions rurales".
Le nombre d'actifs agricoles diminue de 1-1,5% par an. À l'heure actuelle, le pays en recense encore 25 millions (soit 56% de la population active). S'il n'y pas encore lieu de s'alarmer, la récession économique pourrait, selon les experts, "entraîner une réduction considérable dans un futur pas si lointain". Le coût d'un travailleur agricole a doublé en l'espace de 2-3 ans, alors que dans le même temps, l'exode rurale en direction des villes et des zones industrielles se poursuit, voire s'accélère. Etre ouvrier est aujourd'hui plus enviable qu'être paysan. Le pays se trouvera-t-il confronté à un manque de main-d'oeuvre agricole dans les années ou décennies à venir ? Il y a là un vrai risque...
Outre la main-d'oeuvre, un autre point qui retient les experts lors de ce colloque est la nécessité de "garantir des débouchés pour les produits agricoles et de s'orienter vers une production à plus de valeur ajoutée", soulignent des conférenciers. En effet, la plupart des foyers paysans n'appliquent pas encore les techniques avancées, d'où une production instable et à faible valeur ajoutée.
En ce qui concerne la planification et l'utilisation du foncier, quelques participants demandent aux localités d'"accélérer l'industrialisation des terres agricoles les moins productives".
Autre problème, soulevé par le Docteur Trân Diêm Thuy, de l'Université nationale de Hô Chi Minh-Ville : la difficulté pour les paysans du delta du Mékong de scolariser normalement leurs enfants en raison de leurs revenus trop bas (en moyenne 12,7 mil- lions de dôngs/personne/an).
Selon Trân Dan Tâm, directeur adjoint du Centre des recherches sociales et humaines de l'Institut du développement durable du Nam Bô occidental, "plus de 90% des habitants du delta du Mékong ont accès à l'électricité". Cependant, ces 5 dernières années, "la moitié des foyers ont utilisé de l'eau prélevée à même les cours d'eau et les 3/4 de l'eau non traitée". Pour lui, "les gens de la campagne ont beaucoup moins conscience de l'importance de faire attention à la sécurité sanitaire que les citadins". Dans les familles rurales, seulement 19% des membres bénéficient d'une éducation de qualité et ce sont eux qui ont les revenus les meilleurs. Pour ceux à revenu moyens ou bas, si on les interroge sur leur avenir, 20,6% répondent qu'ils se consacreront uniquement à l'agriculture et n'abordent pas la possibilité de travailler dans des secteurs non agricoles.
Truong Giang/CVN