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Vue de la salle d'audience sur la base de Guantanamo, obtenue auprès de l'armée américaine le 8 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le colonel Matthew McCall a dit à la cour sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba, qu'il n'empêcherait pas les avocats de Khalid Sheikh Mohammed et de quatre autres hommes de plaider que les droits des accusés n'avaient pas été respectés parce qu'ils avaient été torturés par la CIA.
À quelques jours du 20e anniversaire des attentats du 11-Septembre perpétrés par Al-Qaïda, il a dit aux avocats, accusés et familles de victimes que "cette affaire était en cours depuis vraiment longtemps".
"Je ne ressens pas de pression pour aller au procès", a-t-il affirmé, alors que la défense s'inquiète d'une possible ingérence politique.
Mais "j'aimerais voir du mouvement", a-t-il ajouté.
Le deuxième jour des audiences après une interruption de 18 mois en raison de la pandémie de coronavirus a tourné autour des partis pris potentiels du juge lui-même.
Gary Sowards, l'un des avocats de Khalid Sheikh Mohammed, a interrogé Matthew McCall sur sa propre réaction au 11-Septembre, son expérience à passer en revue les dossiers de prisonniers en Irak et son opinion sur les questions entourant le procès des cinq hommes.
"C'est un procès politique", a dit M. Sowards, affirmant que l'État américain avait utilisé ses moyens pour masquer la torture des accusés sur les sites secrets de la CIA avant leur arrivée à Guantanamo.
"Les conséquences de la torture sont toujours là", a-t-il ajouté. "Leur atout majeur, c'est la sécurité nationale et les secrets d'État", a-t-il dit au sujet des procureurs militaires.
Khalid Sheikh Mohammed et ses coaccusés Ammar al-Baluchi, Walid bin Attash, Ramzi bin al-Shibh et Mustafa al-Hawsawi étaient tous dans la salle. Ils sont accusés de terrorisme et du meurtre de 2.976 personnes dans les attentats.
"Option valable"
La défense a interrogé le juge sur ses opinions sur l'Islam après qu'il a dit avoir lu des livres de l'historien du Moyen-Orient, Bernard Lewis, avant d'être déployé en Irak au début des années 2000.
Bernard Lewis, tenant d'un "choc des civilisations", avait encouragé l'administration de George W. Bush à envahir l'Irak.
"Je ne pense que vous puissiez voir l'Islam comme un seul gros bloc", a réagi le juge mercredi 8 septembre, en affirmant que toutes les religions avaient des adeptes extrémistes et modérés.
Le juge a expliqué qu'en tant qu'avocat militaire il avait passé en revue les dossiers de détenus en Irak dans les années 2000, avant qu'ils soient remis au système judiciaire irakien. La plupart n'étaient pas coupables de crimes sérieux et méritaient d'être relâchés, selon lui.
Mais il a dit ne pas être responsable concernant ceux d'entre eux qui ont été mis à mort par les Irakiens, et ceux restés en détention malgré l'absence de preuves à leur encontre.
Le juge militaire a dit que la peine de mort était "une option valable" dans l'affaire du 11-Septembre.
Matthew McCall entend consacrer le reste de l'audience de mercredi 8 septembre et celle de jeudi 9 septembre à des réunions privées, et compléter le passage en revue de ses qualifications vendredi 10 septembre.
Le tribunal militaire, qui siège dans la prison de la base navale américaine de Guantanamo, dans le Sud-Est de Cuba, a été placé sous haute sécurité. La salle est entourée de grillages avec barbelés.
Le protocole sanitaire est également strict mais la plupart des accusés ont été vaccinés contre le COVID-19, selon leurs avocats. Emprisonnés depuis 15 ans, ils n'avaient plus comparu depuis février 2019, avant que la pandémie ne mette la procédure à l'arrêt.